Chapitre 8

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- Qu'est-ce qui t'arrive ?

La voix de Newt, bien que toujours faible, était empreinte d'une inquiétude marquée, tout comme son regard des abysses. Il fixait Stiles qui avait réussi sa première sortie sans se faire mordre et en plus de ça, en ramenant tout ce qu'il avait pu trouver en termes de nourritures et d'objets utiles, deux jours plus tôt. Il avait repéré quelques endroits inexplorés, non exploités par la plupart des survivants qui, depuis, devaient avoir passé l'arme à gauche. Ou bien sans doute faisaient-ils désormais partie des morts-vivants qui sillonnaient la ville, sans âme, dirigés par un appétit sans faim et sans fin.

Oui, Stiles avait réussi et ne s'était vraiment pas mal débrouillé pour un nouveau dans ce monde qu'il ne connaissait encore que très mal. Pour autant, il semblait à Newt que sa santé commençait lentement à décliner. Outre sa peau devenue pâle et les cernes qui creusaient ses yeux, c'était son air éteint et ses mouvements frénétiques qui commençaient sérieusement à inquiéter Newt. Les premiers jours, ça allait, et Stiles paraissait simplement canaliser son stress. Mais là... Il avait l'air de perdre pied. Là encore, le brun tapotait de manière maladive l'espèce de vieux stylo qu'il avait trouvé l'autre jour et qu'il avait tenu à ramener au Q.G, comme il aimait à l'appeler.

Newt fronça les sourcils en voyant que son colocataire ne lui répondait pas. Stiles ne lui avait pas donné l'impression de l'avoir entendu. Il n'avait esquissé aucun mouvement à part son tapotage intempestif et n'avait pas détourné son regard fixé sur le stylo. Il l'appela, encore, en vain. Alors, il se redressa en grimaçant et retint un gémissement alors que sa blessure – qui mettait beaucoup trop de temps à guérir – le tirait atrocement. Après de longs essais, il réussit finalement à se rapprocher de Stiles et lui toucher l'épaule. Le brun sursauta violemment et tourna brutalement la tête vers le blondinet.

- Qu'est-ce que... Quoi ? Articula difficilement l'adolescent aux multiples grains de beauté.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Répéta Newt comme il le put.

Parler avec sa blessure en plein milieu du torse était toujours aussi difficile, mais il faisait des efforts. Après tout, il était censé guérir, surtout depuis qu'il avait quelqu'un qui le soignait avec plus de soin qu'il ne le faisait lui-même. Et puis, Stiles faisait de son mieux pour s'adapter à ce monde qui n'était pas le sien, quitte à se dépasser lui-même pour leur ramener à manger. Pour quelqu'un qui n'avait jamais croisé de Fondu dans sa vie avant d'arriver ici, il s'en sortait bien... Ce qui l'aidait, c'était son instinct de survie, durement gagné chez lui. Newt ne connaissait pas grand-chose de son passé et à vrai dire, il ne l'avait pas encore vraiment questionné là-dessus. A vrai dire, il n'osait pas vraiment. Il sentait son mal-être, trop habitué à côtoyer la mort et la tristesse au quotidien, alors il n'avait aucune envie de remuer le couteau dans la plaie. Se faire arracher de chez lui pour atterrir ici devait être une horreur.

Stiles le regarda d'un air absent et finit par froncer légèrement les sourcils. Son front se plissa et il finit par se pincer l'arête du nez. Newt commença à s'inquiéter mais finalement, le brun finit par lui répondre après quelques secondes d'un blanc étrange :

- Je... Je crois que ça commence à être difficile.

Sa voix était pâteuse et parler semblait lui être un effort, comme pour Newt mais pour des raisons différentes. Le blond se rapprocha tant bien que mal de Stiles de manière à s'assoir à côté de lui en grimaçant et une fois qu'il eut réussi, il remarqua une chose et pas des moindres.

Le brun faisait toujours attention à ce que son hôte fasse le moins d'efforts possible pour qu'il se ménage. Il l'aidait à chaque déplacement, faisait tout pour qu'il ait un maximum de confort avec les moyens du bord. Newt pouvait très bien s'en sortir sans et à vrai dire, il n'en demandait pas tant à son invité, mais le changement était flagrant. Il n'allait pas se plaindre – bien que sa vie actuelle était bien plus facile depuis que Stiles y était entré. Toutefois, cette brutale différence était là. Et il fallait qu'il comprenne. Si le brun était effectivement d'une grande aide, c'était aussi quelqu'un de perdu et d'agréable qu'il ne comptait pas laisser tomber. Le monde tombait en ruine, les derniers survivants mouraient peu à peu, mais ils étaient encore là. Même s'ils ne se connaissaient pas extrêmement bien, ils allaient continuer d'avancer ensemble. Après tout, n'étaient-ils pas dans la même merde ?

Les passeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant