Chapitre 13

192 20 8
                                    


Au fil des jours, Thomas finit par se détendre, d'autant plus en présence de Derek. Il commença également doucement à s'accoutumer à la présence des autres, ces gens qui agissaient toujours en groupe, un peu comme une sorte de meute non pas zombifiée, mais humaine. Un véritable groupe, soudé, dont les différents éléments semblaient se compléter étonnamment bien. Par exemple, pour contrebalancer l'idiotie affolante de Scott, il y avait Lydia, dont l'intelligence n'avait d'égale que sa beauté. Si Derek était du genre renfermé sur lui-même, Isaac – qu'il n'avait vu que rarement –, le poussait à s'ouvrir. Isaac avait peur ? Lydia accourrait, Derek aussi et si les deux jeunes gens avaient des manières différentes de le rassurer, les deux marchaient. Jackson était arrogant ? Derek le recadrait. Il y en avait d'autres, bien sûr, mais Thomas ne se concentrait que sur les éléments qui titillaient le plus son instinct de survivant.

En fait, Derek semblait être le pilier de tout cela. Il avait même l'air d'être celui qui dirigeait leurs activités et leurs réunions.

Evidemment, c'était faux et Thomas le savait parce qu'il avait perçu des bouts de conversations laissant entendre que ce groupe possédait une hiérarchie et que Scott était... L'alpha, comme ils le disaient. Alpha, comme dans une meute. C'était stupide, mais c'était tout ce qu'il avait pu glaner sans se faire voir. De toute manière, ce Scott était trop idiot pour diriger quelque bande que ce soit. Bordel, il n'arrivait toujours pas à considérer Thomas comme une personne à part entière ! Il continuait de l'appeler Stiles et se faisait sans arrêt reprendre par Derek ou Lydia. Thomas lui-même ne le faisait plus tant il en avait assez de se répéter. Le latino continuait d'espérer à travers son déni et si sa stupidité l'empêchait d'y voir clair, le jeune homme aux multiples grains de beauté ne pouvait rien faire pour lui. Il pouvait comprendre la douleur de l'absence, mais le fait était que ce Scott faisait une espèce de transfert sur lui. Plus que gênant, Thomas trouvait cela des plus malsain et ne manquait jamais d'en faire part à Derek. Se confier à cet homme était une chose étonnamment facile et le brun ne s'attendait pas à trouver chez lui une oreille attentive et compréhensive. C'était comme s'il avait décidé de le prendre sous son aile en attendant de trouver une solution. Thomas ne le disait pas, mais il lui était très reconnaissant de ce fait car malgré tout, la situation restait difficile à vivre pour lui. S'il inspectait un peu moins son corps le matin, cherchant une éventuelle trace de piqûre, il continuait de se demander ce qu'on allait faire de lui. Chaque fois, les mots de Derek lui revenaient en tête. Chaque fois, il se rappelait cet amour inconscient qu'il avait senti dans sa voix lorsqu'il avait parlé de Stiles. Chaque fois, il revoyait cette intime fragilité criante de vérité dans son regard bleu-vert. L'homme, aussi particulier soit-il, était le seul être de cette bande qui lui inspirait une forme de stabilité alors même qu'il semblait capable de renverser l'ordre des choses aussi facilement qu'il ouvrait une porte. Le calme sauvage. La tempête silencieuse. Derek n'était que contrastes et c'était étrangement rassurant.

En ce jour, Thomas pouvait être tranquille. La seule présence vivante au loft n'était autre que Derek qui avait, pour une fois – selon ses dires –, verrouillé l'entrée de son appartement. Il avait l'habitude que ce soit un moulin avant mais disait avoir besoin d'une pause. Thomas le croyait. Cependant, la vérité, c'était que Derek faisait ça pour lui. Parce que le jeune homme qu'il hébergeait avait besoin d'un peu de repos et que voir sans arrêt d'autres gens – cette « meute » ultra collante – ne l'aidait pas le moins du monde. Il était déjà en permanence sur ses gardes, un peu de tranquillité ne lui ferait pas de mal, d'autant plus qu'il avait l'air d'être du genre solitaire, peu loquace. En cela, Derek et lui se ressemblaient. Peut-être était-ce pour cela qu'il l'appréciait déjà, sincèrement. Rencontrer quelqu'un qui lui était semblable, dans un sens, avait quelque chose de rassurant. C'était familier et Thomas avait besoin de petites choses comme celle-ci. Ce monde ? Il n'arrivait toujours pas à s'y adapter, d'autant plus qu'il persistait à ne pas vouloir sortir du loft explorer cette ville remplie de richesse et d'une vie si présente qu'il en avait peur. L'inconnu le terrifiait. Savoir qu'il ne risquait pas de voir le moindre fondu infecter qui que ce soit le faisait frissonner d'horreur. Il devrait pourtant en être rassuré et se dire qu'il pouvait enfin se reposer, mais... Au final, il n'y arrivait pas, c'était plus fort que lui. Il était habitué à vivre au milieu de la mort. A survivre au milieu de ses enfants. L'on ne pouvait pas changer comme cela une vie conditionnée de la sorte.

Les passeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant