The Pretty Boy

CHAPITRE 18

RIVER

     -Go, go, go ! On s'active. Comme à l'armée, en mode commando ! Bougez-vous et restez discrets. 

     Oscar est un véritable petit chef. En tous cas, c'est ce qu'il semble croire dur comme fer. Il se conduit tel un commandant des forces spéciales alors que nous ne sommes qu'un petit groupe de quinze personnes faisant le mur pour aller faire la fête en ville. Aucun de nous ne s'est fait prendre en sortant du manoir. En plus, il fait trop sombre dehors pour que quiconque nous repère. S'il agit comme un chef e troupe, c'est que pour faire sa comédie, rien d'autre. 

     -Tu t'y crois trop, Harrington, s'esclaffe Ariel en tirant Hartley derrière elle. 

-Ferme-la. 

     Cette soirée est plus risquée que les autres puisque nous allons sortir du domaine mais il n'y a pas de quoi en faire tout un plat. Cette opération commando est inutile et stupide même si elle peut se révéler très drôle vu de l'extérieur. 

     Nous allons simplement nous faufiler dans le hangar à véhicules pour récupérer des vélos et nous enfuir quelques heures pour aller boire des bières dans un bar à quelques kilomètres de là. Les filles m'ont dit qu'ils y allaient de temps en temps pour fêter de grandes occasions et qu'il n'y avait aucun risque. Je leur fais confiance comme à chaque fois. 

     Les vacances sont enfin arrivées. La plupart d'entre nous vont rentrer chez eux pour les deux prochaines semaines dès demain. Nous avons bien le droit de fêter la fin des cours. On ne se verra pas pendant un moment. C'est le moment idéal pour boire un verre et passer un moment entre nous à l'écart de Windorf. 

     -Combien de kilomètres, vous avez dit ? 

-Environ sept, me répond Emilia. On ne voit pas très bien la route dans la nuit mais en faisant attention, on peut y être en vingt minutes. 

-Ne t'inquiète pas, m'assure Olivia. On connaît la route par coeur. Les chemins en forêt sont difficiles à emprunter la nuit mais c'est ce qui rend l'expédition encore plus excitante. 

     Mes camarades de Windorf n'en ont pas fini de me surprendre. Il y a eu les fêtes clandestines dans le sous-sol de la piscine, les soirées jeux de société et karaoké et nous voilà à présent en train de faire le mur pour une balade à vélo et une bière dans le seul bar digne de ce nom à des kilomètres à la ronde. 

     On m'a dit de ne pas m'attendre à un endroit guindé ou même respectable alors je ne me fais pas d'illusions. On ne sert probablement aucun cocktail dans ce bar et les clients n'ont sûrement rien à voir avec les élèves de Windorf. Je suppose que le petit village dans lequel nous nous rendons n'a rien d'une grande ville comme Londres ou Birmingham. Je ferai avec comme tout le monde. 

     Alors que nous approchons du hangar, marchant à la file indienne comme des agents infiltrés, je jette un coup d'œil derrière moi. 

     -Quoi ? me lance Jude en croisant mon regard. 

-Tu sais faire du vélo au moins, Lillard ? 

-Bien sûr que oui. C'est quoi cette question ?

-Ben, je ne sais pas. Tu as plus une tête à faire du cheval. Tu sais, le délire des bourges comme le polo ou la course au trot. 

-Va te faire voir, s'esclaffe-t-il en baissant les yeux sur ses chaussures déjà marquées par des traces de boue. 

-Je voulais seulement être sûr. 

-Je sais très bien faire du vélo. J'en fais peut-être mieux que toi, qui sait ? 

-Je demande à voir.