Chapitre 6

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Thomas n'aurait jamais imaginé qu'on mettrait un vrai lit à sa disposition, ni même qu'on lui accorderait le droit de jouir d'un tel confort. Depuis quand n'avait-il pas eu accès à des draps propres, un matelas correct et un oreiller moelleux ? Dans ses souvenirs, WICKED n'avait rien d'aussi confortable. Et pourtant, il n'avait pas dormi de la nuit. Parce qu'il était inquiet, nerveux, paranoïaque. Que cachait une telle bienveillance ? Elle ne pouvait pas être réelle, elle était forcément fausse ! On lui cachait quelque chose. Ses geôliers attendaient simplement qu'il baisse ses gardes pour... Pour lui faire quoi ? Il avait déjà tout perdu, on ne pouvait plus rien lui prendre. Son ex, son meilleur ami... Il lui restait ses quelques amis, sur l'île, son deuxième meilleur ami du nom de Minho, mais... C'était tout. Il n'avait aucune possession, n'avait plus rien de valeur. Ah, si.

Son sang.

Toujours son sang.

Mais ça, ses geôliers n'avaient pas besoin de l'amadouer pour l'obtenir, il suffisait de l'immobiliser et de lui prendre de force.

Alors oui, il avait passé sa nuit à angoisser dans son coin, sachant parfaitement qu'il était seul et que personne ne viendrait le rassurer, ce qui était logique étant donné qu'il était prisonnier. Toutefois, l'envie de dormir l'avait démangé à de nombreuses reprises. C'était même lui qui avait demandé à ces gens de le laisser dormir. Pourtant, il n'avait pas fermé l'œil de la nuit.

Ses yeux rougis la fatigue accumulée se posèrent sur le réveil à côté du lit.

11h.

Il était étonnant qu'on ne soit pas encore venu le lever. Toutefois, il s'attendait à voir l'un d'entre eux entrer de manière fracassante. Ils allaient tomber les masques, c'était certain et il n'avait pas envie de voir ça, même s'il n'aurait sans doute pas le choix. Il ferma les yeux. Il haïssait sa vie. Chaque jour qui passait était une torture qui lui rappelait sans cesse qu'il n'était plus rien et que les gens auxquels il tenait le plus n'étaient plus de ce monde depuis un moment.

Thomas pourrait se lever, aller les voir pour abréger ses souffrances, car il était certain qu'une fois qu'ils auraient eu ce qu'ils voulaient, ils se débarrasseraient de lui sans une once de pitié. Oui, il pourrait faire ça. Mais merde, depuis combien de temps n'avait-il pas été dans un vrai lit ? Il resserra la couette autour de lui et respira l'odeur douce de la lessive de l'oreiller. Ses yeux se fermèrent mais il ne dormit pas : il étouffa juste quelques larmes en espérant qu'on ne le regardait pas à travers l'image tressautante d'une caméra.

xxx

- Doucement, souffla Stiles. Force pas trop.

L'hyperactif fit péniblement quelques pas, soutenant son nouvel ami qui peinait réellement à marcher. Le souffle du blondinet était court et son visage adorable était crispé par la douleur à un point inimaginable. Non, définitivement, il n'y arriverait pas. Sortir ainsi était une mauvaise idée.

- Non, ça va pas le faire, lâcha le lycéen en secouant la tête.

Newt le regarda sans comprendre. Sincèrement, il faisait de son mieux, mais il fallait avouer qu'il avait beaucoup de mal à se mouvoir. Il protesta lorsqu'il vit que son invité tournait pour le ramener vers ce qui lui servait de lit. Cependant, Stiles campa sur ses positions et le rallongea de force, tout en faisant attention à ne pas lui faire mal.

- Stiles, je t'assure que...

- Non, Newt, tu peux pas assumer, le coupa Stiles. Vraiment, cherche pas, c'est pas prudent que tu sortes.

Il ne lui faisait aucun reproche, il énonçait simplement un fait important. S'il était effectivement nécessaire de sortir de cet abri en ce jour pour chercher un semblant de nourriture, ce serait sans Newt. Sa blessure guérissait vraiment lentement et il était épuisé. Non seulement cela faisait un moment qu'il ne mangeait pas à sa faim mais en plus il dormait peu. La douleur qu'il ressentait la plupart du temps était telle qu'elle le réveillait. En changeant ses pansement, Stiles avait fait attention d'appliquer les conseils que lui avait donnés Melissa, un jour où Lydia s'était blessée. Il avait bien regardé, et elle ne s'infectait pas. Non, le problème, c'était vraiment que son hôte avait besoin de repos en grande quantité. Il fallait qu'il se ménage et qu'il reprenne des forces. Un jeune de son âge ne devrait pas avoir le visage aussi émacié et des cernes si prononcés. Newt était mal en point depuis des semaines et il s'était débrouillé seul, au détriment de sa santé.

Les passeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant