CHAPITRE 20

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RIVER

-Je suis tellement contente que tu sois revenu.

Allongé en travers de mon lit, Rachel m'observe avec de grands yeux remplis d'étoiles.

-Moi aussi, je suis contente d'être là.

-Je sais que c'est une chance inouïe pour toi d'être à Windorf mais tu me manques terriblement quand tu n'es pas là.

-Je te trouve presque trop nostalgique et sentimentale depuis que je suis de retour. Tu ne m'as pas habitué à ça.

Ma phrase est à peine terminée qu'elle m'envoie un oreiller en pleine tête.

-Ferme-la, crétin. Je n'ai plus le droit de dire quelques mots d'amour à mon meilleur ami ? Les petits bourges t'ont rendu de glace ?

-N'importe quoi. Ils n'ont rien fait de moi. Je suis toujours le même.

-C'est ce que je voulais entendre.

Même si elle ne m'en a jamais parlé, je sais que Rachel était inquiète à l'idée que ma vie à l'internat des riches me fasse devenir quelqu'un d'autre. Elle craignait que je me transforme en une toute autre personne au point qu'elle ne me reconnaisse plus. Notre relation n'aurait plus jamais été la même si c'était arrivé.

-Tu m'as manqué aussi, Microbe.

-Dis-moi que tu penses à moi à chaque minute de chaque seconde, minaude-t-elle telle une comédienne de théâtre. Dis-moi que tu t'es languis de moi pendant des semaines en ne pensant qu'au moment où on allait se retrouver.

-Tu lis en moi. Je n'ai même pas besoin de te dire tout ça.

Le rire de Rachel est toujours aussi communicatif. Nous rions ensemble comme la plupart du temps quand on se retrouve ici dans ma chambre. Même lorsque la discussion est sérieuse, nous trouvons toujours le moyen de détendre l'atmosphère avec quelques éclats de rire.

-Bon, déclare-t-elle finalement. Trêve de plaisanteries. Il est grand temps qu'on passe aux choses sérieuses, River Stone.

-Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Ben, ça fait plusieurs jours déjà que tu es rentré et on a pas encore abordé le sujet.

Adossé contre le rebord de mon lit, je lève les yeux vers elle et fronce les sourcils.

-Quel sujet ?

-Oh, Riv'. Ne te moques pas de moi. Tu vois très bien où je veux en venir.

-Pas du tout.

Menteur.

Je sais pertinemment lequel sujet est en cause ici mais je n'ai aucune envie de l'aborder. En toute honnête, je suis terrifié à l'idée de le faire car je ne pourrais pas mentir à ma meilleure amie. Je peux toujours essayer mais je n'ai aucune chance de la berner. Elle me connaît trop bien pour ça.

-Tu es ici depuis presque une semaine, on a parlé de tes nouveaux amis, des cours et de vos petites fêtes clandestines. On a fait le tour de toute ta vie à Windorf et tu ne m'as toujours pas parlé de lui.

-...

-Jude Lillard ! Le fils du Premier ministre !

-Merci, Rachel, ricane-je en tentant de lui cacher ma nervosité. Je sais qui il est.

-Tu m'as raconté tout un tas d'histoires, tu m'as fait le portrait de toutes ces filles avec qui tu traînes et tu n'as pas dit un mot sur lui. Alors parle ! Je veux tout savoir de lui.

The Pretty BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant