L'Émissaire du Roi ( Sterek Fanfiction - FR ) [R18]

La clé du savoir

     La bouilloire en cuivre me tira hors de mes songes lorsqu'elle se mit à siffler dans un nuage de vapeur, m'indiquant que le thé était prêt. L'odeur se voulait déjà sublime alors même que le breuvage n'était pas encore servi dans les tasses. Il s'agissait des feuilles séchées que l'on trouvait à l'arrière de la maison dans une petite zone bien spécifique du bois et qui une fois réduites en poudre donnaient cette saveur très particulière qui avait fait toute mon enfance. Ma mère avait l'habitude d'en préparer lorsque nous étions contrariés avec mes sœurs, nous racontant même parfois qu'il s'agissait d'une potion magique contre les malheurs. Je me sentais toujours nostalgique en préparant cette boisson bien qu'aujourd'hui je ne croyais plus du tout en ses pouvoirs. Je tirai donc une théière en porcelaine d'une étagère pour l'en remplir, ajoutant avec elle deux tasses sur un petit plateau. Une fois tout prêt, j'en saisis les anses, l'emmenant avec moi au travers de la maison brûlée dans laquelle nous nous étions arrêtés après la bataille avec mon Émissaire. La porte de la bibliothèque était entre-ouverte, laissant passer la clarté du crépuscule dans le couloir assombris. Il n'y avait pas un bruit à l'intérieur pourrait-on croire, mais j'entendais y battre un cœur lent et régulier qui raisonnait harmonieusement dans mes oreilles. J'entrai donc en poussant la porte de l'épaule, l'apercevant auprès de la fenêtre, dos à moi. Stiles. Il était appuyé contre le petit bureau près des étagères de la bibliothèque, son regard évasif porté vers le bois que l'on pouvait admirer au travers du carreau. Je ne savais pas s'il ne m'avait pas entendu ou choisi de m'ignorer, mais il ne bougea pas d'un cil lorsque ma présence s'ajouta dans la pièce. Je déposai le plateau près de lui sur le meuble en bois, prenant assise de l'autre côté de celui-ci pour l'imiter dans sa position. Le silence resta de mise quelques secondes avant que, très étonnamment, l'Émissaire n'engage la parole de lui-même.

     - Je me sens terriblement stupide.

     Je haussai un sourcil, particulièrement intrigué par ce début de conversation. Stiles n'était déjà pas du genre à engager, attendant que je choisisse moi-même de venir discuter avec lui, mais surtout il ne parlait jamais de ce qu'il ressentait. Est-ce que c'était ce à quoi il réfléchissait depuis que nous nous étions arrêtés ici? Ce à quoi il avait pensé pendant que je préparais le thé? Je me sentais surpris de l'entendre ainsi prononcer ses aveux, mais je me sentais aussi soulagé de savoir qu'il pouvait quand même au moins en partie se confier à moi sur ce qui le tourmentait. Ma rancœur sur le sujet se calma légèrement, me disant simplement qu'il aurait juste besoin de temps pour s'ouvrir plus à moi. Il ne le ferait qu'une fois qu'il se sentirait prêt. Je me raclai la gorge, intentant de répondre.

     - Pourquoi tu dis ça? Il n'y a pas de raison.
     - J'ai paniqué comme un idiot tout à l'heure.
     - C'est normal, tu n'as pas l'habitude de te battre. Tu as eu peur ça n'a rien de surprenant. Ça aurait été le cas de beaucoup de monde je t'assure.

     Les yeux de Stiles se posèrent sur moi, l'air confus puis de désaccord. Il était visiblement en litige avec ma réflexion. Il hocha la tête dans une négation catégorique, soupirant avec exaspération en resserrant l'emprise de ses doigts sur le rebord du bureau, fixant désormais le sol.

     - Je ne suis pas "beaucoup de monde". Je suis ton Émissaire. Et je ne me suis pas montré à la hauteur de mon rôle aujourd'hui, ni même depuis que j'ai commencé à te servir.
     - Tu as été brillant. Je te rappelle que tu nous a concocté un plan à la dernière minute et qu'il a presque failli fonctionner. Les choses ne se sont juste pas passées comme on l'avait prévu. C'était la première fois qu'on agissait volontairement en duo, on trouvera nos marques à l'avenir.
     - J'aurais pu faire échouer notre mission !
     - Mais nous n'avons pas échoué. On a atteint notre but, chasser ces alphas de Beacon Hills. C'est tout ce que je voulais, peu importe comment on a réussi à faire ça. Alors arrêtes de te tourmenter pour une chose aussi futile que celle d'avoir ressenti des émotions normales.