Chapitre 1: Zayn Maui

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Je traitais l'autre joueur en ligne de tous les noms que je pouvais jusqu'à ce que sa voix féminine me surprenne. Bouche bée, je venais de comprendre que je m'étais fait battre par une fille. En commençant une autre mission, j'ai cherché à savoir qui elle était. En général, je battais les gens sur le type de mission que je venais de choisir, mais visiblement, j'étais bien trop sûr de mon coup.

— Hey Fox36 ! Je te vois, je vais te —

J'ai à peine eu le temps de viser son personnage qu'elle m'explosait avec grenade. Blessé dans mon orgueil, j'ai joué la mission qu'elle a commencée en ne bougeant pas immédiatement de mon coin.

— Arrête de faire ta poule mouillée Wildnuts, bouge si tu veux que je gagne !, s'est-elle exclamée en riant.

— C'est pas cool ça !, me suis-je écrié en changeant de place aussi rapidement que possible pour la rejoindre.

— Peut-être, mais t'es à chier... Penses-y, tu te fais battre deux fois de suite par une fille...

— Tu dois pas avoir grand cercle social dans ce cas... Je parie que ta copine t'engueule depuis la cuisine...

C'était stupide d'insulter les gens et qui plus est, une fille, aussi gratuitement, mais les jeux en ligne avaient tous cette règle officieuse, comme une sorte de langage commun pour tous utilisateurs de cette plateforme.

— Wildnuts... Ça fait référence à celles que t'as perdues récemment ? a-t-elle répliqué aussitôt.

J'ai tiré son personnage en arrivant dans son dos et je l'ai entendu jurer en me traitant de tous les noms qui lui passaient par la tête. Ça m'a fait rire et j'ai démarré un autre type de mission où je ne risquais pas de la trouver.

Mon frère Edern est venu s'écraser avec moi au salon avec un paquet de chips qu'il m'a tendu. À mesure qu'il me conseillait pour telle arme ou telle tactique à adopter, je lui disais de me foutre la paix de plus en plus agressivement.

 — Mais t'es pourri à ça ! Donne-moi la manette je vais te montrer !

— Je m'en fous ! Dégage, je suis venu jouer ici pour avoir la paix. Étouffe-toi avec tes chips !

— Tu vas te faire tuer... Encore.

— Ta gueule Edern.

— Les gars ! Si vous êtes pour vous obstiner comme ça à cause d'un jeu débile, vous arrêtez de jouer ou je le lance dans l'océan, a prévenu ma mère.

Bien que son ton soit plutôt las qu'irrité, Edern et moi avons préféré nous taire. Nous avions perdu nos GameBoy après ce genre de menace. En général, si ma mère disait quelque chose du genre, elle le faisait. C'est donc en me frappant le bras ou en claquant des doigts en direction de la télé que mon frère me faisait passer son message. Lorsque je me suis tanné pour de bon, je lui ai donné un coup de poing assez fort pour qu'il se venge en me sautant dessus. J'ai eu le temps de mettre le jeu sur pause pour tenter de le repousser et j'ai roulé du canapé pour l'éviter.

— Les gars... Faites ça dehors... Vous m'avez déjà cassé une table, c'est bien assez, a repris notre mère sans se lever les yeux de son livre de recettes.

Je me suis esclaffé à ce souvenir. C'était entre autres la raison pour laquelle notre table de salon était maintenant en bois et non plus en vitre. Comme mon frère, qui a un an de plus que moi, fuyait vers la cour, je lui ai assené un coup de pied sur le derrière pour le faire avancer.

En arrivant à sa hauteur pour prendre le paquet de chips qu'il me tendait, j'ai inspiré un bon coup. L'air salin et chaud d'Hawaï, mon île natale, m'avait manqué plus que je ne croyais.

L'envers du décorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant