Il y a plusieurs dizaines d'années, j'ai décidé, car ne voulant pas détruire le cadre de cette forêt, de construire une petite maison en bois qui ne tranche pas avec les multiples arbres. Toutefois, mes activités nocturnes me demandant un peu plus de place, j'ai dû ajouter un sous-sol. Je me revois encore, pelle à la main, creuser dans toute cette terre. Sortir les brouettes remplies n'a pas non plus été une mince affaire, mais je suis fière d'y être arrivée. Ce travail avait remplacé tous mes exercices sportifs. Un léger rire s'échappe de ma gorge quand je repense aux nombreuses gabelles qui m'ont fait atterrir tout droit dans la terre mouillée. Nostalgique, je pose mes doigts sur le mur que j'ai construit à la sueur de mon front. Tant d'énergie dépensée pour pouvoir torturer et exécuter des gens, quelle ironie.
C'est muni de mon cahier que je descends alors les quelques marches en bouleaux qui me séparent de ce lieu scellé. Je pousse ensuite ma lourde porte, pour entrer dans cette fameuse salle de torture qui a enfermé tous les cris des précédents captifs.
Klynn s'y trouve, ligoté au centre et complètement nu depuis sa transformation. Néanmoins, en regardant l'homme paisiblement endormi, toutes mes anciennes victimes défilent sous mes yeux. Il y avait des hommes fragiles, des femmes corpulentes, des jeunes teigneux, des vieux agaçants. Pourtant, d'un mouvement de tête, je les envoie tous valser et les remets où ils sont désormais : trois pieds sous terre.
Impatiente d'en finir avec ce fameux Klynn, ami d'enfance et meilleur ami de Brett, je m'approche de lui. En claquant des doigts près de son visage, je lui lance :
« Réveille-toi, mon p'tit loup... »
Voyant qu'il n'a décidément pas envie d'ouvrir les yeux, je pars rapidement chercher un seau. Après l'avoir rempli d'eau froide, je lui verse l'entièreté du liquide à la figure. Naturellement, Klynn sort de son sommeil. Il pousse des légers cris de surprise qui viennent muter en hurlement de colère quand il voit où il se trouve. Devant ce spectacle, je décide de m'asseoir un peu plus loin, face à lui. Tout en papillonnant des yeux pour s'habituer à la lumière tabassante, il tente de se rappeler des événements de la veille. Pas dupe, lorsqu'il commence à se calmer, je remarque que son regard se porte un peu partout autour de lui afin de chercher une solution. Sans perdre plus de temps, je l'arrête instantanément :
« Klynn, je te stoppe tout de suite. Je ne suis pas une débutante et je ne suis pas là pour rigoler. Donc avant que tu ne tentes l'expérience, j'éviterais de me transformer à ta place. Les chaînes en argents que tu vois là, sont totalement incassables. Un lycanthrope comme toi a tenté l'expérience et s'est retrouvé les bras et les jambes broyées par les chaînes qui n'ont pas cillé. Et puis de toute façon, il faudra ensuite que tu me passes sur le corps puisque l'unique sortie est derrière moi, sauf qu'on sait tous les deux qui bat l'autre dans un combat singulier. Crois-moi, de nombreuses personnes ont tenté de sortir d'ici, mais elles ont toutes fini plâtré dans ces murs. »
Klynn comme unique réponse crache au sol. Face à ce geste, je m'avance délicatement vers lui. Je laisse traîner doucement mes doigts un peu partout sur son corps. Puis ma main remonte tendrement jusqu'à son cou. Je passe ensuite derrière lui et sans prévenir, je saisis violemment sa gorge. Mes doigts viennent se serrer avec puissance autour de sa peau et l'homme commence à manquer d'air. Au moment où il devient rouge, je m'approche de son oreille et lui murmure :
« Plus jamais ça. »
Je m'éloigne de nouveau et viens me poser contre la table d'en face. Je continue :
« Les bases étant dites. Explique-moi ce que tu voulais faire à la meute Suprême. »
Il fallait s'en douter, il ne répond rien. Les rôles sont complètement inversés. Agacée, je décide de directement passer à la deuxième partie : la torture. Tout en continuant à le regarder, ma main gauche vient chercher un outil que je connais par cœur : un simple couteau. Je préfère commencer doucement, je demande :
« Qu'est-ce que tu comptais faire à la meute ? »
Devant son même silence, ma lame s'approche. Elle découpe délicatement sa cuisse. Toutefois, pas un soupir ne s'échappe de la bouche de Klynn. Je m'en doutais. Ce n'est pas un loup de la meute d'Arden pour rien. Je ne perds pas mon calme pour autant, je sais très bien comment le faire pleurer de douleur, et il va regretter de s'être enfoncé dans cette forêt. Pour autant, je n'ai pas l'envie de précipiter les choses, alors je continue lentement :
« Pourquoi trahir la meute d'Arden ? »
Étrangement, il lève son regard vers moi avec malice. Klynn sourit légèrement puis un rire vient presque s'échapper de sa bouche. Il ne dit toujours rien. Donc, le plus lentement possible, j'entaille ses deux jambes ainsi que sa cuisse droite. Le loup ne change toujours pas son attitude d'indifférence, je pose :
« Pourquoi vouloir tuer Brett ? »
Au son du nom de son ami d'enfance, Klynn se tend d'un coup. Son regard se remplit de haine et ses gigotements s'intensifient. Je le regarde telle une scientifique qui étudie un spécimen incompréhensible. Sa réaction me paraît bizarre, mais absolument pas décidé à ouvrir sa satanée bouche, ma lame vient se planter encore plus profondément. Des gouttes de sueur perlent le long de son front, ses dents se serrent violemment, son cou se tord singulièrement, mais toujours pas l'ombre d'une réponse. J'enchaîne sur ce même sujet :
« Tu sais à quel point ça va lui faire mal d'apprendre ce que tu complotais ? »
Avant même de lui donner une chance de répondre, je plante froidement ma lame à la verticale dans sa cuisse gauche. Mon couteau finement aiguisé transperce de part et d'autre son membre. Je viens alors le retirer et instantanément après, ma main verse un liquide acide qui lui dévore lentement sa chair. Un réel supplice vient de commencer.
Sa douleur est tellement forte que des cris percent enfin l'écrin de sa bouche. Malgré cette souffrance, je perçois bien qu'il ne parlera pas. Je dois aller chercher ma solution B : un exemple. Je décide de mettre sur pause cette séance de torture en partant d'ici. Cependant, Klynn juste avant que je ne franchisse la porte, demande difficilement :
« Tu... connais Brett ?
- Non, hésite-je, dos à lui. »
Sa clairvoyance me surprend une nouvelle fois, puisqu'il répond :
« Men... teuse ! Tu le connais... »
Ma main vient continuer d'ouvrir la porte, mais il continue :
« Tu vois, lui aussi m'a menti... Il ne m'a jamais dit qu'il était ami avec... la psychopathe de Ténébris...
- Brett ne t'a pas menti sur ce point. Il ne sait simplement pas que nous sommes amis. »
Cette fois-ci, ne comprenant pas, Klynn ne répond rien. Je viens de lui révéler un élément important, mais je devais rétablir cette vérité, alors avec beaucoup d'amertume, je lui dis :
« Tu as intérêt à me raconter tout ce que tu sais, parce que crois-moi, ce qui t'attendra sera pire que la mort et Brett ne sera pas là pour m'arrêter. »
C'est la fin de ce troisième chapitre, à la semaine prochaine pour la suite !
Une nouvelle fois merci, merci de continuer à lire mon histoire 🖤
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Au-delà de la Lune - Tome 2
WerewolfAttention, ce livre est la suite du tome "Le chant de la Lune" --- Le moment où j'ai croisé pour la première fois son regard me paraît vraiment loin maintenant, alors que dans cette réalité, il n'est même pas encore arrivé. Ce moment que j'avais ta...