Chapitre 1: Louis Thomas

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Je plissais les yeux en lisant un article sur la neuropsychologie, tentant de comprendre les enjeux que comprenaient les nouvelles avancées d'une découverte intéressante. Le menton soutenu dans ma paume, l'index tapotant sur mon menton, j'ai cherché d'autres informations sur le même sujet avant de me frotter les yeux. Ça faisait plusieurs heures que je me renseignais sur le sujet et j'ai décidé d'alterner les lattés et les colombiens avec un grand verre de lait et des biscuits.

Comme j'avais l'habitude de venir dans ce café, le barista m'a servi avant quelques clients qui venaient d'entrer. Je venais ici presque tous les jours lorsque j'avais entamé mes études en psychologie - avant que le groupe voit sa popularité augmenter - et ça m'avait donné un certain statut d'habitué. À un tel point qu'on m'appelait par mon prénom avant que le groupe commence.

De retour devait mon ordinateur, j'ai laissé la psychologie de côté pour naviguer çà et là et jouer en ligne. Je devais m'occuper l'esprit pour m'éviter de constamment de jeter un œil à mon téléphone. En regardant l'écran noir, j'ai fini par le mettre dans ma poche. Le texto ou l'appel entrerait quand il entrerait. Soupirant d'ennui, j'ai levé les yeux sur les clients qui entraient. La journée était plutôt tranquille, ce qui expliquait toutes les tables libre et je me suis attardé sur une jeune femme qui semblait bien embêtée par les choix proposés.

Un sourcil haussé, je l'ai observé sans gêne, convaincu que mon ordi me cachait de toute façon et j'ai faiblement souri lorsqu'elle a croisé mon regard. Elle avait l'air de toutes ces étudiantes du coin qui carburaient à la caféine afin de continuer un cours ou un travail. Une sorte de tuque molle sur la tête, des lunettes de soleil trop grandes pour son visage, un t-shirt moulant sous une veste de laine qui cachait ses courbes, un jean avec des trous savamment faits à des endroits stratégiques sur les cuisses - sous lesquels se trouvaient étrangement des patchs - et des Doc Martens rouge, attaché de façon lousse. Le prototype même de l'étudiante. Tandis que le barista exécutait sa demande, j'ai reposé les yeux sur mon ordi en tentant de deviner la matière qu'elle étudiait. Un truc du genre l'art ou la littérature... ou le cinéma.

J'ai fini par l'oublier lorsque mon texto est entré et j'ai grogné tout bas en voyant la réponse. J'avais encore un moment à attendre. En réfléchissant à ce que je n'avais pas encore fait pour m'occuper et que je pouvais faire, j'ai subtilement jeté un coup d'œil à l'étudiante qui venait de prendre place à la table à côté de moi. J'ai fait circuler mon regard sur toutes les tables libres qui ne l'obligeait pas à s'asseoir pile à mon côté et j'ai roulé des pupilles. Sans me préoccuper d'elle davantage, j'ai pris mon livre - Les piliers de la terre de Ken Follet - et j'ai tenté de rester concentré sur le massacre que subissait la foire aux toisons du prieuré de Kingsbridge, mais c'était plutôt dur. Comme ma voisine s'est mise à fredonner, j'ai fini par soupirer assez bruyamment dans l'espoir qu'elle comprenne le message ; mais elle n'a même pas jeté un coup d'œil dans ma direction.

Tout en m'ignorant, bien que je sois en train de la fixer comme un obsédé, elle est allée chercher les quatre cafés qu'elle avait commandés. J'ai grimacé. Trois de ses amis allaient la rejoindre. J'ai fermé mon livre et au moment où j'allais tout remballer pour quitter, elle s'est tournée vers moi.

- Oh ! tiens ! Je le même en ce moment, t'es rendu où ? a-t-elle demandé en souriant aimablement.

Je lui aurais bien répondu que j'en étais au moment où j'allais me chercher une vie ailleurs, mais quelque chose m'a retenu d'être sarcastique. Je lui ai rendu un sourire que j'ai souhaité être passablement gentil et je lui ai confié où en était la progression de ma lecture. Elle m'a aussitôt bombardé de questions. Comment je trouvais l'histoire, si je détestais autant qu'elle un tel personnage, si j'arrivais bien à me représenter la cathédrale qui était le point focal du livre, etc. Plus nous discutions du roman et plus j'en venais à la conclusion qu'elle était étudiante en littérature.

L'envers du décorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant