Chapitre 12

205 19 5
                                    


- Tu sais, commença Derek, on est pas des barbares. On ne tue pas comme ça.

Même si ces paroles étaient censées rassurer Thomas, il ne montra aucun signe de décrispation. Ce n'était pas ça qui allait le détendre. Pourtant, même si l'expression de l'homme était indéchiffrable, il n'était pas agressif, loin de là. En fait, se retrouver face à lui avait quelque chose de particulier. Il dégageait une aura particulière, un mélange paradoxal de calme et de sauvagerie. Derek Hale semblait être quelqu'un qu'il n'était pas facile d'ébranler, mais qui pourrait faire des ravages une fois énervé. Il avait ce truc qui rappelait l'animal, un détail qui lui laissait à penser qu'il était sans cesse dans le contrôle, ce qui le rendait d'autant plus dangereux, en soi. En fait, l'impression que lui faisait Derek était toujours plus paradoxale chaque fois qu'il posait ses yeux ambrés sur sa silhouette plus qu'élancée. Protecteur. Guerrier. Ces deux mots n'allaient pas vraiment ensemble à ses yeux, mais ils collaient à cet homme étrange à qui il pourrait confier sa vie, en ayant toutefois quelques réticences. Et pourtant, il s'agissait de celui avec lequel il se sentait le plus à l'aise parmi tous les membres de ce groupe un peu étrange. Enfin, tout était relatif.

L'homme soupira et ancra son regard dans le sien.

- Pour être tout à fait honnête avec toi, Stiles n'est pas quelqu'un de facile à vivre, mais c'est quelqu'un qu'on apprécie pourtant tous. Je l'apprécie beaucoup.

Il fit une très légère pause.

- Je donnerais beaucoup de choses pour le retrouver.

Son regard s'était assombri.

- Mais je ne sacrifierais certainement pas la vie de celui qui est revenu à sa place. Tu as été arraché à ton monde, il l'a été au sien.

Il paraissait inflexible et c'est cette inflexibilité qui continua doucement de détendre Thomas. S'il devait effectivement finir par se fier à quelqu'un, ce serait certainement à Derek qu'il accorderait sa confiance, si difficile à obtenir. C'était étrange comme cet homme pouvait autant faire peur que rassurer. Un mélange particulier entre sauvagerie et droiture.

Cela lui rappelait quelqu'un.

Thomas se mordit la lèvre inférieure. Pourquoi continuait-il de se rappeler sans cesse à sa mémoire ? Les morts avaient cela d'inconvenant que de venir toquer à la porte de l'esprit des vivants sans que ceux-ci n'aient leur mot à dire. Ils faisaient souffrir leurs proches en mourant, alors pourquoi insister encore et réveiller cette douleur si difficile à faire taire ?

- A quoi tu penses ? Lui demanda Derek d'un air insondable.

Il gardait les bras croisés sur son torse, dans une attitude toutefois fort détendue. Thomas n'était toujours pas vraiment à son aise et ne réfléchit pas vraiment à la question, tout comme il ne chercha pas à en dissimuler la réponse :

- A un ami, enfin... Il était bien plus que ça, mais... Tu m'as fait penser à lui.

Sa voix était amère, un peu dure, mais empreinte d'une douleur qui ne pouvait pas se feindre. Ce garçon avait un vécu, et bien le sien. Pas celui de quelqu'un d'autre. Il avait aussi sa propre personnalité et désolé pour Scott, mais Derek constatait toujours plus à chacune de ses interactions avec Thomas à quel point son alpha avait tort. Et sans qu'il eut besoin de dire quoi que ce soit, le brun aux multiples grains de beauté continua :

- Il avait ce regard dur... Très sombre. Le tien est clair mais... Tu as cette même dureté. Quand on te regarde, c'est difficile de savoir si tu vas attaquer ou pas et pourtant... Tu dégages quelque chose de rassurant. Lui, c'était la même chose. Il était... Il était particulier, oui, mais il n'y avait qu'en sa présence que je me sentais bien. On avait beau être dans un monde de merde et risquer notre vie chaque jour... Avec lui, c'était plus simple.

Les passeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant