Bonus 1

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Jour de match, jour de chapitre bonus ? 🌻⚽️

20h03 - 16 juin 2023 – Stade de l'Algarve

Il va me tuer, je le sais très bien. J'imagine déjà son regard, lorsqu'il va poser les yeux sur moi, mon maillot floqué à son nom mettant encore plus l'arrondi de mon ventre en valeur. C'est à peine s'il me laisse me balader seule à Madrid, alors avoir traversé le pays en direction du Portugal pour assister à son match, je vais en entendre parler longtemps, si je survis. Heureusement pour moi, mon meilleur système de défense est encore bien au chaud.

Mais en même temps, la maison est si vide depuis son départ. Départ qui coïncide en plus avec la semaine des enfants chez Erika. Alors oui, j'ai craqué et j'ai menacé Lucas de rétrogradation dans le classement des meilleurs tontons pour qu'il accepte de m'emmener avec lui. Il va se faire tuer lui aussi d'ailleurs.

- Allez, bouge ton cul Martin, t'es lente comme pas possible ! soupire Lucas, quelques marches devant moi en roulant des yeux.

C'est officiel, il va mourir, mais plus tôt que prévu. Arrivée à sa hauteur, je lui assène un coup de poing sur l'épaule, qui le fait grimacer. Bien fait.

- Je suis enceinte jusqu'au cou espèce d'abruti ! Quand t'auras fabriqué des organes et des os une fois dans ta vie, tu reviendras me parler !

Dans un rire, le défenseur passe son bras sur mes épaules pour monter les dernières marches avec moi avant d'arriver à la zone dédiée aux familles. Et enfin, après une semaine, je peux de nouveau poser mes yeux sur lui pour de vrai pendant qu'il s'échauffe. Il a bronzé cette semaine, il me parait encore plus beau que d'habitude. Je l'observe tout en avançant vers mon siège, sans faire attention à tout ce que blablate Lucas dans mes oreilles. Son sourire, ses mimiques, sa façon de marcher, je crois que tout m'a manqué.

C'est notre première séparation aussi longue depuis la coupe du monde et mon quotidien est bien vide sans lui, même s'il a essayé de garder autant de contact que possible par téléphone. Mais il faut bien avouer qu'avoir mon Iphone sur le ventre pour qu'il puisse parler à sa fille avant de dormir a beaucoup moins de saveur que de sentir son souffle au niveau de mon nombril et ses mains sur mes hanches.

J'ai toujours été plus du matin que du soir, mais depuis que je suis à Madrid, ce point a changé du tout au tout. J'aime le soir : chercher les enfants, goûter tous ensemble, faire les devoirs, cuisiner, donner le bain, manger tous les 5, regarder un film... Puis, une fois que les enfants sont couchés, me glisser dans les draps, chausser mes lunettes et faire semblant de lire pendant qu'Antoine s'installe au dessus de mon ventre. Il commence toujours par passer délicatement de la crème tout en racontant sa journée, les bêtises des enfants, les nouveautés dans le monde du foot... Il s'extasie devant ma peau qui se déforme lorsque notre fille donne des coups pour montrer qu'elle est bien là et qu'elle l'écoute. Et même si j'essaye un maximum de leur laisser du temps "rien que tous les deux", j'aime l'entendre tisser des liens avec notre bébé qui n'est même pas encore là.

Même après plusieurs mois, je visualise encore la main d'Antoine sur la mienne pendant le premier rendez-vous. Nos larmes lorsque nous avons entendu le cœur battre pour la première fois. Son sourire lorsque quelques heures plus tard, assis par terre en plein milieu du salon, il a montré la petite échographie aux enfants surexcités. Je me souviens de son air appliqué, la langue coincée entre les lèvres, alors qu'il peignait les murs de la future chambre dans des couleurs douces. Dans cette même chambre où quelques semaines plus tard, tous les deux installés dans le confortable fauteuil, nous sommes enfin tombés d'accord sur un prénom qui nous corresponde autant à l'un qu'à l'autre. Antoine a su être là à chaque étape, lorsque j'ai douté de moi, quand j'ai eu peur de l'accueil de Mia, Amaro et Alba, quand j'ai paniqué en pensant que j'allais être une mère horrible. Il a toujours été là, avec ses yeux bleus remplis d'amour et de gratitude, sa joie de vivre et son aura rassurante.

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