Chapitre 7

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Stiles était terrifié, mais il ne pouvait plus reculer. Pas alors que Newt lui avait tout expliqué, l'avait formé aux rudiments du combat malgré sa blessure qui réduisait fortement sa mobilité tout autant que sa force. Néanmoins, il ne se débrouillait pas si mal si l'on prenait son état en compte. Les « leçons » duraient à peine quelques minutes entrecoupées d'une bonne heure de pause pour l'instructeur improvisé, mais il tenait bon. Il était pâle comme un mort et maigre comme un clou, mais il faisait de son mieux et regardait Stiles répéter dans le vide différents coups et enchaînements qu'il lui avait appris dans la foulée. L'hyperactif avait, lui aussi, maigri. A peine quelques jours qu'il était ici, et le voilà qui commençait déjà à avoir moins de joues, moins de graisse et un teint un peu plus clair. Lui qui avait eu tant de mal à faire tanner un minimum sa peau, des heures à lézarder au soleil parties en fumée... Et il se rationnait. Déjà trois jours qu'il faisait cela, conformément à sa décision pour soulager Newt. C'était lui le blessé, lui qui avait réellement besoin de prendre des forces. Alors, même s'il n'était pas d'accord, Stiles faisait parfois en sorte de lui donner la becquée, histoire de l'obliger à bien se nourrir et veiller à ce qu'il prenne une bonne part.

Oui mais là, il n'était plus au « Q.G ». Non, il était dehors et là, ses angoisses lui revenaient en pleine figure. Newt était en sécurité, là-haut, dans cet immeuble qui donnait l'horrible impression de pouvoir s'effondrer à tout moment. Le sortir de là n'était pas à l'ordre du jour, bien qu'il aimerait le mettre réellement en sécurité, et pas le laisser dans un endroit aussi insalubre. Il revoyait sans cesse cette blessure qui guérissait trop lentement, même pour un humain. Newt avait besoin de réels soins, d'une prise en charge importante, mais dans ce monde... Ce n'était pas possible. Stiles avait beau regarder autour de lui, c'était l'enfer. Il n'y avait rien, rien qui ressemblait à un hôpital, à un service d'urgence, à quelque chose de décent... La plupart des immeubles qui s'étendaient devant lui étaient à moitié effondrés, certains néons clignotaient, s'ils n'étaient pas encore éteints et surtout... Les morts déambulaient dans les rues. Stiles aurait voulu crier, mais il savait que ce n'était pas la chose à faire s'il voulait survivre.

« Tu dois à tout prix éviter de te faire griffer ou mordre » lui avait rappelé Newt à de maintes reprises avant de le laisser sortir. Stiles se demanda amèrement pourquoi tout passait par des morsures ou des griffures. Des loups, des kanimas, des... Choses. Ici, il s'agissait de morts, de zombies, de « fondus », comme disait Newt. Une chose était certaine : si Stiles avait toujours refusé la morsure lupine, c'était pour garder son humanité et il avait bien l'intention de ne pas changer ses principes face à ces monstres. Il resterait humain, quoi qu'il arrive. Terrifié ou pas, il s'en sortirait et pas seulement pour lui. Aider Newt était dans un recoin de sa tête. Il avait beau être encore un inconnu à ses yeux, il l'avait recueilli, nourri sans même le connaître, juste pour qu'il ne subisse pas le même sort que la plupart des habitants de ce qui était autrefois une grande ville.

Stiles rasa les murs, fit preuve d'une patience folle compte tenu de son TDAH et de son envie de parler sans arrêt pour se tranquilliser l'esprit. Jamais il n'avait autant attaché d'importance à sa discrétion car cette fois, il savait qu'elle pouvait lui coûter la vie, au sens propre comme au sens figuré. Parce que son corps survivrait sans doute et continuerait de vagabonder ici et là en cas de morsure, cela ne serait sans doute pas le cas de son esprit, qui disparaîtrait sans laisser de traces, dans les méandres de l'oubli. Stiles Stilinski ne serait plus : ne resterait de lui qu'une enveloppe corporelle en décomposition aurait pour seul but d'assouvir une faim éternelle. Autant dire qu'il avait tout, sauf envie de finir de cette façon.

Très honnêtement, s'il avait pu se passer de cette sortie, il l'aurait fait. Se mettre en danger de la sorte, ce n'était pas son truc. Parce que Stiles n'était pas réellement un homme de terrain : ce qu'il préférait, c'était élaborer des plans, coordonner les opérations, s'assurer que tout se passe bien et donner un coup de main si besoin. Le reste, il le laissait à sa meute, parce que ce n'était plus de son ressort.

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