Chapitre 7

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Benjamin
J'ai merdé, je le sais. J'y pense en boucle depuis hier soir. Et encore plus depuis ce matin. Parce que la porte de sa chambre est toujours fermée alors qu'il est 9h passé et qu'elle est normalement toujours levée avant moi.

Sauf que ce matin, rien n'est comme d'habitude : elle ne m'accueille pas dans la cuisine avec un sourire dont elle a le secret avant de me planter un baiser sur la joue. Elle ne fredonne pas de chanson nulle tout en se servant un verre de jus de fruit. Elle ne s'accoude pas au plan de travail avant de demander si j'ai passé une bonne nuit. Elle ne fait pas tout ça parce que j'ai pas eu les couilles de régler la situation directement hier soir. Parce que c'était plus facile de la laisser fuir plutôt que d'affronter son rejet. Ça explique pourquoi je suis seul, assis dans la cuisine silencieuse. Alors que je pourrais soit être encore couché avec elle, soit au moins au clair.

En plus de ça, je la connais, je sais que plus je laisse traîner la situation, moins ça va être évident à régler. Parce qu'elle va se renfermer sur elle-même. Douée pour régler les problèmes des autres, un peu moins pour les siens.

Mais je peux pas vraiment venir vers elle comme si rien n'était alors qu'hier, je me suis enfin lancé. Sans doutes pas le bon moment, pas le bon timing. Mais putain, qu'est-ce que ça faisait longtemps que j'en avais envie. Alors je sais pas, j'ai juste déconnecté mon cerveau et j'y suis allé. Sauf que j'avais pas à faire ça.

Je passe une main rageuse dans mes cheveux, décoiffant mes boucles au passage.

- Qu'est-ce que je suis con sérieux putain !

S'il l'apprend, Antoine va me défoncer, et à juste titre en plus de ça. Parce qu'il faut que je me mette bien dans le crâne que même si la situation est un peu compliquée entre eux en ce moment, c'est sa copine. La fille qu'il allait demander en mariage d'après ce que Lucas m'a dit. Celle avec qui il allait vivre. Elle s'est retrouvée chez moi une semaine sur deux que par hasard et par malheur.

Je pose mon front sur la surface fraiche du plan de travail tout en marmonnant dans ma barbe. Parce que j'ai beau savoir tout ça, ça rend pas les choses plus faciles. J'étais déjà dingue d'elle avant : de sa gentillesse, sa douceur, ses yeux rieurs et son rire communicatif. Mais je le suis encore d'avantage depuis que je suis avec elle du matin au soir. J'aime la voir assise à mes côtés, emmitouflée dans le plaid qui ne sert en général que de déco pendant qu'on regarde un film. J'aime quand elle fait toujours couler mon café en même temps que le sien, sans même demander. J'aime quand elle m'attend dans l'entrée, un grand sourire aux lèvres, les rares fois où elle ne vient pas aux entrainements avec moi. En résumé, j'aime vivre avec elle. Parce que mon quotidien est ainsi rempli de plein de petites choses qui font que je retombe à chaque fois un peu plus amoureux d'elle. C'est tout ça qui a fait que maintenant, je me retrouve au pied du mur.

Je vais pas mentir, ça a été une torture douce presque tous les jours. L'avoir au quotidien avec moi, c'était s'approcher de la réalité rêvée sans pouvoir y être tout à fait. Je rêvais d'un baiser le matin au lieu d'un bisou sur la joue. Je rêvais de nous, marchant main dans la main dans les rues de Munich au lieu d'être juste debout l'un à côté de l'autre. Je rêvais qu'elle pose sa tête sur mon torse pendant les films. Je rêvais de pouvoir l'observer dormir de l'autre côté du lit. Mais c'est Antoine qui a eu et qui aura peut-être de nouveau cette chance.

Alors je n'ai pas le choix. Comme dirait Lu', je dois porter mes couilles et aller m'excuser. C'est pas pour autant que je reste pas un peu bloqué devant sa porte. Parce qu'en vérité, je flippe. Et quand je flippe, il y a que ma mère qui peut normalement m'aider. Ou elle.

Donc je toque. Une fois. Puis deux, parce que rien n'a bougé de l'autre côté du battant. Putain, elle ne veut carrément plus me parler.

- Lou ... ? Je peux rentrer ?

Au sommet du monde ⭐⭐⭐Où les histoires vivent. Découvrez maintenant