Chapitre 7

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Mes oreilles se font tabasser par le son des roues sur le bitume et mon cœur battant beaucoup trop fort à l'unisson. Cette cacophonie transperce mes tympans ce qui contraste d'autant plus avec le calme extérieur de la nature. Cette longue route en campagne bordée par quelques arbres qui s'accumulent petit à petit sur les vastes étendus, m'indique que le domaine suprême est droit devant moi. Puis vient la seconde où une grande forteresse se dresse face à mes yeux perdus, tel un géant devant un petit être affaibli. C'est partagé entre la joie et la peur que je reconnais un immense portail fier ornée d'un loup couronné. Je percute enfin que je suis arrivée, je vais le revoir. Je vais tous les revoir.

Ma voiture sportive vient se garer devant les morceaux de ferrailles précieux en attendant que l'un des gardes daigne m'ouvrir. Toutefois, aucun d'eux ne s'approche de moi pour connaître la raison de ma présence, alors, d'un pas décidé, j'entame une sortie pour venir leur expliquer. 

Au moment où mon cœur commençait à se calmer, je suis statufiée sur place. Tous mes mouvements s'arrêtent net. Le ciel est gris. L'air est froid. Les gardes me dévisagent, mais l'unique chose que j'estime important à cet instant, c'est cette sensation. Ce sentiment divin qui m'annonce la présence de mon âme-sœur. Il n'est pas très loin et pourtant, encore si lointain. Telle une droguée à la recherche d'une nouvelle addiction, mes yeux sortent de leurs orbites pour venir se fixer sur un point dans cette forêt familière. Il est là. Mon cœur s'accélère au rythme de mes pas. Je cours maintenant sous les regards perplexes des gardes jusqu'à ce lieu qui m'appelle.

Lorsque je rentre dans le noyau du bois, je ne suis plus la prédatrice, je suit la proie. Ma foulée devient plus lente, jusqu'à l'arrêt complet. Cette paralysie soudaine survient à l'instant où je perçois le battement de son cœur. J'en ai enfin la pleine certitude ; il est vivant. Je veux courir la rejoindre, mais j'ai peur de le redécouvrir. Aveuglée par tout mon environnement, je ne perçois pas son rapide déplacement. Un simple souffle dans mon cou et un doux frisson me parcourant, confirme sa présence derrière moi.

Arden est là, juste dans mon dos. Les effluves de son odeur caressent mon nez et je viens m'en délecter. Je veux me laisser emporter par tout ce qui émane de lui. Sa voix me berce glacialement :

« Qui êtes-vous et que faites-vous sur mon territoire privé ? »

Même si cette question est distante et sa voix froide, j'absorbe ses quelques mots sortant de sa traitre bouche. Ma tête démunie se détourne du sol et lentement se retourne vers lui. Nos regards se cherchent et se croisent instantanément. Mes yeux bleus dans les siens. Ses yeux bleus dans les miens. Ce tableau océanique, je le retrouve enfin. Il m'avait tant manqué. Telle une pirate à la recherche d'un trésor, je guette sur mon bateau cette lumière, cette lune que je voulais admirer. Celle qui m'a brûlé les ailes, mais qui une nouvelle fois m'appelle. Déterminée, je suis sûre que cette fois-ci, j'arriverai à l'atteindre ; c'est mon unique quête, ma source. Chaque nuance de son bleu m'absorbe corps et âme. Je le veux. Je réclame son toucher, maintenant, où j'en mourais. Ma main possessive et avide s'approche doucement de son visage. À l'instant où le grain de ma peau rentre en contact avec le creux de son cou, il semble se réveiller d'une contemplation mystérieuse et savoureuse. Je l'entends alors murmurer d'un ton plaignant et désireux :

« Mienne... »

A ce moment, qui m'avait tant énervé et apeuré la première fois, je me sens aujourd'hui, satisfaite de le trouver. Son corps en attente du mien se rapproche encore un peu plus. Mes jambes sont soulevées dans les airs par ses bras entretenus. Mon dos, de plus en plus courbé, est désormais collé contre le tronc voisin. Sa peau, toujours appelée par la mienne, souhaite me toucher. Ses mains, que je ne repousse pas, s'encrent divinement sur ma chair nue. Son regard quitte mes yeux une unique seconde pour dévorer mes lèvres pendant que mes mains prennent pleine procession de sa chevelure brune. Mon cœur affamé guide ma bouche jusqu'à lui. Nos lèvres se rencontrent enfin, dans une éruption de sensation. Ma tête, mon corps, mon cœur tanguent, naviguent, voyagent aux mouvements de sa bouche. Ses mèches de cheveux s'échappent et volent entre mes doigts curieux tandis que mes hanches s'offrent et ondulent entre ses doigts habiles. Nous nous mêlons et moulons pour que nos corps s'assemblent sensuellement. Entre deux respirations courtes ou silencieux gémissements, j'entends sa voix grave et roque me susurrer délicatement :

Au-delà de la Lune - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant