Prologue

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     "La nuit n'est jamais complète. Il y a toujours puisque je le dis, puisque je l'affirme, au bout du chagrin, une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée." - Paul Éluard

     Je mis bien longtemps à croire en ces mots. Mon monde à moi s'était plongé dans les abysses infinies du désespoir lors de cette terrible nuit où tout fût pris à moi de la manière la plus cruelle qui puisse exister. Cette nuit où, impuissant, je restais tenu sur les genoux au milieu des feuilles mortes de la forêt brunies par la lueur des flammes qui semblaient provenir des entrailles du monde, s'échappant de l'Enfer qui les avaient vu naître et emportant avec elles tout ce qui m'était le plus précieux. Un instant même, je cru voir se dessiner dans le brasier dansant les silhouettes de démons se réjouissant d'un tel carnage, faisant la ronde en se tenant la main gaiement tandis qu'ils me narguaient de leurs sourires carnassiers qui me firent frémir d'effroi. Chacun d'entre eux était là pour se moquer des âmes qui avaient péries dans l'incendie dont j'ignorais l'origine, imitant dans les crépitements leurs cris d'agonie qu'ils avaient écouté déchirer le ciel de longues minutes durant avant de les emporter au loin pour ne plus jamais les entendre. Sans doute étais-ce le funèbre châtiment que l'on réservait à ceux de notre genre, les êtres nés sous une forme différente que celle des humains et que ceux-ci avaient placé sous le signe de l'Enfer. Ceux qui à la lueur de la lune révélaient leur véritable nature et dont la soif de sang, si elle n'était pas contrôlée, pouvait les pousser à infliger les pires barbaries à toute chose se trouvant sur sa route pour le simple plaisir de faire couler du sang. Ceux qui, lorsqu'ils se trouvaient blessés, savaient guérir de manière miraculeuse et sans laisser la moindre trace sur leur corps. Ceux qui parfois, si le hasard les avait doté cette rare faculté, arrivaient même à prendre la forme de véritables loups. Ou autrement dit, ceux qu'on appelait les Lycanthropes. Je me demandais bien d'ailleurs pourquoi le destin m'avait épargné, puisque j'étais moi-même un être de la nuit tout comme ceux qui avaient péri. Les circonstances avaient fait que je n'étais pas ici lors de ce drame, me condamnant à rester alors que tous les autres étaient partis, m'abandonnant dans la plus profonde des solitudes. Mon cœur saignait, si endommagé qu'il me prit la folle pensée de vouloir me trouver parmi les victimes de cette fournaise pour ne pas avoir à porter le lourd fardeau d'être le dernier encore debout. Mes mains s'enfoncèrent dans la terre, griffant des sillons avec mes serres que je ne contrôlais plus, mes hurlements peinés passant tout juste au dessus du fracas des flammes qui engloutissaient toujours la maison dans laquelle j'avais grandi. Je ne retins pas mes larmes ce soir là. Mais je me fis la promesse qu'elles seraient les dernières à m'accabler. Au lever du jour, l'enfant que j'avais toujours été ne serait plus. Au lever du jour, je serais l'homme, le gardien, celui qui protège, celui qui veille dans l'ombre, et ce jusqu'au jour où il saurait pourquoi la vie lui avait tout prit. Et le nom de cet homme, c'était Derek Hale.

L'Émissaire du Roi ( Sterek Fanfiction - FR ) [R18]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant