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 Cela faisait maintenant plusieurs heures que les narniens cherchaient Lizzie et Eustache, introuvables. 


« Ils ont pas pu disparaître putain on est sur une île quoi. » s'énervait Caspian avant de se remettre à crier le nom de son amie disparut dans les failles des souterrains. 

Mais cela faisait déjà une bonne demi-heure que tous avaient arrêtés les recherches. Tous, à part le roi Telmarin. 

« Caspian. » souffla Lucy, tentant de résonner le combattant.

 Sa voix était lourde, et son visage marqué d'une grimace. 

Ils devaient se rendre à l'évidence.

 Eustache et Lizzie ne reviendrait pas. 

Eustache et Lizzie étaient probablement morts et ils ne sauraient jamais pourquoi. 



Non loin de là, Edmund était assis sur un rocher, la tête basse.

 Le roi ébène n'avait pas prononcé un mot depuis la dispute.

 Il était le premier à avoir instauré le silence glacial qui recouvraient désormais tous les narniens. Il avait recouvert d'un voile sombre les yeux vifs des soldats de l'escouade, et les avaient suivis, jusque dans le bateau.




« Donc en clair c'est du chantage. »s'enquit l'ombre. 

Un peu plus loin sur la plage de sable fin, la jeune fille se tenait désormais devant une petite table, toujours en compagnie du lion.

 Une cape de velours noir, une arme à double tranchant et un colliers en argent étaient posé sur le support de bois pas plus grand que les genoux de la mercenaire.

« Je te donne une seconde chance. » corrigea Aslan.

 L'animal regardait la jeune fille espérant percevoir dans ses yeux azurs une lueur de coopération, sans succès. 

L'ombre ne lui accordait même pas ne serait-ce qu'un regard, elle se concentrait sur l'arme scannant intensément ses lames. 

« Mourir ou devenir votre soldat, ce n'est pas une seconde chance, c'est un chantage.

-Tu n'es pas obligé d'accepter. » répondit le lion.

 « Mais soit lucide, dans l'autre monde, tu n'avais même pas douze ans que tu t'infiltrais déjà dans des réceptions pour voler ou obtenir des informations. Tu as tué ton premier homme à quatorze ans à peine. Et ce, uniquement pour nourrir les quelques personnes qu'il te restaient encore.

-Tu crois que je le sais pas ? Hein ? Sérieusement ? » interrompis rageusement la jeune fille.


 La mâchoire contractée, elle fulminait, hésitant à prendre l'arme qui lui faisait face pour trancher la langue d'Aslan. 

De quel droit ?


« Non je crois que tu ne comprends pas. Tu étais une enfant, jamais tu n'aurais dû avoir à faire ça. Jamais tu n'aurais dû trouver ça normal. Tuer des hommes pour un peu d'argent. Être mercenaire à quatorze ans à peine. » continua le lion, sans pourtant hausser le ton.


 Il avait cette note de pitié dans la voix qui insupportait la combattante, elle voulait faire ce pourquoi on l'avait utilisé toute sa vie, elle voulait le tuer.

 Sans que le lion ait le temps de s'en rendre compte, la jeune fille saisit l'arme placé sur la petite table en bois, glissa sur le côté et la fit tourner d'un geste étonnamment agile entre ses doigts. 

« Tais toi. » ordonna-t-elle au lion. 

Mais il ne la regardait même pas. 

Son regard plongé à l'horizon, il regardait la mer respirer et les vagues soulever en rythme son sein. 

Pourquoi la craindrait-il ? 

« Je t'en prie. Écoute moi. » souffla-t-il sans réagir lorsque l'ombre pointa une des deux lames en sa direction.

 « Pourquoi faire ? Hein ? Tu dis vouloir me donner une seconde chance, mais tu veux faire de moi un soldat, un putain de tueur, comme les autres. » rugit la combattante. 

Sans comprendre pourquoi, des picotements parcoururent ses narines, et ses yeux se remplirent. 

Elle pleurait. 



Un silence s'installa alors entre les deux, et seuls les bruits des vagues caressant le sable gorgé d'eau parvenait à leurs oreilles. 

Les muscles de l'ombre se détendirent, et elle parcourut les alentours d'un regard confus, elle s'autorisait enfin à regarder sa beauté, elle s'autorisait enfin à regarder Narnia.



 Et sans comprendre pourquoi, elle se sentit chez elle. 



Plus que dans son petit appartements dont les murs étaient recouverts de moisissure, plus que dans cette cabine téléphonique dites « en panne » dans laquelle elle allait chercher ses armes pour les missions, plus que dans n'importe quelle cérémonie, que dans n'importe quel autre ville de « l'autre monde ». 

Ses mains lâchèrent d'un geste lent l'arme qui s'écrasa dans le sable. Et se laissa choir au sol. Les larmes débordant de ses yeux, noyant ses joues. 



Elle s'autorisait à pleurer comme une enfant.



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Petite précision sur le passé de l'ombre. Hope you like it. 

Nelligan 

Goutte à goutte IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant