- Deux ans plus tard -
Ce jour là, le bois s'était teinté d'une pâleur printanière très douce. Les dernières neiges avaient fondu pour laisser la place aux premiers bourgeons de l'année, les têtes perçant les sols dans l'espoir de fleurir rapidement. La brise légère caressait les herbes à peine verdoyantes encore, faisant danser les feuilles qui recommençaient à cacher les branches nues des arbres. Il n'y avait pas un son dans la forêt hormis celui du vent chantant dans les cimes et animant ce paysage qui ressemblait à s'y méprendre à un tableau de maître. Ce que l'endroit était calme, dépeignant presque un décor que l'on ne trouverait que dans les rêves, et pourtant c'était bien à cet endroit que s'était déroulé mon pire cauchemar deux années auparavant. C'était aussi le lieu où j'étais retourné vivre à mi-temps une fois celui-ci déclaré comme "abandonné", au plus grand secret du monde. J'avais passé un temps fou à rendre cette maison un temps soit peu vivable pour une personne car c'était là où j'avais décidé de rester la plupart de mon temps, rentrant tout de même parfois chez moi dans le loft que je détenais en ville. Je n'avais jamais été capable d'entièrement quitter mes démons depuis le brasier car je voulais pouvoir me me rappeler chaque jour ce pour quoi j'étais encore vivant.
Assis sur le rebord de la fenêtre du bureau donnant sur ce beau paysage, dos contre le cadre, je balançai distraitement ma jambe dans le vide tout en parcourant un énième livre dans lequel j'espérais recueillir de nouvelles informations à propos du monde surnaturel. De la fiction. Des histoires. Je peinais à discerner le réel du fantasmé, n'ayant personne pour me dire ce en quoi je devais croire ou non dans tout ce que je lisais. Ma mère, elle, aurait su. Mais une chose était sûre, cette lecture-ci n'était que pure invention et la finir ne m'apporterait absolument rien. Il s'agissait d'une histoire romancée à propos d'une jeune femme ayant été transformée en panthère après avoir dévoré plusieurs enfants de son village. La dite jeune femme avait été punie par le Sorcier de leur communauté et chassée à travers divers endroits comme le bois près du village, la Muraille de Chine, l'Himalaya, tout ça pour revenir dévorer des enfants à l'endroit d'origine avant que les chasseurs à ses trousses ne la rattrape. Et lorsque ceux-ci revinrent au village, la panthère repartit en fuite et le cycle continua sans s'arrêter jusqu'à la fin des temps. Dieu ce qu'il était difficile de trouver quoi que ce soit d'utile dans tout ces ouvrages qui étaient bien loin des réalités de ce monde auquel ils ne comprenaient rien. Je laissai donc retomber l'ouvrage sur le sol, face contre terre et en cornant probablement les pages, me levant de mon petit coin de lumière pour quitter la pièce dans un élan de frustration.
Le parquet craquait sous le joug de mes pieds nus se précipitant au travers de la maison jusqu'à la cuisine où je m'arrêtai pour prendre un instant et me désaltérer à l'évier, me servant de mes mains serrées ensemble comme bol pour accueillir l'eau. Et après quelques gorgées, je rendis la pièce à son silence en coupant le robinet. Mon souffle était court, motivé par la frustration qui habitait désormais dans ma poitrine. Deux ans étaient passés. Deux. Et je devais me rendre à l'évidence, je n'avançais pas. J'avais beau avoir arpenté toutes les bibliothèques du Compté de Beacon ainsi qu'un certain nombre à travers toute la Californie, aucun ouvrage qui entrait en ma possession ne me renseignait assez sur le monde auquel je devais faire face seul aujourd'hui. Les regrets de ne jamais m'être intéressé aux activités de ma mère se faisait ressentir plus que jamais.
C'était une femme nommée Talia, et avant qu'elle ne meure dans cet incendie elle était la Gardienne de ces lieux. Celle qui veillait sur notre ville de Beacon Hills et qui la protégeait secrètement des assauts de nombreuses créatures auxquelles personne ne croirait si on leur en révélait l'existence. Longtemps, d'aussi loin que je pouvais me souvenir, elle avait risqué sa vie pour empêcher le monde surnaturel d'entrer en collision avec le monde du réel, faisans régulièrement mention d'un "équilibre" à ne pas briser entre les deux. Non, d'ailleurs ce n'étaient pas ses mots à elle. Il s'agissait des paroles d'un homme qui l'accompagnait dans sa quête partout où elle allait et qui répondait au nom de Deaton. Allan Deaton. Cette personne avait beau ne pas faire partie de ma famille, je ne me rappelais pas d'une période de ma vie où il n'était pas auprès de nous. Lorsqu'ils étaient présents à la maison, lui faisait le ménage, la vaisselle, s'occupait du nettoyage de la maison, de faire la lessive ou de s'assurer que l'on manquait de rien. Et dès que ma mère sortait, il partait avec elle sans poser de questions. Il n'avait jamais clairement expliqué pourquoi il était là, mais nous ne posions pas vraiment de questions à cette époque avec mes sœurs bien que la plus grande des deux, Laura, semblait en savoir plus que nous autres ses cadets à son propos. Pour nous, il était comme un homme à tout faire avec des privilèges et beaucoup de savoir dont ma mère pouvait profiter. Il avait un toit, de la nourriture, une famille pour l'accueillir, et en échange il s'occupait de la maison et de ses habitants tout en aidant ma mère dans ses tâches de Gardienne. En tant qu'adulte maintenant, je me rendais compte à quel point leur dynamique avait pu être étrange. Je m'étais même demandé si ces deux là n'avaient pas même en réalité été amants. Peut-être aurions-nous du nous montrer plus curieux lorsque nous en avions eu l'occasion, car aujourd'hui j'aurais tout donné pour avoir les connaissances que ces deux personnes possédaient. Seulement, plus personne n'avait revu Deaton depuis le jour de l'incendie. J'avais longtemps cherché à recontacter cette personne suite à la mort de ma mère pour essayer de le convaincre de me partager son savoir et tout ce qu'il aurait pu me dire que j'ignorais, mais le mystérieux homme s'était tout simplement volatilisé sans laisser de traces. Ce qu'il y avait eu de plus étrange encore, ce fût que les créatures qu'ils semblaient se démener à combattre ensemble avaient disparues en même temps qu'eux, abandonnant derrière eux une forêt calme et ne nécessitant plus la moindre protection. Mais malgré tout, je restais là, seul, à attendre désespérément la moindre manifestation surnaturelle en me nourrissant de chaque livre passant à ma portée pour les accueillir à leur retour et ainsi redonner un but à ma vie.
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L'Émissaire du Roi ( Sterek Fanfiction - FR ) [R18]
Hayran KurguDerek Hale ne pensait pas qu'un jour sa vie partirait littéralement en fumée, consumée dans les flammes de l'enfer qui avaient emportées avec elles sa maison et sa famille. Les forces occultes s'étaient réveillées sur la ville de Beacon Hills et s'e...