The Pretty Boy

CHAPITRE 5

JUDE

Toc. Toc. Toc.

Allongé sur mon petit lit d'une place, je me redresse en portant directement mon regard vers la porte. C'est la première fois depuis que je suis arrivé à Windorf que je reçois de la visite. Personne n'était jamais venu frapper à ma porte jusqu'à maintenant. Il faut dire que je ne me suis fais aucun ami depuis que je suis ici.

Sans trop attendre, je me lève et vais ouvrir la porte à mon visiteur.

-Je savais que je te trouverai là, déclare ma sœur sur le pas de la porte.

-Où voudrais-tu que je sois ?

Je m'écarte pour la laisser rentrer et referme la porte derrière elle.

-Ben, tu pourrais très bien être dans le grand salon avec tous les autres.

-Pas envie, réponds-je simplement.

-Je vois. Tu sais, ce n'est pas comme ça que tu vas t'intégrer. Tout le monde passe la soirée dans le salon à regarder la télé, jouer à des jeux ou juste discuter. C'est l'occasion de se faire des amis et de passer du bon temps après une longue journée. C'est un des avantages de vivre en internat. Tu pourrais sortir d'ici et faire comme tout le monde.

-Sans façon. Je préfère rester dans ma chambre. Je me sens très bien là.

Alors qu'Emilia s'installe à mon bureau, je retourne m'affaler lourdement sur mon lit défait.

-Il y a plein de gens intéressants dehors, rétorque-t-elle.

-Je n'en doute pas.

-Tu ne devrais pas te cacher ici en jouant au loup solitaire. En plus, tu vas finir par t'ennuyer.

-Ne t'inquiète pas pour moi. J'ai de quoi m'occuper.

Ma sœur a cette fâcheuse habitude de se mêler de ma vie et de ce que j'en fais. Elle ne peut pas s'en empêcher. C'est comme une deuxième nature chez elle. Il faut qu'elle me conseille, qu'elle me chaperonne. Elle prend souvent son rôle de grande sœur trop à coeur.

Néanmoins, je n'essayerai pas de la changer. Ce serait mission impossible. Emilia sera toujours Emilia.

-Il y a des tas de choses amusantes à faire au grand salon. Il faut en profiter. Après le dîner, on a tous quartier libre. Ce n'est pas le meilleur moment pour se terrer dans sa chambre comme un paria.

-J'ai supporté ces gens toute la journée. J'ai bien le droit de faire une pause.

-Ils ne sont pas si désagréable que ça. La plupart sont très gentils.

-Ils sont très gentils parce qu'ils y trouvent un intérêt. On sait tous que les relations et le carnet d'adresse sont importants pour ces gens-là. Donc, la plupart sont très gentils mais la plupart ne sont que des menteurs et des comédiens. Il essaient de se faire bien voir parce qu'ils savent que Papa a un poste important maintenant.

-Il y a des profiteurs, je te l'accorde, mais ils ne sont pas tous comme ça. Si tu sortais le nez de ton terrier, tu pourrais t'en rendre compte.

J'esquisse un sourire faux pour la taquiner et elle me le rend aussitôt. On ne se gêne pas pour se narguer l'un et l'autre. Nous sommes bien frère et sœur, il n'y a pas de doute.

-Laisse-moi le temps de m'adapter à tout ça, réplique-je dans l'espoir de l'adoucir.

-J'ai peur que si je t'en accorde trop, tu finisses par rester cacher ici pour l'année entière.