Attention, ce livre est la suite du tome "Le chant de la Lune"
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Le moment où j'ai croisé pour la première fois son regard me paraît vraiment loin maintenant, alors que dans cette réalité, il n'est même pas encore arrivé. Ce moment que j'avais ta...
Une heure est passée et nous sommes maintenant trois dans ce sous-sol fait maison. C'est satisfaisant de se rendre compte à quel point c'est simple de trouver une adresse et de kidnapper un humain. Ils sont tellement faibles. Finalement, ce qui a été le plus difficile pour trouver mon deuxième souffre-douleur, ce fut de choisir une personne qui correspond à mes critères. Mais heureusement, les cris de souffrances de Klynn m'ont inspiré et m'ont rappelé la vie inutile d'un homme. C'est celui qui était venu m'insulter dans le restaurant de Disam dans ma précédente réalité ; son existence m'était totalement sortie de la tête. Sa mort sera toutefois parfaite pour décourager Klynn de garder son éternel silence.
C'est dans ce but que j'ai amené cet homme immonde qui s'appelle par ailleurs Demis, dans ma salle favorite. Enfin, vu dans quel état il est, je ne sais plus si on peut encore parler d'être humain. Deux grandes chaînes d'acier viennent suspendre cette espèce de lambeau de chair. Tête en bas, ce Demis se vide lentement de son sang, notamment dû à une amputation pénienne plus que gênante. Le mur derrière lui est peint de rouge, tout comme mes mains. Attendant qu'il meure progressivement, je décide de me les laver scrupuleusement.
Puis, avec les doigts immaculés, je repars m'asseoir patiemment après ce fabuleux carnage. Mon cahier vient glisser entre mes paumes pendant que mon cerveau parcourt les différentes pages dans l'espoir de garder en mémoire chaque souvenir de mon ancienne vie. Bercée par les sons de souffrances, je me crispe soudainement lorsque les gémissements de Demis s'arrêtent. Mon regard, déçu, vient scruter le cadavre et instantanément, je sais qu'il est mort dans une fin misérable, mais distrayante. Je me lève alors vers le mort et le décroche. Sa carcasse s'écrase au sol dans un son qui m'aurait presque fait frémir.
Du coin de l'œil, je perçois Klynn sursauté. Ce dernier n'a pas été épargné. Bien ligoté à sa chaise, il a assisté à toute la torture, puisque j'avais bien pris soin de le placer en face de l'humain. Mon regard bleu se pose sur lui, et même s'il n'a plus autant d'impact que mes regrettées pupilles noires, Klynn déglutit sous son pouvoir. Mon sourire s'agrandit, c'est bon, il va parler. Je lui lance :
« Je suis magnanime, aujourd'hui. Tu veux mourir la tête à l'envers ou étouffer dans un seau rempli du sang de notre ami Demis ? »
Klynn ne répond rien, mais son corps parle pour lui. Ne supportant plus cette atmosphère pesante due à l'odeur de la mort qui rôde ou du sang dégoulinant, le loup vomit toutes ces tripes. Je continue alors :
« Je te comprends, l'air devient irrespirable tout d'un coup... J'en étais où déjà ? Ah oui, c'est vrai ! »
Puis l'air de rien, j'enchaîne :
« Ça fait un petit moment que je souhaite construire une pièce plus grande dans ce sous-sol, mais j'ai besoin de ton opinion... Tu préfères que je place ton cadavre dans le sol ou dans les murs ? J'aimerais que tu aies une place de choix... »
Klynn me regarde avec beaucoup de dégoût et murmure :
« Tu es une cinglée...
- Et toi un traître. »
Repensant au sort qu'il réservait à la meute, la haine remplie mon esprit. Pour me calmer, je me déplace alors aléatoirement dans la pièce. L'odeur du vomi me dérangeant, je m'approche instinctivement lors de ces déplacements hasardeux vers la ventilation. Je pars ensuite vers une toute petite fenêtre en hauteur qui se trouve juste au niveau de la surface. Je l'ouvre et un air frais divin remplit la pièce. Tout en tentant de regarder à travers cette haute fenêtre l'extérieur, je le questionne, impatiente :
« De quel côté es-tu ? Celui des elfes ?
- ..., se mure-t-il dans le silence.
- Tu veux seulement le pouvoir pour toi tout seul alors ?
- ..., continue-t-il sur la même lancée.
- Il y a quelqu'un avec toi, peut-être ?
- ...
- Réponds ou tu finiras comme l'autre abruti !
- Je sais que tu ne me feras rien, dit-il en tentant de reprendre ses moyens.
- Tu serais prêt à parier ton moyen de reproduction contre la liberté sur cette pensée ? Parce que crois-moi, de là où se trouve Demis, cette partie de son corps doit beaucoup lui manquer. »
Malgré cette première intervention courageuse, il ne souhaite pas répondre. Puis il baisse la tête, signifiant par la même occasion un "non". Ayant ma réponse, je lui annonce :
« Dommage que tu n'aies pas voulu parier. Tu aurais pu gagner, dis-je en rigolant. Il est vrai que je ne peux pas te tuer. Brett serait ingérable ensuite... »
Dès que je lui annonce qu'il ne mourra pas avant que je l'ai mené à Brett, je vois son corps se détendre. Ses respirations, bien que stressées, semblent légèrement plus sereines. Mais il a tort de penser qu'il est sorti d'affaire :
« Cependant, je ne suis pas obligée de t'apporter en un seul morceau...
- Pourquoi faire ça, hurle-t-il totalement dépassé par la situation. Tu pourrais avoir des informations plus tard en me livrant à Brett, enchaîne-t-il pour obtenir un sursis.
- Tu l'as dit toi-même tout à l'heure... »
Je m'approche de lui telle une prédatrice, et droit dans les yeux, j'affirme froidement :
« ... je suis une cinglée. »
Klynn devient livide. Sa prise d'air devient de nouveau haletante et s'il n'avait pas déjà vomi son repas tout à l'heure, j'aurais parié qu'il le cracherait maintenant. La peur déforme ses traits, car persuadé que je ne rigole pas. Son cœur tabasse si fort son corps que durant un instant, j'ai peur qu'il fasse une crise cardiaque. Il n'est pas si résistant que cela, finalement. Cependant, m'étant assez amusée pour aujourd'hui, j'explique calmement :
« Figure-toi, que nous allons devoir faire un petit détour avant d'aller chez l'Alpha et je n'ai pas envie que tu me clames entre les doigts sur le trajet. C'en est donc fini de l'interrogatoire. Mais si tu penses que tu peux t'estimer heureux, je ne suis pas certaine qu'Arden se montre plus clément que moi avec les traîtres... »
En effet, je n'ai plus envie de perdre du temps avec ce loup. Ce n'est qu'un personnage secondaire dans toute cette histoire, après tout. Les cerveaux doivent rester mon principal objectif : les elfes, Abby et le traître inconnu. Pour ce qui est de ce Klynn, je suis sûre qu'Arden me dira en temps et en heure tout ce que j'ai besoin de savoir. Même si cette séance a été très distrayante, je dois partir dès demain. Il faut que je me rende à Sayronne pour discuter avec Thaïs avant que sa maison ne soit attaquée par les elfes.
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J'espère que vous avez apprécié ce chapitre ! A vendredi pour la suite...
