CHAPITRE 22

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RIVER

Je n'ai jamais été frappé par la foudre et pourtant, quand mon regard rencontre celui de Jude après ce long silence radio de deux semaines, c'est comme si un éclair me transperçait du haut de ma tête jusqu'au bout de mes doigts de pied. L'électricité se répand à une vitesse folle dans mon corps tout entier pour finalement se concentrer sur un seul et même organe : mon coeur. Ce pauvre instrument fait de muscles qui me permet de respirer se contracte violemment dès que les yeux d'un certain blond se pose sur moi. Il convulse, s'emballe et fait des bonds dans ma poitrine comme s'il préparait un numéro de cirque.

En revenant à Windorf, je savais que nos retrouvailles me bousculeraient mais j'avais espéré que mon propre corps ne me trahirait pas. Je m'étais fait violence tout au long du trajet me conduisant ici pour garder un semblant de sang froid. Mais il a suffit d'un regard, un seul. Me voilà tout tremblant et désarçonné, incapable et désespéré de trouver quoi faire face à lui.

Quand je suis arrivé, j'ai été soulagé d'apprendre qu'il n'était pas encore arrivé. J'ai discuté quelques minutes avec les filles avant de courir me réfugier dans ma chambre. J'avais trop peur qu'il débarque, j'avais trop peur de voir du dégoût ou de la méfiance dans ses yeux. J'ai donc repoussé le moment fatidique encore et encore au point de trouver une excuse idiote pour gagner quelques minutes de paix avant l'épreuve ultime.

Seulement, ce que je discerne dans ses yeux à présent n'a rien à voir avec ce que je m'étais imaginé. Son regard est profond, inquisiteur et il me laisse penser qu'il redoutait ce moment tout autant que moi. Je me sens terriblement coupable pour ce que je nous ai fait.

Mais une lueur d'excitation semble se fondre dans le noir de ses yeux.

Avait-il hâte de me revoir ?

Je n'ai pas le temps d'analyser plus en détails ce foutu regard qui me fait trembler car Oscar se plante devant moi, accompagné d'un seul de ses toutous.

-Pretty boy ! clame-t-il joyeusement en venant me prendre par les épaules. Te voilà enfin. On t'attendait justement !

Aussitôt, je me mets sur la défensive.

-Ah bon, pourquoi ?

-Ben, avec Faulkner, on se demandait en quoi tu allais te déguiser ce soir. Il pensait que tu viendrais avec un costume de fermier ou de clochard. Moi, je misais plutôt sur Quasimodo.

-Vous trouvez ça drôle ?

-Détends-toi, voyons. On plaisante, c'est tout.

-Sous prétexte que je suis boursier, je devrais me déguiser en pauvre, c'est ça ?

-Oh, on est ronchon à ce que je vois. C'est la rentrée qui te met en boule ?

Je n'ai aucune envie de jouer à ce petit jeu avec Oscar. Je ne suis pas d'humeur à être son punching-ball. J'ai d'autres choses plus importantes à faire ou même à penser. Qu'il se moque de moi, je m'en fiche après tout. Ses petites blagues ne me font pas rire et elles ne m'atteignent pas. En tous cas, j'essaie de m'en convaincre. Je veux juste la paix.

-En tous cas, on ne s'attendait pas à ça, ricane Faulkner. Un prince, hein ?

-Lâche-le, renchérit Oscar. C'est Halloween. C'est le seul jour de l'année où on peut prétendre être ce qu'on est pas dans la vraie vie. Il a bien le droit de rêver un peu. Pas vrai, Pretty boy ?

Malgré leurs moqueries, je refuse de regretter mon choix. Rachel a réussi à me convaincre que c'était le costume parfait et je ne veux pas changer d'avis sur la question. J'ai déjà beaucoup hésité à porter cette couronne. Je ne ferai pas marche arrière. J'ai le droit d'être qui je veux moi aussi. Oscar et sa cour n'ont pas à donner leur avis sur le sujet.

The Pretty BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant