À chaque seconde, il reprenait son souffle. Reprenait une bouffée de la fumée mentholée de sa cigarette, se jetant sur son lit, revoyant sa vie pendue au plafond.
Plus rien ne lui donnait envie de lâcher ses paquets, même s'il devait s'endetter. De toute façon, fumer tue, vivre aussi, donc tant qu'à faire, autant se ruiner.
Loin de lui l'idée du suicide, mais proche de lui l'idée de se familiariser avec la mort peu à peu.
Jungkook se repassait ces mauvais souvenirs en tête à chaque fois qu'il écrasait sa cigarette dans le cendrier déjà rempli de cendres. Les sirènes de police, les cris de sa mère et les insultes de son père, il lui arrivait de ressentir une once de remords parfois, en se disant que s'il n'avait plus de parents il ne pouvait s'en prendre qu'à lui seul, après tout, c'est lui qui avait choisi de balancer son père qui cachait des substances illicites dans son tiroir.
Lui qui s'était plaint des violences récurrentes de sa mère qui le battait sous prétexte qu'elle voulait se suicider, s'il avait fermé sa gueule, peut être aurait-il encore deux parents abusifs qui ne l'aimaient que lorsque le silence résonnait.
Mais soudain vint-il à chasser cette idée de son esprit. Il avait enchaîné les thérapies et tous lui disaient la même chose:
"Seul toi possède la clef pour avancer".
Mais Jungkook n'avançait plus depuis plusieurs temps. Il s'était réfugié dans les fumées de la cigarette qui lui brûlaient les yeux et qui lui déchiraient les poumons, dans cette bulle fermée du monde, il n'avait d'yeux que pour ses cigarettes.
Il avait creusé un trou et y avait jeté la clé de son avenir et s'était jeté lui-même, refermant le trou. Le sommeil ne le gagnait plus, il souffrait silencieusement à travers cigarettes après cigarettes, allongé sur son lit, fixant le plafond. Autant lui s'en foutait-il, autant sa grand-mère détestait sa fumée.
Cette dernière, Jeon Gul-mi, était une vieille dame plutôt petite et peu énergétique depuis toujours. Elle ne parlait pas et n'entendait pas, mais elle voyait et sentait tout. Et elle sentait surtout la souffrance de son petit fils et l'odeur mentholée et insupportable du tabac.
Elle le fit alors descendre de sa chambre et le fit s'assoir sur une des chaises de la cuisine, puis commença à lui parler.
- Pourquoi tu n'arrêtes pas de fumer ? ce n'est pas bon pour ta santé, depuis que tu es au lycée je te le dis. Le gronda-t-elle sans même un mot.
Jungkook soupira et lui répondit par les mêmes signes de ses mains.
- Je m'en fiche, tout blesse et tue.
- Mais tu ne devrais pas fumer, je jetterai tes cigarettes ! je les brûlerais, tu me comprend ??
Gul-mi avait toujours réussi à garder son autorité face à son petit fils, lorsqu'il perdit ses parents. Malgré son inhabilité à parler ou à entendre. Elle connaissait son petit fils mieux que lui même ne se connaissait, et avait tout tenté pour l'aider à aller mieux.
Mais ce garçon était une vraie tête dure.
Et ce n'était pas le seul.
Jungkook allait dans un lycée bourré de bons élèves tous brillants dans leurs études, tous heureux à première vue. Du moins, leurs chagrins se noyaient dans les fêtes et ils allaient mieux le lendemain.
Mais Jimin ne le faisait pas. Jimin était le genre de garçon qui pouvait vous énerver facilement, car il criait et souriait toujours chaque fois qu'il le pouvait. Ses amis le considéraient comme le garçon le plus heureux qu'ils aient jamais rencontré, mais vous ne devriez jamais juger un livre par sa couverture.
Jimin avait été élevé par des parents qui n'étaient jamais là pour lui. Ils étaient constamment en voyage, et constamment déménageaient-ils, Jimin n'était jamais resté dans la même maison plus de deux ans. Petit à petit, il s'est mis à développer cette peur du changement, cette peur de l'abandon. Ses parents étaient tellement absents qu'il lui arrivait parfois de songer s'il devait toujours les appeler "papa" et "maman", comme il le faisait. Mais même ça le rendait encore plus triste.
Il avait essayé la drogue, mais les effets lui avaient fait tellement peur qu'il ne voulait plus y toucher. La cigarette ? Il avait peur de perforer ses poumons. Rien ne lui permettait d'oublier la douleur. Et comme sa mère lui disait souvent de sourire, c'est ce qu'il fit. Il sourit.
Bientôt, on ne vit que son sourire chez lui. Personne ne l'avait jamais vu pleurer. Et ce fut ainsi chaque jour de sa dernière année scolaire de lycée.
~
Le réveil sonna plutôt fort aux oreilles de Jungkook, qui se redressa de son lit et qui observa son reflet dans le miroir en face de lui. Ses yeux bouffis et fatigués, et ses cheveux mal coiffés, il détestait ça chez lui.
Il voulait se rallonger et dormir, mais il ne pouvait pas. C'était lundi, et le lundi on a cours. Alors il s'était levé, s'était douché et s'était vêtu de sa couleur favorite, bien qu'on lui eut dit que ce n'était qu'une nuance : le noir. Il mit son masque et sortit de chez lui, embrassant sa grand mère avant de partir.
Jungkook enfila ses écouteurs sur le trajet et marcha à pieds jusqu'à l'université. Il aurait pu prendre le métro, mais les voyages de sa carte étaient minimes, il devait les économiser du mieux qu'il pouvait. Alors il marcha, jusqu'à arriver dans son établissement. Il avait développé cette asociabilité, au point qu'il arrêta quasiment de parler. Rares étaient ceux qui avaient pu entendre sa voix. Mais puisqu'il s'était tu et qu'il effrayait tout le monde, il avait l'occasion de tout observer.
Et sa nouvelle cible était ce garçon, cet étudiant toujours habillé haut en couleur arc en ciel pastel, dans sa classe, avec ses vans noires et ses mèches de toutes les couleurs quand ils reprenaient les cours après les vacances, la plupart du temps il faisait ça, se colorer les cheveux. Ou alors c'était des mèches. Jungkook n'en avait aucune idée, et il n'en avait certainement rien à foutre de ses mèches.
Ce qui l'intéressait chez lui, c'était son double visage. Ce n'était pas dur de remarquer son sourire parfois faux, ses manches qui finissaient par se relever et lui qui se précipitait pour les rabaisser en rigolant sur le fait qu'il avait "froid", et qu'il changeait de sujet presque tout de suite,
Sa beauté hypnotisante aussi, tout ça l'attirait. Mais jamais il n'aurait été vers lui.
Il marchait simplement, comme chaque matin, dans les couloirs, mais à la différence de chaque matin, une voix lui parvint derrière lui.
- Ohhh, regardez !! C'est le gamin qui parle pas !! Le gamin tout dark, regardez le !! Bahaha, regardez le !!
Cette voix, ce n'était personne d'autre que Ji-Yong, la brute populaire. Entouré de sa bande, il se moquait de chaque être différent de lui dans les couloirs qui passaient sous sa vue. Et aujourd'hui c'était le tour de Jungkook.
- Arrête tes conneries, laisse le. S'écria sa petite amie, Kim Jennie. Il vaut pas ton temps.
Mais Ji-Yong n'en n'avait pas assez. Sous le regard de tout le monde, il s'avança de Jungkook pour lui arracher son sac, et le jeter au sol, faisant que Jungkook se retourne.
- Là ! Tu vas l'ouvrir, ta gueule !?
Jungkook le regarda, l'air complètement vide, et attendit son deuxième coup, qui ne se fit pas prier. Mais le jeune garçon ne perdit pas son temps non plus, et flanqua son poing dans le faciès de Ji-Yong, faisant saigner son nez.
- Ya ! Connard, tu te prend pour qui au juste !?
Ji-Yong ne cessa de le pousser, et Jungkook en eut assez. Il le saisit par le col, et rapprocha ses lèvres assez près de son oreille, pour que lui seul puisse entendre son chuchotis.
- Ne prends pas mon silence pour une faiblesse. Autrement, c'est des coups que tu vas prendre.
Le garçon le relâcha, et la sonnerie retentit, tous ayant assisté à la scène se rendirent en classe, fixant avec peur Jungkook, qui ébourrifa ses cheveux pour qu'ils tombent devant son visage. Jimin avait lui à à tour assisté à la scène avec admiration, et il serait resté là à reluquer Jungkook si son meilleur ami Taehyung ne l'avait pas tiré hors du couloir pour l'emmener en classe.
Durant tout le cours, ses yeux furent rivés sur lui. Mais qui était-il ?
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𝘀𝗺𝗼𝗸𝗲𝘀 || 𝗷𝗶𝗸𝗼𝗼𝗸
Fanfiction"𝘍𝘶𝘮𝘦𝘳 𝘵𝘶𝘦, 𝘷𝘪𝘷𝘳𝘦 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪 𝘥𝘰𝘯𝘤 𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘲𝘶'𝘢 𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘢𝘶𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘴𝘦 𝘳𝘶𝘪𝘯𝘦𝘳." 𝘑𝘶𝘯𝘨𝘬𝘰𝘰𝘬 𝘯'𝘢𝘷𝘢𝘪𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘴𝘦𝘴 𝘤𝘪𝘨𝘢𝘳𝘦𝘵𝘵𝘦𝘴, 𝘑𝘪𝘮𝘪𝘯 𝘯'𝘢𝘷𝘢𝘪𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘴𝘢 𝘣𝘶𝘭𝘭𝘦, 𝘥𝘦𝘶𝘹 𝘢𝘮𝘦𝘴 𝘮�...