Chapitre 9

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Stiles ouvrit les yeux sur Newt, qui le regardait d'un air inquiet. L'hyperactif, lui, était relativement calme, jouissait d'une tranquillité dont il avait cruellement manqué ces derniers jours. Vivre avec un colocataire insupportable qui l'embêtait sans arrêt, l'empêchait parfois de dormir, dérangeait ses pensées au point de le mettre dans un état de confusion extrême... C'était difficile, surtout quand le colocataire en question n'était autre que lui-même. Cependant, les comprimés qu'il avait trouvés grâce aux indications de Newt changeaient la donne. Si l'effet n'était pas aussi puissant que celui de son Adderall – et qu'il devait donc, par conséquent, en prendre un peu plus tout en faisant attention –, c'était toutefois la meilleure chose qu'il pouvait avoir auprès de lui dans ce monde désolé. Il pouvait réfléchir à nouveau, ne pas mettre de longues minutes à comprendre de simples mots. Il pouvait parler avec Newt sans se torturer pour essayer de capter les mots, de les dissocier entre eux, de saisir le sens d'idées simples tout autant que leur cohérence.

Stiles était de nouveau lui-même.

Aller au-devant du danger dans son état n'avait pas été facile, mais il avait réussi. En fait, sans Newt, Stiles n'aurait pas réussi à atteindre l'endroit, tout comme il n'aurait pas réussi à ne serait-ce que faire attention à son environnement, aux morts-vivants peuplant la ville morte. Parce que Newt était toujours affreusement blessé, qu'il fallait le soutenir pour l'aider à marcher. Et pourtant, ce n'était pas un poids, loin de là.

Pour le coup, il avait été son ancrage. Son ancrage habituel – et secret – n'était pas là, alors, il avait fait autrement. Devoir soutenir Newt et faire tout ce qui était possible pour lui faire courir le moins de danger possible lui avait permis de se concentrer malgré la maladie, assez pour arriver dans ce vieil hôpital abandonné, récupérer le médicament après l'avoir fébrilement cherché pendant que Newt tuait comme il pouvait un ou deux zombies perdus dans les couloirs. Il avait beau être faible, il avait de la ressource. Et puis il s'était effondré contre un mur, attendant que Stiles revienne après avoir pris deux comprimés de son désormais précieux trésor dont il avait, depuis, fait du stock.

Et ça, c'était il y a quatre jours.

Pour l'instant, il était stable.

- Je vais bien, le rassura-t-il d'une voix faible.

Son ventre gargouilla et le regard ébène de Newt continua de le fixer avec inquiétude. Atrocement cerné, le jeune homme faisait peine à voir. Et pourtant, Stiles prenait soin de lui comme il pouvait et faisait en sorte qu'il puisse manger le plus possible.

Lui, n'avait rien avalé depuis la veille, mis à part une pauvre miche de pain trouvée dans la journée.

xxx

Thomas ne voulait plus sortir. Il était bien, chez ce Derek, en compagnie de celui-ci. La rouquine, Lydia, était également d'agréable compagnie, tout le contraire de Scott qui ne cessait de l'agacer. Et si, à force, il commençait à se dire que, peut-être, ces gens-là n'étaient pas de WICKED, il restait tout de même toujours sur ses gardes. Toutefois, il se permettait de se détendre en leur présence. Après tout, il ne trouvait toujours pas de trace de piqûres sur son corps, ne perdait pas connaissance, analysait sans arrêt ses journées à la recherche d'un élément qui ne collerait pas, même si sa vie en elle-même était étrange. A vrai dire, il ne comprenait toujours pas ce qu'il faisait dans cette ville, Beacon Hills, ni comment il était arrivé. Le pire, c'était que ces gens qui l'accueillaient n'en avaient aucune idée et paraissaient franchement désemparés lorsqu'il avait le courage d'aborder le sujet en surface.

Thomas aimait bien Derek, sincèrement. C'était un hôte discret qui lui laissait de l'espace. Il lui avait certifié qu'il pouvait se servir dans le frigo à sa guise ! Manger, manger sans compter ! C'était quelque chose de rare, dans son monde. Il fallait toujours se battre pour avoir quelque chose, fouiller les maisons, essayer de faire vivre quelques cultures, rassembler des animaux – c'était le plus difficile –, empêcher de rares voleurs de s'emparer de ses vivres... Chez lui, manger, c'était l'enfer. Et là, Derek lui laissait l'accès libre à son garde-manger. Ce qui était surprenant, c'était qu'il avait de tout : des fruits, des légumes, de la viande, des produits laitiers... Et il n'avait pas l'air d'en manquer. Mais aux yeux de Thomas, ce n'était pas le plus important.

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