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 Cela faisait maintenant des heures que Eustache tirait le bateau. 


En se réveillant Lucy avait trouvée l'étoile bleu, scintillante au petit matin entre les nuages, rayonnant d'une lueur atrocement addictive, à un tel point que la regarder en devenait irrésistiblement douloureux. 



La jeune Pevensie avait passé la matinée le regard plongé dans la mer, à l'avant du pont, quelques larmes avaient coulés mais elle s'était assurée que personne ne les voient, il fallait qu'elle reste forte. 


Edmund, lui, avait une toute autre manière de réagir à la présumée mort de Lizzie, ou du moins, à sa disparition.


 Il remplissait sa tête de pensées utiles, et ses muscles de travaux physiques, tout son corps le lançait et le suppliait de prendre une pause.

 Mais il ne pouvait pas s'y résoudre.


 Sinon il y penserait, à elle, et à la manière dont il l'avait poussé à bout.


 Alors il avait ramé, plus fort que tout les autres, s'était battus avec Caspian pour un entraînement, avait pris la barre, calculer les distances et leurs coordonnées. 


Le roi Telmarin avait essayé de le ralentir mais avait rapidement compris que c'était peine perdue, donc il l'avait laissé faire, trop épuisé par les dizaines d'entraînement que le roi ébène lui avait imposé. 


«Le vent est tombé. » constata le capitaine tourné vers l'horizon.


 « On arrivera quand même à rejoindre l'île de Ramandu ? » demanda Edmund en saisissant une tasse de fer emplie d'eau.


 Il était à bout de souffle mais ses yeux ébène montrait une détermination sans faille. 

Comme Lucy, il était dirigeant, il ne pouvait pas se laisser emporter par ses émotions en face des narniens.

 « J'ai... j'ai comme l'impression que quelque chose cherche à nous en empêcher. » finit par répondre le capitaine, troublé. 


La fatigue avait gagné l'équipage plus que jamais, mais pire encore, la faim. 

Prêt à manger n'importe quoi, les ventres narniens grognaient d'épuisement et d'envie.


 À un tel point que Eustache gardait ces distances.

 Le dragon voyait bien comme l'équipage le regardait, il était conscient qu'il devait paraître comme une solution idéale pour mettre fin à la famine.


 « Si on ne touche pas terre avant ce soir, ils vont vraiment finir par le manger. » souffla Caspian à Edmund alors qu'un soldat s'était arrêté pour regarder la bête le narguer de sa viande tendre.


 Mais il savait pertinemment que s'ils mettaient fin à la vie de ce dragon, il n'atteindrait jamais l'île rapidement, trop à bout de force. 


Alors ils se contenaient, heureux de ne plus avoir à ramer. 

La tâche s'annonçait compliqué. 

Goutte à goutte IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant