Chapitre 62

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17h50 - 18 décembre 2022 – Stade de Lusail

POINT DE VUE ANTOINE

Mon ventre est totalement noué alors que les derniers accords de la Marseillaise résonnent dans l'air. C'est qu'un match de plus dans ta carrière, un simple match. Ça, c'est que s'évertue à me dire ma raison depuis ce matin. Mais mes jambes, mon ventre et tout le reste de mon corps sait que ce n'est pas qu'un match. C'est une putain de finale de coupe du monde. Peut-être la dernière que je jouerais de ma vie. Sans doutes la dernière, ouais. Je ne peux empêcher mon cœur de se serrer face à cette constatation, face à cette retraite internationale qui se rapproche de jours en jours, comme pour quelques-uns de mes coéquipiers.

Mais je secoue rapidement la tête pour revenir dans le moment présent et lance un sourire contrit à Lou, qui debout depuis le banc, me regarde d'un air inquiet. Et une fois de plus, quand je la regarde, mon esprit s'apaise, mes idées se fixent. Et je sais que même sans cette troisième étoile, j'aurais tout gagné avec cette sélection : des amis précieux, un coach qui ressemble plus à un père, des opportunités exceptionnelles, des expériences enrichissantes et une femme qui me rend dingue. Ouais, je pouvais définitivement pas rêver mieux.

Le coup de sifflet annonce le début du dernier match de cette compétition. Et bordel, je sens qu'on va souffrir. C'est pas pour rien que l'Argentine a déjà été 6 fois en finale dans son histoire. Heureusement, le virus qui avait cloué Adrien et Dayot au lit est passé et toutes nos forces sont réunies pour affronter l'équipe de Léo.

Les minutes défilent et je me concentre sur mes courses, mes appels et mes passes en essayant d'oublier les millions de regards centrés sur nous à travers le monde. A la 21ème minute, mon moral prend un coup, l'équipe adverse écope d'un pénalty suite à une faute attribuée à Ousmane. Mon estomac se tord encore un peu plus lorsque j'observe le tir de Messi partir à gauche alors qu'Hugo plonge à droite.

Il ne faut qu'un quart d'heure de plus pour que Di Maria enfonce le clou d'un magnifique but.

- Putain de putain de putain !

Je crie tout seul sur le terrain alors que le stade explose et que les argentins célèbrent le score. Mon moral dégringole en flèche, mais mon regard s'attarde sur le banc et le public et je sais que je ne peux pas lâcher l'affaire, rien n'est perdu avant le coup de sifflet final.

- ALLEZ LES GARS, ON PEUT LE FAIRE PUTAIN ! ALLEZ ALLEZ ! ON GARDE LA TÊTE HAUTE !

Je frappe dans mes mains pour essayer de remotiver l'équipe qui en a bien besoin, les petits nouveaux ne sont pas encore habitués à ce genre de situation dans les grandes compétitions, c'est à des cadres comme moi d'instaurer cette dynamique.

Le retour aux vestiaires pour la mi-temps est pesant. Nous n'avons toujours pas réussi à inverser le court du match. On est en train de se faire rouler dessus. Seul le bruit des crampons brise le silence de morts. C'est Kyk's le premier à prendre la parole.

- Tout le monde hein ! C'est le rêve d'une vie, on peut pas faire pire. De toute façon on peut pas faire pire que ce qu'on a fait. On retourne sur le terrain, soit on les laisse jouer aux cons soit on y va et on met un peu d'intensité. On rentre dans les duels et on fait autre choses les gars. C'est une finale de coupe du monde. C'est fait ! Ils ont mit deux buts, on est menés de deux buts ! Et on peut revenir hein ! Et les gars, c'est tous les quatre ans un truc comme ça ! crie-t-il.

Steve surenchéri :

- Maintenant les gars c'est fait ! On perd 2-0, c'est fait ! Après c'est ce qu'on veut, soit on retourne le match, on l'a tous fait une fois de retourner le match, et c'est possible ! Mais faut retourner sur le terrain avec un autre état d'esprit les gars ! C'est pas possible de faire ça ! FINALE LES GARS ! MERDE ! ON A TOUT FAIT POUR ÇA !

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