Chapitre 15

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Lou

Je boude depuis une heure, peut-être plus. Chaque fois qu'Antoine pose les yeux sur moi, je les détourne aussitôt. Je suis furieuse. Enfin, pas vraiment furieuse, mais suffisamment contrariée pour qu'il s'en rende compte.

Je croise les bras, regardant fixement le mur d'en face, sous les regards amusés de William et Marcus. Antoine est à quelques mètres de moi, enfoncé dans le canapé voisin, occupé à scroller sur son téléphone. Mais je le connais assez bien maintenant pour savoir qu'il essaye clairement de s'empêcher de rire face à ma réaction. Et ça m'énerve d'avantage.

- Allez, arrête de bouder et viens jouer à Mario Kart bordel de cul.

Youssouf, avec son sourire contagieux, se place juste devant moi. Ses yeux bruns pétillent d'amusement, et je sens mes lèvres se soulever malgré moi. Il appuie sur mes joues avec ses deux doigts, les faisant bouger dans tous les sens comme pour me forcer à sourire. Je fais de mon mieux pour garder mon air fâché, mais je peux déjà sentir le coin de ma bouche trahir mes véritables intentions. Il est doué pour ça, toujours à faire l'idiot.

Mais je me ressaisis aussitôt. Non. Je me rappelle immédiatement de la raison pour laquelle je boude depuis presque une heure, et je me renferme à nouveau, refusant de laisser Youssouf briser ma résolution.

Parce qu'ils se sont tous passés le mot pour me cacher la même chose. Antoine, Guigui, Mike, Marcus, et même Didier. Tous. Cette fois, ils ont bien réussi à bosser en équipe. Les bâtards.

En soi, ce n'est rien de grave. Je vais survivre, mais putain, qu'est-ce que je suis déçue. Rien que d'y repenser, les larmes me montent aux yeux. J'aurais tant aimé en faire une occasion spéciale. Mais non, ils ont tous menti.

Antoine soupire, appuyant son téléphone contre sa cuisse avant de se lever du canapé. Je l'entends s'approcher, mais je refuse de tourner la tête, déterminée à continuer mon jeu de bouderie.

Il s'affale à côté de moi, son épaule frôlant la mienne. Je peux sentir la chaleur de son corps contre le mien, mais je ne cède toujours pas. Il reste silencieux un moment, avant de finalement briser le silence.

- OK, d'accord, j'avoue, commence-t-il, sa voix douce et un peu lasse. J'aurais peut-être dû te le dire.

Je ne dis rien, mes bras toujours croisés, fixant un point imaginaire devant moi, juste au dessus de la tête de Kylian. Antoine continue, ses mots pesés avec soin.

- Mais écoute... je voulais juste éviter tout le cirque autour de ça. Mon anniversaire, c'est pas important, c'est juste... une date comme une autre, il soupire en passant une main rapide dans ses cheveux courts. J'avais pas envie de te mettre en pleine face un truc dont tu peux pas te souvenir, Lou.

Je reste silencieuse, une moue triste sur le visage. Ça fait carrément mal aux joues d'avoir le visage crispé aussi longtemps.

Ma journée se passait bien, il y a encore une heure du moins. Nous avions gagné le match de la veille, les garçons flânaient dans le château, entre soins et moments détente. Et j'en ai profité pour rejoindre Nathalie, à l'accueil, comme je le fais souvent pendant les moments de creux de la journée. On parlait de tout et de rien, de la météo, des derniers matchs, des anecdotes du centre d'entrainement. C'est le genre de fille, toujours au courant des dernières nouvelles, avec qui il est tellement facile de discuter.

Au moment où je comptais retourner dans mon bureau, elle m'a posé une dernière question. Toute bête, en soi : "Tu as offert quoi à Antoine pour son anniversaire au fait ? Je galère toujours pour les cadeaux des hommes de ma famille".

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