Première floraison

222 20 13
                                    


     Stiles était déjà alité depuis trois jours et sa température commençait seulement à baisser. Il passait son temps à dormir et était encore dans l'impossibilité de manger quoi que ce soit. Sa toux était devenue monstrueuse, on aurait dit qu'il allait expulser ses poumons au dehors de lui à tout instant. J'étais allé sur ordre du médecin chercher plusieurs antibiotiques que j'avais dû réduire en poudre pour lui donner dans de l'eau à la petite cuillère tant il peinait à avaler. Et pourtant, je venais régulièrement prendre sa douleur pour rendre la manœuvre moins difficile. 
     Ce matin, je vins dans sa chambre avec un nouveau déjeuner à lui proposer, espérant que cette fois-ci il serait en mesure de l'ingurgiter. Je m'assis sur le rebord de son lit en déposant l'assiette sur la table de chevet, venant doucement secouer son épaule pour le tirer hors du sommeil. Il soupira profondément, s'étouffant dans une quinte de toux avant de lever son regard par dessus son épaule pour me fixer de ses petits yeux.

     - Stiles. On va essayer de te faire manger quelque chose aujourd'hui.

     Il hocha la tête, se tournant entièrement vers moi pour me faire face. Je posai ma main sur son front, caressant la racine de ses cheveux tout en constatant sa température un peu moins haute. Je l'aidai à s'asseoir, glissant un coussin derrière son dos, puis pris l'assiette dans laquelle j'avais haché un peu de viande et mis de la purée. Il ne pourrait probablement rien avaler de solide. Il me regarda triturer la nourriture pour en faire une fourchette complète, soupirant.

     - Je peux manger tout seul..
     - Tu veux rire. Tu arrives à peine à tenir assis.
     - Je peux manger tout seul je te dis..
     - Allez ouvres grand.

     Je lui présentai la fourchette comme on l'aurait fait à un enfant, soutenant son regard grincheux avant qu'il ne se décide à ouvrir. Ses lèvres glissèrent doucement autour du couvert, prenant en bouche la nourriture que je lui avais donné. Il ne s'agissait de rien de spécial, et pourtant ce spectacle me faisait ressentir des choses très intenses. Il arriva à peine à manger quelques bouchées, mais au moins il avait pu avaler quelque chose aujourd'hui, il y avait du mieux. Je déposai le plat sur le côté, aidant ensuite le jeune homme à se rallonger.

     - Tu veux dormir encore?
     - J'en ai marre de dormir.. Je voudrais me rendre utile..
     - Il n'y a rien à se rendre utile pour le moment. Tu n'as pas eu de vision, à ce que je sache.
     - D'ailleurs.. Quand j'irai mieux, il faudra qu'on parle de ça..

     Et ainsi il se laissa se rendormir, me laissant avec l'étrange impression qu'il avait comprit quelque chose dont je ne me doutais pas. Je le laissai se reposer, repartant au salon pour m'occuper de mes affaires.

__________

     Quelques semaines étaient déjà passées et Stiles n'était à aucun moment revenu vers moi depuis la fin de sa convalescence à propos de cette fameuse discussion qu'il voulait que l'on tienne. Peut-être avait-elle fait partie d'un délire dû à la fièvre, ou sans doute l'avait-il oublié. Néanmoins, je le voyais très préoccupé par l'absence de ses visions qui ne l'avaient plus prit depuis quatre bons mois déjà. Est-ce que ça avait un rapport avec ma nouvelle activité? Sans doute. Même très probablement. Les dates coïncidaient entre elles. Mes priorités avaient changé de bord. Je voulais toujours protéger Beacon Hills de ses maux, mais en ayant trouvé un bien plus dangereux et important à détruire, je m'étais totalement détourné de ce que je voulais faire au départ. Tant que j'en avais même oublié qu'à l'origine je poursuivais le travail de ma mère. Ma mère. Talia Hale. J'avais beaucoup repassé les mots de ce Christopher Argent dans ma tête depuis notre rencontre. Il avait dit que nous étions spéciaux, nous, les Hales. Et qu'il fallait nous tuer dans les règles. Qu'avions-nous de différent des autres Rois? Quelle était la signification de tout ça? J'avais tant voulu poser la question à Stiles depuis lors, car peut-être que lui savait. Mais je n'arrivais juste pas à aborder ce sujet avec lui.
     Le jeune homme s'installa justement en face de moi sur le bar, frappant du plat de la main contre le comptoir pour attirer mon attention. Je levai les yeux vers lui, me rendant compte que j'avais tellement rêvassé longtemps que mon café devant moi était devenu froid. Je le saisis et le posai de côté, acceptant que je ne pourrais de toutes façons plus le boire.

L'Émissaire du Roi ( Sterek Fanfiction - FR ) [R18]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant