JUDE
Je n'ai jamais voulu de cette vie-là. Je n'ai jamais aimé le monde dans lequel je vis depuis que je suis tout petit. Je n'avais rien demandé en venant au monde. J'ai toujours souhaité avoir une vie normale, celle d'un adolescent comme tous les autres. En grandissant, j'ai rapidement compris que cette vie-là n'était pas pour moi et j'ai souvent pensé que je n'étais pas véritablement à ma place, que je ne pourrais jamais vivre réellement ma vie tant que je serai dans ce monde-là.
Malheureusement, je n'ai personne à qui en vouloir. Enfin, peut-être que si. Il y a bien deux personnes qui sont la cause et la raison de tout ça. Ce monde dont lequel je vis depuis ma naissance c'est celui de mes parents. Je ne les ai pas choisi et eux non plus. La vie a fait que je suis leur fils et que je doive vivre dans le monde dans lequel ils ont toujours évolué. Je n'ai pas eu le choix, je n'ai pas eu ce privilège.
Pourtant, des milliers de personnes pensent que j'ai de la chance de faire partie de cette famille. Ils ne le disent pas à haute voix mais je sais pertinemment que c'est ce qu'ils se disent quand ils me voient. Je suis un privilégié qui a une bonne étoile au dessus de la tête et une cuillère en or dans la bouche. Beaucoup d'entre eux m'envient et aimeraient être à ma place parce qu'ils croient que cette vie est bien plus facile que la leur, que l'argent et le statut de mes parents est un avantage qui rend mon quotidien plus vivable.
Pour moi, ces deux éléments n'ont jamais eu de valeur à mes yeux, aucune importance véritable. Je ne m'en plains pas. Je vis dans une belle maison, j'ai accès à tout ce que je veux et je n'ai pas à me soucier de l'argent. Néanmoins, ça ne fait pas tout. L'argent n'a jamais été source de bonheur à mes yeux. Si c'était le cas, je ne serai sûrement pas celui que je suis aujourd'hui.
Parfois, je me dis que je suis trop égoïste ou trop insatisfait, que je devrais m'estimer heureux d'avoir ma situation et de ne manquer de rien. Je m'en prends à moi-même de ne pas être capable d'apprécier mon statut. Il y a tant de gens qui rêveraient d'avoir le confort auquel j'ai droit. Je ne peux pas me permettre de m'en plaindre. Surtout pas maintenant que mes parents ont accédé au rang le plus élevé de leur condition, chose qui nous assure à ma famille et moi une sécurité non négligeable pour les années à suivre.
Mon père a toujours dit que la politique avait été une évidence pour lui. Son père avait travaillé toute sa vie dans ce domaine et il avait bâti sa carrière sur le principe que ce monde-là était le leur, celui auquel leur famille était destiné. Mon père et son frère se sont rapidement lancés dans l'aventure mais mon oncle a finalement rebrousser chemin pour devenir avocat. Mon père, lui, était fait pour la politique. Il a toujours été doué pour ça, il tenait sûrement ça de son père.
Pendant des années, je l'ai vu travaillé des heures et parfois des nuits entières sur ces nombreux projets. Il s'est toujours tué à la tâche pour atteindre ses objectifs. Sa ténacité lui a permis de gravir les échelons jusqu'à toucher du bout du doigt son but ultime. Devenir premier ministre d'Angleterre.
Ces derniers mois de notre vie ont été marqué par sa campagne. Plus les élections approchaient, plus il était débordé. On attendait de ma mère, ma sœur et moi que l'on se comporte de façon exemplaire. Il ne fallait pas faire un pas de travers. Il était hors de question de mettre sa campagne en péril. On nous a demandé de bien nous tenir, de sourire à tout va et de ne surtout pas faire d'écart.
Ça n'a pas été très difficile pour ma mère et ma sœur. Elles ont toujours eu une facilité déconcertante à faire bonne figure, à donner bonne impression. Pour ma mère, je suppose que c'est parce qu'elle a grandi dans ce même monde depuis sa naissance. De manière éloignée, elle fait partie de la royauté même si elle n'a aucune chance d'approcher le trône. Les manières à adopter en haute société n'ont aucun secret pour elle. Je crois que ma sœur Emilia tient tout ça d'elle. Elles sont dans leur élément. Ce monde est définitivement le leur. Elles n'ont pas besoin de se forcer dans ce genre de situation, c'est naturel chez elles.
VOUS LISEZ
The Pretty Boy
RomanceJude Lillard s'apprête à intégrer le prestigieux internat de Windorf, l'établissement le plus réputé d'Angleterre. Il a tout fait pour échapper au monde de la haute société mondaine mais maintenant que son père est Premier Ministre, il n'a plus le c...