Chapitre 16

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Ni Thomas ni Derek ne furent capable d'expliquer ce qui finit par se produire. Ce fut si brutal qu'aucun ne réagit durant plusieurs secondes. Mais tous deux continuèrent de fixer le miroir.

Qui, sans prévenir, avait retrouvé sa fonction principale.

Celle d'avoir un reflet.

Stiles n'était plus là et... Il avait disparu d'un coup. Sans préambule. Enfin pas vraiment. Juste avant, il avait pris une teinte un peu pâle et dit à Thomas qu'il se passait quelque chose avec son miroir à lui et... L'image du jeune homme s'était évanouie aussi soudainement qu'elle était apparue.

Avec un temps de retard, Thomas se mit à l'appeler. Derek suivit. Il tapa à nouveau le miroir, aussi et... Depuis quand était-il devenu incassable ?

En tout cas, rien ne se produisit et un silence de mort s'installa dans le loft alors qu'on peinait à intégrer et à comprendre ce qu'il venait de se passer.

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Stiles était figé face au miroir qui lui renvoyait désormais son propre reflet. Celui d'un jeune homme épuisé, à bout mentalement et au visage ravagé par les larmes. Il baissa les yeux : son propre regard le terrifiait. Parce qu'il lui paraissait fou. Parce qu'il se sentait dingue. Que rien n'avait de sens. Que, peut-être, il perdait la tête. Sans doute. Oui, c'était sûrement le cas. Cette vision... Thomas, Derek, les avait-il rêvés ? Oui. Non. Je ne sais pas.

Et pourtant, son regard accrocha à nouveau son reflet. Puis le coin inférieur droit du miroir. Une fissure. Petite, mais bien présente. Il la toucha de ses doigts tremblants sans savoir s'il devait essayer de trouver une explication rationnelle à ce qu'il venait de se passer ou s'il valait mieux... Remettre tout sur le compte d'une folie potentielle. Après tout, ce monde le déprimait et la solitude le rongeait davantage chaque jour qui passait. Si l'on ajoutait à cela qu'il n'avait mentalement pas complètement récupéré de sa possession par le Nogitsune quelques mois plus tôt... Il était possible que l'hyperactif ait tout simplement atteint ses limites malgré ses différentes tentatives pour être fort.

Aller jusqu'à imaginer Derek et – encore pire – Thomas... C'était possible tant sa situation le désespérait.

Ereinté, épuisé, désabusé, Stiles fit ce qui lui parut le plus logique.

Il sortit de sortit de cet immeuble et décida de partir retrouver Newt. Lui au moins... Il était véritablement réel. Stiles le savait pour l'avoir tenu dans ses bras et pour lui refaire régulièrement ses pansements avec le peu de matériel médical qu'il pouvait avoir à sa disposition... Ça aussi, c'était déprimant. Ici, tout était rare et difficile à trouver. Un monde mort, voilà ce dans quoi il était. Autour de lui, les cadavres avançaient sans but, prêts à s'activer au moindre signal que pourrait leur donner l'humain s'il faisait une erreur. Et dans son état, dieu sait à quel point il était capable d'en faire. Mais pour l'instant, tout allait bien : il s'était badigeonné de sang avec celui d'un fondu qu'il avait tué et dont il avait gardé quelques restes dans un récipient cradingue. Des stratégies, Newt lui en avait enseigné des tas et lui-même en avait mis certaines au point.

Stiles dut se concentrer à outrance pour marcher en faisant le moins de bruit possible mais il manqua d'alerter les zombies autour de lui à plusieurs reprises. Une pensée morbide lui traversa fugacement l'esprit. Et s'il laissait tomber sa discrétion ? Que se passerait-il s'il se mettait à parler, comme ça ? S'il jetait son sac par terre ? S'il se mettait à hurler ? S'il poussait un fondu, juste pour lui signaler sa présence ? Stiles savait qu'il finirait mordu, déchiqueté. Peut-être qu'avec un peu de chance, il mourrait sur le coup, trop abîmé par ces monstres pour en devenir un lui-même.

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