Chapitre 17

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Antoine

Je pensais m'être de nouveau habitué à dormir avec Lou après ces semaines à Madrid. Mais les nuits qu'on passe ici, à Clairefontaine, depuis qu'elle est redevenue ma copine... elles dépassent tout. Elles effacent toutes les nuits solitaires que j'avais traversées depuis l'accident.

Ses bras enroulés autour de mon torse, sa cuisse nonchalamment posée sur mes jambes, son souffle régulier qui caresse doucement ma peau, tout est devenu presque vital. Sa chaleur contre moi me fait oublier toutes ces nuits froides où elle n'était plus là. C'est comme si, chaque nuit, je me retrouvais renvoyé des mois en arrière, avant que tout ne change.

Mon réveil a déjà sonné il y a quinze minutes, et je sais que je devrais sortir du lit, rassembler mes affaires et me préparer pour l'entrainement. Mais là, tout ce que je veux, c'est continuer de profiter de chaque seconde. C'est peut-être totalement con, mais je ne veux pas bouger, pas encore. Je suis comme un gamin qui ne veut pas quitter son lit douillet le dimanche matin.

Je la serre un peu plus contre moi, appréciant le poids réconfortant de son corps contre le mien. Je sais que je joue avec la montre, toute l'équipe doit être en train de prendre le petit-déjeuner. Mais tant pis. Je préfère mille fois profiter d'un peu de temps supplémentaire avec elle plutôt que m'inquiéter pour un muffin et un maté.

Lou bouge légèrement, sans doute à moitié réveillée, et je m'inquiète un instant qu'elle se lève par ma faute, alors qu'elle a encore du temps de sommeil devant elle. Mais non. Elle se blottit encore plus contre moi, la tête nichée dans le creux de mon cou, ses lèvres frôlant ma peau. Mon cœur fait un bond, comme s'il ne s'habituera jamais à cette sensation. À elle.

Je tourne légèrement la tête et je dépose un baiser sur son front. Elle grogne un peu, ce petit bruit adorable qu'elle fait quand elle n'est pas encore tout à fait réveillée. Un sourire étire mes lèvres, et je me demande comment je peux être aussi chanceux. Une deuxième fois.

Je murmure dans ses cheveux, d'une voix un peu plus rauque que d'habitude due à l'heure matinale :

- Tu sais qu'il va falloir que je me lève, hein ?

Lou recommence à bouger doucement quand elle m'entend murmurer. Ses paupières battent légèrement, et je sens son corps se tendre un peu avant de se détendre de nouveau contre moi. Elle n'est pas complètement réveillée, mais suffisamment pour comprendre ce que je viens de dire.

- Non, murmure-t-elle, sa voix encore ensommeillée. Tu restes là.

Elle resserre ses bras autour de moi, comme si elle pouvait m'empêcher de bouger et de quitter le lit. Sa cuisse remonte légèrement sur mes jambes et elle niche sa tête encore plus près de mon cou. Je souris malgré moi, secrètement ravi de sa réaction.

Je jette un coup d'œil au réveil posé sur la table de nuit. Le temps file, mais je sais que je peux rallonger encore de quelques minutes si je ne repasse pas par ma chambre. Ma tenue pour l'entrainement ne va ressembler à rien, mais je sais que j'ai encore un short dans le vestiaire et mon gilet qui traine sur la commode devraient faire l'affaire.

- Tu comptes me séquestrer longtemps ? dis-je doucement, un sourire dans la voix.

Lou marmonne un son incompréhensible en guise de réponse, ses lèvres effleurant à peine mon cou. Elle ne veut pas que je bouge, et pour être honnête, je n'en ai pas envie non plus. Ses jambes sont toujours entrelacées aux miennes, sa peau tiède contre la mienne, et même si une partie de moi sait que je devrais me lever, une autre plus forte refuse catégoriquement de quitter cette sensation de paix absolue. C'est comme si le monde extérieur n'existait pas.

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