CHAPITRE 9

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JUDE

Windorf possède un charme indéniable, ça, je ne peux pas le nier. Quand le soleil commence à se coucher sur la plaine et que le décor devient orangé, on pourrait se croire dans un monde directement inventé à partir d'un livre. Je n'avais pas particulièrement envie de venir vivre ici mais j'avoue que l'environnement me plaît assez. J'aime le calme que l'on peut trouver autour du lac, le silence naturelle qui règne sur les lieux et la quiétude que provoque les hectares de forêt qui englobe toute la propriété.

Depuis quelques jours, j'ai pris l'habitude de venir m'asseoir sur les marches du manoir pour observer le coucher du soleil. Les journées peuvent être longues ici et parfois bien ennuyeuses. Je savoure ce moment comme une puissante bouffée d'air frais. J'ai encore du mal à trouver mes marques ici, à me faire à l'idée que ma présence à Windorf n'est pas seulement temporaire. Ces quelques instants de solitude en dehors de l'effervescence de l'internat me sont encore vitaux.

Les écouteurs dans les oreilles, je profite d'un moment de solitude pour regarder le soleil descendre lentement à l'horizon. Il fait frais ce soir ce qui explique sûrement pourquoi tous mes camarades sont sagement restés dans le manoir. Le parc est désert. Il n'y a pas âme qui vive dehors. Je suis sûr d'être tranquille tant que je reste assis là sur les marches.

Je me remémore les événements de ces derniers jours tandis que la musique me coupe presque du monde. Des journées de cours interminables, des stratégies élaborées pour éviter Oscar et sa petite bande, des regards échangés avec des filles gloussant sur mon passage et des courbettes à moitié déguisées de la part de la moitié de mes professeurs. J'ai l'impression d'être un extraterrestre ici. Tout le monde semble vouloir m'approcher parce que mon père est quelqu'un d'important mais très peu osent le faire vraiment.

Bienvenue dans le monde des grands.

Je déteste que l'on me mette sur un piédestal. Tout ça à cause de mon nom de famille et de ce qu'il représente dans ce pays. Je préférerai encore être invisible. Je ne sais même pas à qui je peux faire confiance, qui je peux considérer comme un ami sans qu'il n'y ait une histoire d'intérêt derrière. Je me méfie de tout le monde. Je sais pas comment ma sœur peut supporter de vivre dans ce doute permanent d'être utilisée par tout ceux qui l'approchent.

Cette réputation qui me précède me donne envie de vomir alors je décide qu'il est temps de penser à autre chose. Je concentre toute mon attention sur la musique et sur le spectacle qui s'offre à moi. Je n'ai aucune envie de ressasser toute cette situation. Je suis justement venu ici pour échapper à cette condition qui me déplaît toujours autant.

Les minutes passent, le soleil disparaît petit à petit et mon esprit se disperse aussi loin que possible de Windorf. J'essaie tant bien que mal de faire le vide dans ma tête, de faire disparaître tout ce qui parasite mes pensées. Je donne presque trop de mal pour y parvenir. Je suis vraiment beaucoup trop stressé pour un élève aussi privilégié.

Soudain, une main se pose sur mon épaule. Je sursaute alors comme une gamine de douze ans en faisant volte-face.

-Oh, c'est toi !

Une marche plus haut, River me surplombe en arborant un sourire au coin des lèvres.

-Tu attendais quelqu'un d'autre peut-être ? ricane-t-il.

-Non. Je n'attendais personne, en fait.

-Je te dérange ?

-Pas du tout. J'étais seulement venu prendre l'air.

-J'avais remarqué.

Interpellé par ses mots, je fronce les sourcils en entortillant le fil des écouteurs entre mes doigts.

The Pretty BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant