Chapitre 2: Zayn Maui

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Je remontais à la surface pour aspirer l'air à pleins poumons et j'ai souri en voyant Edern sortir à son tour. En toussant faiblement, j'ai observé les alentours en suivant les vagues pour repérer la tête de notre plus vieux frère Cade. Au bout de quelques minutes durant lesquelles j'ai interrogé Edern du regard, Cade est enfin apparu plus loin en nous cherchant. D'un signe de la main, je lui ai fait signe pour lui montrer notre position.

Cade était notre aîné de quelques années. Âgé de 25 ans, il avait été l'heureuse surprise précoce de mes parents. Edern a suivi trois ans plus tard et moi j'ai vu le jour en dernier. Edern et moi avons rejoint Cade qui reprenait son souffle en faisant du surplace sur le dos et j'ai regardé sa montre.

— Il nous reste encore deux heures avant le match, on y retourne?, ai-je proposé.

Sans un mot, l'aîné a hoché la tête, l'index dressé pour me faire signe d'attendre.

Patient, j'ai savouré la brise rafraichissante avant de me laisser flotter sur le dos à mon tour. Cade s'entrainait en vue du prochain championnat de surf qui aurait lieu sur l'île. Déjà bien classé au titre de champion depuis deux ans, il tenait mordicus à défendre et garder son titre. Aujourd'hui, Edern et moi l'aidions à travailler ses capacités de prolonger son apnée. Il pouvait retenir son souffle plusieurs minutes d'affilée — ce qui était primordial lorsqu'on restait sous l'eau après une chute, complètement désorientée et près de la panique —, mais il voulait toujours aller plus loin et faire mieux.

Cade était celui qui tenait le plus de notre père. Haut de six pieds et sept pouces — deux mètres et quatre centimètres — il avait la même musculature de monstre de mon père qui était pareillement coupé au couteau et entièrement constitué d'effort et de détermination en plus d'avoir les cheveux aussi longs que ceux de ma mère — ceux de Cade lui arrivaient aux épaules.

Des trois, j'étais celui qui avait le moins la tête de l'emploi. J'étais plus petit que Cade, — quoique tout le monde était plus petit que lui, même mon père — et malgré ma silhouette découpée, j'étais loin de la masse corporelle impressionnante de mes frères. J'avais à ce point l'air différent qu'Edern avait réussi à me faire croire que j'étais adopté lorsqu'on était petits.

Enfin prêts à retourner sous l'eau, nous avons suivi Cade qui retournait à l'endroit exact où il avait lâché sa pierre. Le but de cet exercice était de rester au fond de l'eau, une lourde pierre dans les bras afin de rester sous la surface et de se déplacer sur une certaine distance. Ça permettait de travailler non seulement l'apnée, mais aussi la concentration. Tenant chacun une épaule de notre aîné, Edern et moi suivions sa lente progression en lui permettant de ne penser qu'à avancer. C'était notre travail de vérifier ce qui se tramait autour et au-dessus de nos têtes. Responsable du compteur, j'effectuais une légère pression des doigts à chaque minute qui s'écroulait pour indiquer à Cade le temps qui passait. Ses retours en surface s'amélioraient : il s'écoulait près de 4,30 minutes entre chacun.

Au bout d'environ une heure, nous avons dû rentrer parce qu'Edern avait mal à la tête à force de constamment retenir son souffle. C'était l'une des règles : si aucun de nous n'avait son équipement de plongée, les trois devaient arrêter. J'ai réalisé, en retournant sur la plage, que des étoiles dansaient devant mes yeux. J'avais aussi besoin d'arrêter.

Étourdis, je me suis laissé tomber assis sur le sable en appuyant mon front à mes bras croisés sur mes genoux.

— Tu vas t'en sortir?, a demandé Edern en prenant place près de moi.

J'ai grommelé une approbation sans cesser de fixer le sable.

— Bande de petites natures, c'est mon entrainement et vous êtes les chochottes malades..., s'est moqué Cade.

L'envers du décorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant