Chapitre 10

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Thomas suait à grosses gouttes et enchaînait les exercices. Il aimait le sport, il aimait bouger, il aimait se sentir en forme. S'il n'avait pas le corps d'un apollon, le sien restait toutefois très athlétique et l'on ne pouvait douter de la présence de ses muscles finement dessinés. Il était fin, mais pas sans rien. Et la situation qu'il vivait actuellement le stressant un tantinet, il s'était décidé à faire du sport le plus souvent possible. Il était hors de question qu'il continue à laisser ses journées passer sans rien faire. S'il avait décidé d'accorder un minimum sa confiance à Derek, il restait tout de même encore un peu sur ses gardes. Ce monde, il ne le connaissait pas, et ces gens, non plus. D'ailleurs, qu'est-ce qui lui disait que tout ça était bel et bien réel ? WICKD avait les moyens de créer des simulateurs très sophistiqués, donnant l'impression de se balader dans un monde bel et bien réel. Toutefois, Thomas doutait de cela. Toutes les sensations étaient bien trop réelles pour qu'il soit en train de diriger son esprit via un ordinateur quelconque. Son corps était engourdi, ses bras endoloris, mais il continuait. En fait, il avait bien l'intention de se donner à fond durant cette petite séance de sport improvisée. S'il atteignait ses limites, c'était bien, mais les dépasser serait encore mieux. Se déchirer ainsi lui évitait de trop penser et se faire des nœuds au cerveau – il ne demandait que ça. Mentalement, il était déjà fatigué alors qu'au final... On ne le traitait pas mal. Il avait ses libertés, on ne lui avait jamais interdit directement de sortir, on lui disait de manger ce qu'il voulait, mais... Rien à faire, son esprit se fatiguait à le convaincre qu'on lui voulait du mal. S'il acceptait certaines choses et qu'il gagnait chaque jour des preuves de la bienveillance de son hôte et de ses amis, il n'arrivait pas à y croire à cent pour cents. Il attendait que quelque chose de mauvais se passe, qu'on lui révèle leurs vrais visages. S'il devait lui arriver quelque chose, ce serait latent et insidieux.

Thomas entendit distinctement la porte du loft coulisser en grinçant comme à son habitude, mais il ne s'arrêta pas dans sa lancée. Il continua ses tractions sans se soucier de la potentielle présence de ses pseudos geôliers. Quoique, il commençait à avoir chaud, sincèrement et son t-shirt... Était trempé. Pour être honnête, Thomas devrait s'arrêter. En effet, cela faisait un moment qu'il travaillait son corps, qui avait bien besoin d'une pause. Comme sentir un tissu mouillé frotter contre sa peau commençait à être sérieusement désagréable, il lâcha la barre de tractions de Derek et retomba un peu lourdement sur ses pieds avant de se retourner vers... Derek, Lydia et une jeune femme qu'il n'avait pas souvent aperçue, Malia.

- Salut, lâcha-t-il, visage et ton fermés.

Il ne voulait pas qu'on pense qu'il avait totalement baissé sa garde. Son but, c'était de montrer qu'il acceptait potentiellement leur présence, à condition qu'on ne le prenne pas pour acquis.

Mais il fut déconcerté. Déconcerté, oui, parce que les trois jeunes gens face à lui le regardaient d'un air médusé, comme si... Comme si quoi ? Comme s'il avait fait quelque chose de spécial, ou quelque chose qui n'était pas dans ses habitudes.

- Bonjour Thomas, finit par articuler Derek qui ne cachait tout de même pas sa surprise.

Il savait que le jeune homme faisait du sport de temps à autres, mais... Pas à ce point. Des tractions. Il faisait des tractions. Ce n'était pas juste une pompe par-ci par-là. Le brun était luisant de sueur, les muscles de ses bras se voyaient d'autant plus qu'il venait de les solliciter.

- Tu vas... Bien ?

C'était la seule chose que Derek avait trouvée à dire pour briser le silence entre eux. Thomas hocha simplement la tête et demanda au loup s'il pouvait retirer son t-shirt parce qu'il était trempé. D'ordinaire, il ne s'en serait pas soucié, mais là... Quelque chose le retenait. Derek lui dit qu'il ne voyait aucun problème à cela, sans lui révéler que ça l'arrangeait pour ce qu'il avait à vérifier. Thomas se retourna, retira son t-shirt et alla le poser sur le dossier d'une chaise. Lydia écarquilla les yeux, mit ses mains sur sa bouche entrouverte. Malia fronça les sourcils.

Les passeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant