The Pretty Boy

CHAPITRE 25

JUDE

-Je peux te poser une question ?

Allongé à côté de moi dans l'herbe, River ouvre seulement un œil et me darde d'un regard curieux.

-Vas-y, dit-il.

-Comment...comment est-ce que tu as su ?

-Que je préférai les garçons?

Je hoche la tête d'un air timide, presque honteux d'entrer autant dans son intimité. Je ne veux pas être trop intrusif mais River m'a dit qu'il m'aiderait à comprendre et j'ai besoin de savoir ce genre de choses. Il y a tellement de questions que j'aimerai lui poser. Je n'ai qu'à trouver le courage d'oser. Je sais qu'il répondra volontiers à tout ce que je lui demanderai.

-Ben, c'est bête mais j'ai commencé à me poser des questions le jour où j'ai développé une obsession pour Leonardo Di Caprio dans Titanic, ricane-t-il.

-Sérieusement ?

-J'étais fou de ses yeux bleus et de ses petites mèches blondes.

-Tellement cliché, m'esclaffe-je en le poussant alors à sourire aussi.

-Je sais. Je suppose que c'est ce qui a mis la puce à l'oreille de ma mère. Avoir un crush pour Di Caprio ça ne fait pas très hétéro.

Cette première entrée en matière soulage mes pauvres nerfs à vif. River est tellement bienveillant que tout devient plus facile avec lui. Je relativise et je commence à me détendre, à ne plus me soucier du fait que je me montre peut-être trop intrusif.

-Tu avais quel âge ?

-Douze ans, je crois.

-Et qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ?

-Je me suis progressivement rendu compte qu'aucune fille ne m'intéressait vraiment. Je voyais tous les autres garçons de mon âge devenir complètement dingue dès que l'une d'elles passait dans la cour de l'école et moi, ça ne me faisait ni chaud ni froid. J'ai compris que je n'étais pas comme les autres garçons. Je ne portais aucune attention aux filles.

-Tu aurais pu te dire que ce n'était qu'une passe et que ça viendrait plus tard. Il n'y a pas d'âge précis pour s'intéresser à l'amour ou aux flirts. On est tous différents.

Je n'essaie pas de démonter point par point son récit ni de le décrédibiliser. Je veux juste comprendre ce qu'il a ressenti. Je n'ai pas eu le même parcours que lui et j'espère que le sien pourrait m'aider à ouvrir les yeux sur ce que je ressens réellement.

-C'est ce que j'ai cru pendant un moment. Sauf qu'un jour, un garçon m'a plu. Je le trouvais tellement beau que je retenais mon souffle à chaque fois que je le croisais dans les couloirs. J'ai mis du temps à comprendre que j'étais attiré par lui. Quand c'est arrivé, je crois que j'ai compris. Ce n'était pas anodin si aucune fille ne m'avait jamais intéressé. Ce n'était pas mon truc, c'est tout. Après ça, j'ai commencé à remarquer d'autres garçons et ils me plaisaient comme aucune autre fille ne m'avait plu avant.

-Tu l'as accepté tout de suite ?

-Plus ou moins. J'avais peur de le dire autour de moi, de l'annoncer à mes parents mais j'étais en accord avec moi-même. J'étais toujours moi et je n'avais pas l'intention de changer.

Pensif, je hoche la tête en me remémorant les mots de River. J'essaie d'absorber et d'analyser son vécu pour tenter d'appréhender ce qu'il a pu ressentir à cette époque-là. Malheureusement, la comparaison avec ma propre expérience ne donne rien de pertinent.