Chapitre 5

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- Mange, fit la voix de Newt, qui se voulait ferme.

Couverts en main, Stiles regardait ce qui lui servait d'assiette, avec à l'intérieur ce qui devait sans doute être de la purée et il ne savait quoi. De la viande un peu molle, peut-être. L'apparence du plat était peu ragoûtante, certes, mais l'hyperactif savait que ce n'était pas le moment pour faire la fine bouche.

- C'est pas aussi mauvais que ça en a l'air, rit faiblement Newt, comme s'il avait lu dans ses pensées.

Mais au fond, ce n'était pas ça qui rebutait Stiles. Ce dernier releva ses yeux ambrés, qu'il posa sur la silhouette un peu trop maigre de son hôte. Non, définitivement, ce Newt n'était pas méchant et même s'il l'était, il ne pourrait rien lui faire dans son état actuel, c'était certain. Sa blessure, même si elle était en voie de guérison, était trop importante. Le blondinet avec lequel il cohabitait depuis désormais quelques jours ne pouvait pas faire de grands mouvements et devait passer la plupart de son temps allongé. Stiles commençait sérieusement à avoir mal au dos, mais l'air fatigué de son hôte blessé l'obligea à se taire. Alors, il ne se plaignit pas, tout comme il n'avait rien dit concernant son mal-être physique et mental.

Les deux jeunes hommes n'étaient pas sortis depuis le réveil de Stiles dans ce logement à moitié insalubre. Il y avait une petite extension avec des toilettes, une douche et un lavabo encore un peu fonctionnels et sacrément sales. En fait, ils semblaient abandonnés, malgré la présence du blond. Puis, Stiles se rappela d'une phrase que le blond lui avait dite : « C'est l'apocalypse ici, tu sais. On prend ce qu'on trouve et le confort, on l'oublie vite. » C'était le cas de le dire. Il y en avait si peu qu'il n'avait pas d'autre choix que de faire sans.

- Et toi, tu vas manger quoi ? Demanda Stiles, qui se posait sincèrement la question.

Il ne savait pas si Newt se nourrissait en différé de lui ou s'il ne mangeait que peu, mais il le trouvait quand même sacrément maigre. Lorsqu'il le regardait, outre sa fatigue lancinante due à sa blessure, c'était cette maigreur aisément remarquable. Comment ne pas la notifier ? Il avait les joues si creuses...

- Je mangerai demain, lui répondit tout naturellement le blondinet avec un sourire fatigué. J'ai plus beaucoup de provisions, tu sais ? Je mange un jour sur deux pour l'instant.

Tout de suite, Stiles reposa les couverts dans son espèce d'assiette et la poussa vers son hôte, assis face à lui, son dos appuyé contre le mur.

- Mange, toi, dit-il sincèrement. Tu en as plus besoin que moi.

- Tout va bien, Stiles. J'ai l'habitude de me priver. Sortir est très dangereux et dans mon état, c'est encore pire, alors... Je me rationnais déjà avant que tu arrives, tu sais ?

La culpabilité prit Stiles aux tripes. Il savait que c'était compliqué de vivre ici mais jusqu'ici, il ne s'était pas vraiment posé de question. Lorsque Newt lui mettait de la nourriture sous le nez, il acceptait, simplement. Il était perdu dans ce monde qui lui était complètement inconnu. La boule au ventre, l'hyperactif fut incapable de regarder son hôte en face. Depuis tout ce temps... Ok, il était vraiment idiot. Quel hasard, il n'avait plus faim d'un coup !

Avec son sourire toujours aussi faible, Newt repoussa à son tour l'assiette en direction de Stiles.

- J'ai l'habitude, répéta-t-il. Toi, tu es... Nouveau, ici. Tu ne sais pas grand-chose de ce monde, tu... Tu sembles venir d'un endroit plus agréable qu'ici.

A cela, il rit à sa propre remarque.

- Tu ne peux pas, d'un coup, te rationner. Je vais bien, insista-t-il. Il faudra juste que j'aille explorer les environs demain pour chercher de quoi manger. Ne t'inquiète pas, ça ira.

Les passeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant