Chapitre 12

2.1K 172 13
                                    

Lorsque j'entends mon nom sortir de sa bouche, mon enquête s'arrête immédiatement. Mes yeux se lèvent pour apercevoir tous les regards penchés dans ma direction. Ils ne disent rien. Vont-ils une nouvelle fois se moquer en réaction à ma supposition qui s'était transformée en vérité ? Je dois absolument les convaincre, afin que l'on puisse avancer vite dans le déroulement de mon plan. Mes jambes se déplient pour m'amener en hauteur. J'élève ma voix dans la salle pour venir expliquer mes pensées sans trop en dire pour éveiller les soupçons du traître caché.

Je commence doucement par leur expliquer les trois différents systèmes des elfes : les classiques, les sylvains et les elfes noirs. Puis je donne les raisons qui m'ont amené à penser à cette dernière catégorie. Enfin, après cette thèse, les avis distincts des loups s'enchaînent :

« Avec cette découverte, on peut maintenant avancer plus vite en ciblant les points faibles des adversaires, soutient Elvynn.

- Il est vrai qu'auparavant, nous avancions un peu dans le noir, ajoute Black distant.

- Exactement, chaque attaque était chirurgicalement exécutée. Ce qui nous empêchait d'avoir des témoins ou des otages pour réellement avancer, continue Ezéquiel.

- Je suis la seule qui trouve son raisonnement totalement déconnant, questionne Abby.

- Non, je suis assez d'accord... Pour moi, c'est une fausse route, confirme Aïda.

- Peu importe. Je me porte garant des suspicions de Ténébris, clos Arden.

- Pourrait-on quand même avoir des preuves plus concrètes, me demande le deuxième bêta.

- Je vous en apporterai bientôt, si c'est ce qu'il vous faut pour vous convaincre.

- Très bien. En attendant, passons au sujet suivant, dirige l'Alpha. »

Après cette discussion, j'ai l'impression d'avoir fait un pas-de-géant. Avec le soutient d'Arden, ils sont beaucoup plus faciles à convaincre que la première fois. Une preuve sera simple à leur ramener dans ces conditions, puisque je sais déjà où la trouver. Une fois amenée, nous pourrons commencer et prendre de l'avance sur mon frère. Le ciel s'éclaircit.


D'autres points importants de notre mission s'enchaînent, puis la réunion se termine. Chaque tête présente sort avec le cerveau garni par des consignes et des bases claires. Mon objectif à moi est simple : leur apporter un elfe noir. La première étape consiste à s'entraîner pour ensuite arrêter l'attaque de Dibagne qui avait laissé une unique survivante dans ma précédente vie. Ce sera l'occasion de capturer l'elfe et de leur prouver mes dires. En plus, je compte bien profiter de cette occasion pour tester autre chose ; mes pouvoirs. Ils sont nouveaux pour moi et je vais devoir les maîtriser pour battre mon frère. J'aimerais donc n'utiliser que mes flammes pendant le combat à Dibagne. Aucun membre de la meute ne sera là, je pourrais alors les utiliser à loisir. Si ma mémoire est bonne, cela me laisse donc deux jours pour réussir à contrôler ce don.

C'est dans cette optique, que je m'enfonce le plus profondément dans la forêt. Loin du centre du domaine, je fais bien attention de n'entendre aucun cœur, aucune présence qui pourrait découvrir mon secret. Après ces précautions prises, j'enlève ma cape pour ne pas accidentellement la brûler. Je décide ensuite de l'emmener un peu plus loin pour qu'elle ne prenne pas l'odeur de la fumée cruellement caractéristique.

Je me positionne ensuite au centre de l'herbe cernée par des arbres pour regarder mes mains, un peu perdue. Je ne sais pas vraiment comment faire, la dernière fois chez Klynn, je n'ai pas réfléchi, c'est sorti tout seul. Ça me semble naturel, mais en contre-parti, la maîtrise est chaotique.

Pour commencer mon entraînement, je dirige ma paume droite vers le ciel et j'essaye de créer une flamme. Elle se matérialise et mon cœur reste suspendu à cette lueur rouge qui sort de ma peau. Je passe ma main gauche entre les mèches enflammées et elles ne me font rien. Sans me brûler, elles me procurent uniquement une vague sensation agréable de chaleur. J'en viens même à douter de l'efficacité de ce feu, je passe alors mon haut dedans qui s'enflamme immédiatement. Je le retire et rassurée, je comprends que je suis immunisée contre le feu. Je peux simplement me concentrer sur sa maîtrise.

Autodidacte, je lance ma paume vers le tronc en face en souhaitant qu'une boule de feu jaillisse. À ma volonté, un truc rond sort de mes doigts. Cette chose informe s'éteint avant même d'avoir atteint l'arbre. Comprenant que je manque de puissance, je répète cette opération encore et encore. Une heure défile sans que je n'y parvienne, puis à force d'effort je perçois enfin une petite boule survivre jusqu'à toucher ma cible à plusieurs mètres. Même si ce n'est pas assez pour qu'elle s'enflamme, c'est déjà un progrès. Sans relâcher mes efforts, je continue toute la soirée.


À la tombée de la nuit, le tronc et quelques-uns de ses congénères sont carbonisés. Satisfaite, je décide alors de rentrer pour m'améliorer encore à l'aube, avant l'attaque surprise. Je me dépêche rapidement et j'arrive discrètement encapuchée dans ma chambre, mais une présence inhabituelle s'y trouve. Une présence que j'attendais impatiemment. Naturellement, je m'approche de la fenêtre, là où il se trouve. Je fais mine de ne pas réellement le considérer et avec une fausse voix, je lui dis :

« Oh ! Tu t'es perdu ? »

L'oiseau au regard vert continue à m'observer. Je pourrais maintenant reconnaître ses yeux émeraude entre mille. Je sais que c'est mon frère vulgairement transformé en piaf. C'est pourquoi, je ne peux pas paraître suspecte au risque qu'il comprenne que je suis au courant de son pouvoir. J'agis alors l'air de rien et après avoir regardé l'horizon, je l'incite doucement à monter dans ma main :

« Tu as peur ? Vient là, petit oiseau. Tu es magnifique. »

On dirait une folle qui parle aux animaux, mais je sais que c'est lui, je dois continuer. A force d'effort pas trop suspicieux, il monte dans ma peau froide. Je m'assois alors sur mon lit avec lui sur mon index reconverti en perchoir. Je le regarde et le caresse comme si c'était un petit animal normal, alors qu'en réalité, derrière mes yeux bleus calmes cachée par ma cape, je pense obsessionnellement à le tuer. Discrètement, je tente de refermer lentement ma main pour l'emprisonner et pouvoir l'écraser d'un coup sans qu'il ne s'en rende compte. Toutefois, son instinct animal lui dit de partir. Il part se poser au loin sur le rebord de ma fenêtre pris de panique. Craignant qu'il ait compris mes plans, je tente de rattraper la situation naturellement :

« Pourquoi tu ne me laisses pas t'emmener dans la cuisine ? Il y a des restes de pain de midi... Bon tant pis... Ça m'évitera de me lever pour un stupide oiseau. »

Puis ne voulant pas insister davantage, je ne porte plus aucune attention dans sa direction. Je reste immobile attendant qu'il décide de partir quelques minutes plus tard. La prochaine fois, je t'aurais, Galadan... 

J'espère que vous avez apprécié ce chapitre ! 

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

J'espère que vous avez apprécié ce chapitre ! 

Merci de votre lecture 🖤


ME


25/07/2022

Au-delà de la Lune - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant