Chapitre 19

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Mes paupières s'ouvrent doucement sur un mur blanc en face. L'air est froid, mais mon corps, lui, à chaud. Il est brûlant, comme à chaque fois qu'il rentre en contact avec sa moitié tant recherchée. Recroquevillée contre lui, ses bras possessifs m'entourent. Complétement prisonnière, c'est la première fois que cette situation ne me dérange pas. Ma tête, posée contre son torse, se soulève au rythme de ses respirations lentes. J'entends battre son cœur de manière régulière, me signalant qu'il dort profondément. Totalement paisible et serein, sa figure a repoussé ses expressions nuisibles de la veille. Je retrouve celui qui durant un instant a joué la comédie pour repousser mon frère. Sous cet angle câlin, on pourrait croire que nous sommes un jeune couple à marier, mais n'oublions pas que les apparences sont bien trop trompeuses.

Justement, mes pensées vont se confirmer lorsque je comprends qu'il se réveille. Mon instinct vient fermer activement mes yeux et sans perdre mon sang-froid, j'essaye de garder une pulsation et une respiration stables. Toutefois, dès qu'il me voit dans ses bras, je sens mon corps s'échapper de son emprise. Il m'écarte de lui pour retourner avec la couette, dans sa partie du lit.

Ce geste décrit parfaitement bien notre relation : nos corps s'attirent, mais son esprit me repousse. Le lien a rapproché nos chairs cette nuit, lorsqu'uniquement nos inconscients étaient les rois. Et au petit matin, c'est le retour du tyrannique, méfiant et froid Alpha. Un roi de l'hiver qui règne sur un océan de glaces.

Cependant, une voix grave, étonnamment douce me perturbe :

« Comme tu ne dors pas, je voulais te demander : pour la réunion de ce matin, à qui devons-nous nous fier ?

- Parce que tu me fais confiance maintenant, Arden ?

- Je t'ai posé une question, j'aimerais entendre la réponse.

- Puisqu'honnêtement, accuser une personne de manipulatrice pour ensuite lui faire confiance sur des choix stratégiques de cette envergure, ce n'est pas l'idée la plus lumineuse que tu puisses avoir, dis-je sans l'écouter.

- Mes choix m'appartiennent. Maintenant, réponds.

- Je ne suis pas sûre, mais il me semble que lorsqu'on s'adresse à une personne, il faut s'exprimer avec respect, répondis-je sarcastique.

- Je te demande simplement de me répondre, affirme-t-il fermement.

- Toi, d'être cohérent, assure-je sur le même ton.

- La situation est compliquée, ne la rend pas difficile davantage.

- Parce que ça va être de ma faute, désormais ?

- Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Tu me demandes de te faire confiance entièrement ? Il y a quelque temps, j'ai appris que mon ami, que je connaissais depuis mon enfance, voulais me tuer uniquement pour ma couronne. Les gens te trahissent, c'est la vie. Alors, même si nous sommes liés et qu'une moitié de moi te croit, l'autre ne te croira jamais. »

Ce dernier mot résonne en boucle dans ma tête. J'ai l'impression d'entendre ce froid « jamais » en écho cogner les parois de ma caboche. En proie au doute, je me demande :

« M'a-t-il en réalité jamais fait confiance ? »

Ces dernières paroles, étaient-elles de vraies pensées ou des mots factices lâchés au seuil de la mort par une personne qui a des remords ? La peur de la solitude peut faire nous faire dire de grandes choses. Ai-je juste une chance de retirer ce « jamais » de sa bouche ? J'ai pu changer des éléments dans cette réalité, mais cela l'a déjà impacté et changé. Je ne sais plus. Je savais avant d'arriver que notre histoire serait compliquée et qu'elle n'aurait peut-être pas une belle fin, mais que faire lorsque le protagoniste semble hermétique ?

Au-delà de la Lune - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant