Chapitre 12

98 7 2
                                    

Lou

Tout va très bien se passer. Enfin, c'est ce que m'a dit Guy. Et Didier. Et Guillaume. Et Kylian. Et Antoine. Et tous les autres.

Mais ça m'empêche pas d'être stressée. Parce que c'est le grand jour aujourd'hui : je retourne à Clairefontaine.

Le ciel est d'un bleu éclatant à travers la vitre du van, sans nuages pour troubler cette journée particulière. Les paysages défilent, accentuant à chaque kilomètre la boule d'angoisse qui grossit dans mon estomac. Heureusement, la main d'Antoine n'a pas lâché la mienne depuis que nous sommes partis de la maison. Son pouce caresse doucement ma peau, un geste apaisant et rassurant qui me rappelle que je ne suis pas seule.

- Ça va aller, mi bella, murmure-t-il, ses yeux bleus me scrutant avec une tendresse infinie.

J'hoche la tête, essayant de sourire, même si je sais que mes yeux trahissent mon inquiétude. Clairefontaine n'est pas seulement mon futur lieu de travail, c'est aussi un lieu de vie qui va réunir beaucoup, beaucoup de personnes que je ne connais plus vraiment. Un endroit où je suis censée avoir vécu tant de moments importants, mais dont je n'ai aucun souvenir.

En arrivant, la vue des bâtiments et des terrains d'entraînement me frappe de plein fouet. Antoine m'a raconté des histoires, des anecdotes sur nos moments partagés ici, mais pour moi, tout cela reste flou, étranger. Une légère brise fait danser les feuilles des arbres, ajoutant une touche de sérénité à ce décor qui m'est à la fois familier et inconnu.

Le van s'arrête à proximité de la dizaine de photographes qui attendent les joueurs de pied ferme en bas des escaliers. Antoine me lâche la main pour la première fois depuis plusieurs heures.

- On se retrouve à l'intérieur. Ok ?

Son regard est doux lorsque j'acquiesce. Il me glisse un dernier sourire, puis s'avance vers les journalistes, prêt à affronter les objectifs et à monter les marches d'une manière assurée.

Je prends une profonde inspiration, essayant de me calmer. Les photographes tournent leur attention vers Antoine, leurs voix s'élevant en un brouhaha confus de commentaires pour attirer son attention. J'en profite pour grimper les marches deux par deux, pour m'éloigner le plus vite possible et éviter les photos et les questions.

À l'intérieur, l'atmosphère change radicalement. Ici, tout est calme, et pour cause, deux personnes me fixent en silence, un grand sourire aux lèvres.

Didier s'avance vers moi.

- Lou, bienvenue à la maison, dit-il d'une voix douce mais ferme.

Je hoche la tête, appréciant leur soutien. Antoine nous rejoint rapidement après avoir terminé avec les photographes, sa présence à mes côtés me réconfortant immédiatement. Ses doigts se lient à nouveau presque spontanément aux miens.

- Ça va ? me demande-t-il en glissant sa main dans la mienne.

- Oui, ça va, répondis-je en lui souriant.

Je ne peux rater le regard que se lancent les deux hommes après avoir jeté un coup d'œil à nos mains jointes. Un regard perdu en dessous de sourcils froncés.

Mon estomac se serre brutalement, et instinctivement, je retire ma main de celle d'Antoine. C'est un geste furtif, mais je sens immédiatement son regard interloqué sur moi. Je fixe le sol, évitant celui des deux coachs, tandis qu'une chaleur désagréable monte à mes joues.

Rien de ce qui se passe n'est mal, et pourtant, leur regard m'a fait douter, m'a fait remettre en question ce qui, quelques secondes plus tôt, me paraissait naturel.

Au sommet du monde ⭐⭐⭐Où les histoires vivent. Découvrez maintenant