Chapitre 16

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Lou

- Est-ce qu'il te parle des chats pendant vos séances ? me demande Kylian en prenant toujours plus de place sur l'un des canapés de mon bureau.

Je lève les yeux au ciel, une fois de plus, la cinquième en dix minutes. Kylian a cet effet : toujours à l'affût pour interrompre le peu de tranquillité que je peux avoir. La matinée avait été longue, enchaînant les rendez-vous sans pause, au point que je n'avais même pas trouvé le temps d'aller aux toilettes. Alors, enfin, j'avais espéré profiter d'un rare moment de répit. Assise confortablement sur le plus grand des canapés, pieds croisés sur la table basse, une tasse de thé chaud à portée de main, et mon ordinateur ouvert sur mes genoux. Mais ma précieuse trêve n'avait duré que 2 minutes et 43 secondes, au mieux.

- Non, Kylian, je soupire, Ousmane ne me parle pas de sa phobie des chats pendant nos séances. Et même si c'était le cas, je n'aurais pas le droit de t'en parler. Confidentialité, tu connais ?

Un sourire espiègle éclaire son visage tandis qu'il ajuste un coussin derrière sa tête, l'air plus que jamais déterminé à s'installer pour un bon moment.

- Trop nul, lâche-t-il nonchalamment, comme si cela résumait toute l'injustice de la situation.

Je repose ma tasse de thé, résignée. C'était officiel : mon moment de calme venait de s'évaporer. Kylian, allongé sur le canapé, avait clairement décidé qu'il resterait ici encore un moment, à squatter mon espace de travail comme si c'était sa propre chambre.

- Kyl', sérieusement, je le regarde du coin de l'œil, tu n'as vraiment rien de mieux à faire ? Genre te préparer pour l'entraînement, par exemple ?

Je jette un coup d'œil à ma montre pour souligner l'évidence, espérant qu'il capte le message. Mais bien sûr, il préfère ignorer le côté subtil de mon sous-entendu.

Il hausse les épaules avec un sourire qui trahit son amusement plus que sa gêne.

- J'ai encore du temps, dit-il en s'étirant paresseusement. Et puis, franchement, ton bureau est carrément plus confortable que le vestiaire pour attendre. Il marque une pause avant d'ajouter d'un ton faussement sérieux : Tu devrais vraiment te prendre un chat, tu sais. Ça te détendrait sûrement.

Je le regarde, mi-amusée, mi-exaspérée.

- Je suis parfaitement détendue, imbécile va. Et je vais très bien sans chat. Je tente de garder un ton professionnel, même si je sens que je perds du terrain. En plus, je suis sûre que tu proposes ça juste pour qu'Ousmane n'ose plus venir.

Il sourit de plus belle, visiblement heureux de sa bêtise, même si je vois à son regard qu'il ne l'avouera jamais.

- Alors là, c'est bien mal me connaître. Son sourire est désormais tellement grand que je ne vois presque plus ses yeux. C'est juste que ... Imagine, un petit chat qui se balade pendant tes séances. Ça donnerait un côté cozy j'pense.

Je ris malgré moi, secouant la tête. Ce gosse... toujours à la recherche d'une excuse pour ajouter un peu de chaos à mon quotidien.

- Si je prends un chat, tu seras le premier à le savoir, je dis en tentant de rester sérieuse. Mais en attendant, tu vas bouger un peu, ou t'as prévu de rester là toute la journée ?

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel une nouvelle fois en voyant Kylian se laisser glisser théâtralement du canapé au sol, émettant un râle grave qui résonne dans toute la pièce. Il exagère à fond, comme s'il venait de mourir sous mes yeux, une véritable performance digne d'un oscar.

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