L'envers du décor

Chapitre 3: Liam Valmont

En suivant la longue route déserte bordée d'arbres qui menait au chalet, je sentais l'excitation me prendre au ventre. Bientôt, tout serait permis et j'allais surement pouvoir penser à ma gueule et mon plaisir.

Je ne pouvais m'empêcher de sourire à mesure que ne me rapprochais. Le soleil déclinait lentement, ce qui me permettrait d'arriver une heure ou deux avant le déclenchement officiel des activités.

En jetant un coup d'œil dans le rétroviseur de la voiture – mon père m'avait laissé sa Porsche 911 GT 2 pour l'été, ayant de toute façon pris sa nouvelle Bugatti en affection — j'ai remarqué les phares d'une voiture qui allait me talonner si je n'appuyais pas sur l'accélérateur. J'ai attendu de voir qui était le petit crétin téméraire qui se risquait à jouer contre ma Porsche et j'ai reconnu Ez qui me faisait des signaux de lumières avec ses phares de nuit. Je me suis contenté de sourire en baissant ma fenêtre et j'ai sorti ma main pour lui faire un doigt d'honneur. Il m'a klaxonné avant d'arriver à ma hauteur.

— Trou de cul, comment ça se fait que t'as la Porsche?, a-t-il crié malgré le bruit des moteurs.

— Bugatti, ai-je simplement répondu avant de remonter ma fenêtre.

Je l'ai salué de la main avant d'enclencher une vitesse pour faire rugir le moteur et largement dépasser la BMW i8 qu'Ezhékiel conduisait. Je n'avais pas besoin de jeter un œil au rétro pour savoir que mon ami s'emportait et m'injuriait. Il perdait de toute façon avec sa voiture sport électrique.

En remontant l'allée de terre plus lentement, je sentais les papillons qui virevoltaient dans mon estomac. Je reconnaissais le pont de bois d'où certains sautaient pour se jeter à l'eau, dans la rivière calme dessous, puis tout de suite après, les abris prévus pour stationner les voitures. Certains étaient déjà présents depuis le matin, mais j'avais tout de même le loisir d'avoir une place dans l'un des abris fermés. Mon oncle, James, avait fait bâtir ces petits garages pour ranger les voitures coûteuses. Je n'aurais pas été étonné qu'il l'ait fait pour le père d'Ezhékiel, Alex, et sa Ferrari.

J'ai garé ma voiture avant d'aller fermer la porte de garage et le verrouiller de ma carte magnétique. Comme les Malcolm, fils du propriétaire, étaient mes cousins, j'avais le privilège de quelques passe-droits, dont le stationnement proche et réservé d'avance.

Ezhékiel est arrivé cinq minutes plus tard pour prendre sa place dans le garage à côté du mien.

— Bugatti hein?, a-t-il demandé en verrouillant l'entrepôt.

Je me suis contenté de hausser les épaules comme s'il s'agissait d'une évidence et nous sommes entrés dans le chalet. L'endroit portait plus ou moins bien son nom. Il s'agissait en fait d'une énorme maison de riche, où on retrouvait deux salles à manger, une cuisine tout équipée avec toute qu'on avait de besoin en double ou triple, une salle de projection comme au cinéma, l'accès à la piscine intérieure, un grand salon de repos et les escaliers pour le sous-sol et le premier étage.

Au sous-sol, il y avait quelques chambres pour les privilégiés, ou ceux qui payaient le prix fort. C'était le cas d'Ezhékiel qui réservait un an d'avance afin d'avoir la chambre collée à la piscine. Sheike avait droit au sous-sol, mais c'était surtout parce qu'il fournissait gratuitement les triplés Malcolm en drogue. C'était ça son passe-droit...

Il y avait deux autres chambres qu'il était possible de louer et milieu de ces pièces, un salon de repos. Étrangement, une petite section du sous-sol avait été aménagée pour être ce qui ressemblait vaguement à un spa, mais c'était vite devenu une énorme salle de bain avec un tourbillon où plusieurs choses se passaient. J'avais déjà eu le privilège d'avoir une chambre au sous-sol, mais lorsque les gens se mettaient à gueuler, rire et faire n'importe quoi pour cause d'alcool entre autres, mieux valait avoir une cabane intime. D'ailleurs, je ne comprenais pas pourquoi Ez tenait tant à sa chambre qui donnait sur la piscine. Les gens allaient toujours cogner à la vitre, convaincus d'être entendu et ils tentaient tous de jeter un œil à l'intimité du blondinet.