Newton se perdait dans ses contemplations. L'appartement de Thomas ne partageait rien du sien. Ni la valeur, ni la grandeur, bien moins la chaleur. Il eut cette impression familière en découvrant sa chambre ; elle était encore plus franche, plus encombrante, mais un sentiment admiratif s'emparait avec appétit de sa honte. Elle était celle de Thomas, le bel et astucieux jeune homme, à la douceur et la patience miraculeuses. Jamais celle d'un autre.
« Kate passe quelques jours chez son copain. informa Thomas. Je peux utiliser sa chambre, et toi la mienne.
— Ne crois-tu pas en faire déjà assez ? déclina Newton. Je ne paye pas, je ne vais pas en plus te voler ta chambre. Le canapé comme le sol me suffisent, Tommy. Je n'ai jamais connu le luxe.
— Eh bien, je veux te l'offrir.
— Tu fais déjà assez pour moi, Edison. répéta-t-il. Je te suis éternellement reconnaissant — je te le dirai jusqu'à la démence. Et je ne veux pas que tu te sacrifies davantage pour moi.
— Et je veux que tu dormes confortablement.
— Tommy, as-tu vu votre canapé ? il bat largement mon propre lit.
— Je ne veux pas, arrête d'insister. répondit-il en riant légèrement. Je ne changerai pas de position.
— Tu sais parfaitement bien ce que tu veux, dis-moi... remarqua-t-il en souriant. Que proposes-tu dans ce cas, si nous ne trouvons pas un commun accord ?
— Serais-tu d'accord pour dormir avec moi ? avança-t-il après des secondes de silence.
— Oh... rougit aussitôt Newton, la voix plus rocailleuse. Je ne veux vraiment pas te déranger, Tommy...
— Tu serais incapable de me déranger, même en le voulant... admit-il en riant nerveusement.
— Es-tu certain ?
— Cela te dérange-t-il ?
— M... Moi ? non, non... au contraire, j'aurais l'impression de prendre moins de place. Je pensais plutôt à toi... es-tu certain de le vouloir ?
— Pourquoi me le demandes-tu ?
— Eh bien, nous nous connaissons à peine, je suis plus âgé, et tu as vu ces photos... extrêmement compromettantes. N'as-tu pas — comment dire... peur de moi ?
— P... Peur de toi ? releva Thomas avec surprise.
— J'ai conscience que c'est une question flippante, mais... vois-toi, à ta place, je n'aurais sûrement pas été à l'aise... et je ne veux pas que ça soit ton cas.
— Newton, tu as ma confiance depuis le jour où j'ai entendu parler de toi. Notre écart d'âge est pour moi subsidiaire, ces photos n'existent pas parce que tu l'as voulu ne serait-ce qu'une fois... Pourquoi te craindrais-je ?
— Car j'ai été suffisamment stupide et soucieux de mon image pour cogner un gamin... murmura-t-il, ayant un léger sourire désolé. Merci, Edison.
— Pour ?
— Tout. Absolument tout. »
Les yeux de Newton étincelaient d'une joie innocente, et il souriait à Thomas en mordant sa lèvre.
« Veux-tu te doucher ? bégaya enfin Thomas, s'interdisant de le détailler. Je te passerai des vêtements.
— Vas-y d'abord, Tommy, je t'en prie.
— Très bien... »
Il partit. Durant son absence, Newton se prit de passion pour sa chambre. Il y avait quelque chose de subtile en elle — en réalité, son charme était fondamentalement Thomas. Il le voyait partout. Le lit, grand, soigneusement fait, le bureau ordonné, les fiches de révision simples et singulières, le beau portrait de son groupe d'amis. Un rien le lui rappelait, et il avait à chaque regard une chaleur surprenante qui se retenait à son ventre.
Les minutes s'écoulaient silencieusement. Thomas resurgit avec une serviette enroulée à la taille, et Newton sourit en se surprenant à rougir.
![](https://img.wattpad.com/cover/284105032-288-k487573.jpg)