Chapitre 3: Nicolas Charles de Massy

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Quelques deux semaines après le match de football américain que nous avions regardé chez Liam à New York, j'en avais profité pour rester un moment chez mes parents qui avaient une maison dans la même ville. Comme ma mère prenait beaucoup de plaisir à refaire la cuisine en magasinant un tas d'articles - je n'étais pas devenu une fine gueule pour rien avec tout ce qu'elle achetait pour tout ce qu'elle pouvait cuisiner - mon père lui laissait carte blanche pour les travaux.

Écrasé devant la télé avec mon iPad pour jouer à un jeu quelconque, je tentais de faire la différence entre deux bleus complètement différents pour ma mère, mais identiques aux miens.

- Fais un effort Nico! Bleu cobalt ou bleu indigo?

J'ai tendu la main pour prendre les deux échantillons de céramique et je les ai observés.

- T'es certaine que le commis t'a pas vendu deux fois le même carré de céramique?

En entrant dans la pièce, ma sœur, Marie-Catherine que tout le monde appelait « M4 » m'a pris la céramique des mains.

- Bleu cobalt. Ça se trouve plus facilement et ça s'agence à beaucoup plus de choses, a-t-elle aussitôt déclaré.

Ma mère nous a remerciés et j'ai jeté un regard incrédule à ma sœur.

- Y a une teinte plus mauve dans l'indigo, s'est-elle contentée de répondre en haussant les épaules.

- Si tu le dis...

Elle a changé de poste à sa guise jusqu'à trouver celui de MTV où des jeunes filles de seize ou dix-sept ans devenaient mères et où elles étaient suivies par une équipe télé. J'ai soupiré bruyamment en roulant des pupilles pour montrer à quel point je désapprouvais son pauvre choix d'émission, mais ça ne l'a pas fait réagir. Puisque la batterie de ma tablette était faible et que la prise du chargeur était bien trop loin, je me suis contenté de regarder la télé. Bien à son aise, M4 s'est couché la tête sur mes genoux et j'ai repris une vieille habitude que j'avais développée depuis l'enfance en lui jouant dans les cheveux.

- Quelle bande de connes! Putain, mais elles croyaient quoi en coinçant leur mec avec un gosse?! Merde et celle-là, elle est conne comme un balai!, s'est-exclamé ma grande sœur en soupirant.

- Américaines..., me suis-je contenté de répondre en la faisant pouffer de rire.

- Encore heureuse qu'Abi soit moitié Britannique, moitié Irlandaise...

- Drôle de mélange... Remarque, c'est pas en vous frottant la moule que vous allez procréer..., ais-je lâché avant d'éclater de rire.

- Putain, mais t'es con j'te jure!

Elle a toutefois ri avec moi en m'écrasant un coussin sur la tête.

- Comment elle va Abi au fait?

- Bien, elle me manque..., a-t-elle répondu avec une moue boudeuse.

Notre père est alors entré pour nous donner de très jolies enveloppes rouges cachetées d'un collant qui rappelait les sceaux de cire. Le « M » dessus ne laissait aucun doute sur la provenance de l'expéditeur.

- C'est pour le chalet?, a demandé mon père.

J'ai hoché la tête en ouvrant l'enveloppe pour trouver l'invitation sur du papier épais de couleur crème. Il s'agissait des invitations officielles pour aller au chalet.

- Oh que ça me manque ça des fois!

J'ai regardé ma sœur qui avait le même regard dégoûté que moi. Sachant tout ce qui se tramait à cet endroit, mieux valait ne pas imaginer ce que nos parents avaient pu y faire. J'ai partagé le frisson d'horreur de M4 et j'ai lu ce que nous devions apporter. Cette année, M4 et moi - parce que la liste des choses à acheter fonctionnait par famille - avions le devoir d'acheter les desserts pour l'équivalent de plus de cinquante personnes. J'ai trouvé le choix assez judicieux compte tenu de mon talent pour ce genre de choix.

L'envers du décorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant