Au sommet du monde ⭐⭐⭐

Chapitre 21

9h04 - 13 juin 2022 - Clairefontaine

Les jours suivants notre retour de Croatie sont passés à une vitesse folle. Je me suis retrouvée embarquée dans le tourbillon de l'Équipe de France : déplacements, soins, entrainements, rendez-vous, réunions, moments de détentes, repas ... J'ai passé le plus clair de mon temps dans mon bureau à recevoir joueurs et membres du staff. Didier était passé pour discuter de la pression ressentie pour ramener prochainement la troisième étoile, plusieurs joueurs souhaitaient parler du stress du Mercato, les jeunes doutaient de leurs compétences, les plus vieux de pouvoir encore gérer une Coupe du Monde ...

Le match contre l'Autriche avait été étonnamment plus compliqué que les autres. Les bleus sont parvenus à arracher le nul à quelques minutes de la fin sur un corner. Tête de Raph' dans la surface, ça s'est terminé en 1-1.

Antoine a passé toutes ses nuits avec moi, nous avons énormément discuté et j'avoue être rassurée quant au fait que notre relation puisse fonctionner malgré sa notoriété. J'ai découvert le vrai Antoine, le gars simple qui aime voir des amis, regarder un match de foot ou faire du basket dans son jardin. Celui que sa mère surnomme Titi, celui qui adore se disputer avec son frère et sa sœur, même si il les aime plus que tout. Et je me vois rester avec cet Antoine là, même si avec sa vie à Madrid et la mienne à Strasbourg, je sais que nous allons tenter de vivre notre histoire.

Je suis encore couchée à ses côtés, nos deux corps emmêlés dans les draps, il me fait répéter :

-"Mi nombre es Lou. Cómo estás ?" (= je m'appelle Lou. Comment ça va ?)

-"Pas mal, ma petite espagnole ! Allez, maintenant, tu sais ce que tu dois dire, sinon grève de bisous jusqu'à la fin du rassemblement"

-"Mi amor es un dios" (= mon chéri est un Dieu) dis-je en roulant des yeux et en montant à califourchon sur lui pour le chatouiller. "Tu avais dis que tu m'apprendrais l'espagnol pour que je puisse me débrouiller à Madrid, pas pour faire gonfler ton égo !"

Nous rigolons tous les deux avant de nous habiller. J'aime les moments comme ça, ou nous pouvons presque croire que nous sommes un couple normal, alors qu'en dehors des murs de nos chambres, ce n'est pas le cas.

On toque à la porte. Nous nous figeons, je ne suis pas sensée être là, surtout pas en t-shirt et en culotte. Je me dépêche de sauter dans un short et je regarde ou me planquer.

-"Vous pouvez ouvrir les gars, c'est Paul"

Soupir de soulagement. L'attaquant ouvre la porte au défenseur qui se faufile dans ma chambre et rigole de nous voir gênés.

-"C'était juste pour vous prévenir que Didier veut te voir Lou. Et Antoine, on doit descendre au terrain d'entrainement dans 15 minutes. Vu que vous avez pas l'air d'avoir regardé vos emplois du temps, je me suis dit que Super Paul allait vous prévenir !".

-"Merci Super Paul ! Bon je file m'habiller".

J'embrasse Antoine sur la bouche et Paul sur la joue et je me rends dans ma salle de bain. Un jean, mon t-shirt blanc du staff, mes converses et je laisse mes cheveux lâchés, pour une fois. J'entends les garçons partir. Mon Mâconnais est tellement bordélique qu'il doit sans doutes avoir eu une tenue entière dispo dans ma chambre pour son entrainement.

Je rejoins rapidement Didier dans le hall. Il souhaitait me voir pour faire un point sur mon travail jusqu'ici :

-"Je t'avoues que j'étais un peu sceptique au début quand Guy et Julien m'ont parlé d'engager une psy pour être avec nous à Clairefontaine... Mais je suis plus que ravi de les avoir écoutés les deux hommes Stéphan ! Je n'ai jamais vu les garçons avec l'esprit aussi libéré, ils n'ont plus aucun autre souci en tête, tout est dirigé vers le foot. Je suis donc honoré de t'annoncer que tu es définitivement dans la famille des Bleus. Si avec cette équipe et ce staff dont tu fais maintenant partie, on ne gagne pas cette troisième étoile, c'est qu'on ne gagnera plus jamais" me dit-il avec un grand sourire. "Allez vient, on descend rejoindre Guy à l'entrainement".

Je remercie vivement le sélectionneur et nous discutons jusqu'à arriver au terrain. Les garçons sont par petits groupes et deux de mes gugusses préférés sont en train de s'amuser.

Je me demande s'ils vont vraiment tenter ça en célébration.. Ça serait marrant à voir ! Je les regarde avec un sourire que Didier intercepte.

Il me dit tout bas :

-"Tu sais, j'ai déjà vu plusieurs fois comment vous vous regardez avec Antoine ..."

-"Oh euh, ah bon ? On est bons amis c'est vrai..."

-"Si tu le dis Lou ... Mais tu sais, c'est pas au vieux singe qu'on peut apprendre à faire la grimace. Vous arrivez peut-être à berner les autres, mais ça marche pas pareil avec moi." dit-il dans un sourire "Je sais que je devrais plutôt te dire que ce n'est pas adapté dans un cadre de travail, que tu es là pour les aider à se concentrer et pas l'inverse... Mais je vois surtout à quel point Antoine est heureux depuis que tu es là et je vais plutôt retenir ça. Tu sais, je suis très attaché à ce petit, son histoire me rappelle un peu la mienne et avec tout ce qu'il a vécu les derniers temps, je suis heureux qu'il soit tombé sur quelqu'un comme toi. Même si vous êtes juste amis bien sûr...." nouveau sourire du sélectionneur. "Dans le doute, sache que vous avez ma bénédiction, et que quand vous serez prêts à l'annoncer, je vous soutiendrais".

-"Merci Didier, tes paroles me touchent beaucoup, ça compte beaucoup pour moi."

Il me serra le bras et se dirigea vers son adjoint et Franck pour reprendre en main l'entrainement.

Bon, nous n'avions même pas encore anticipé ce problème qu'il était déjà réglé. A croire que l'univers voulait vraiment que tout se déroule bien entre Antoine et moi ...