Chapitre 2 - The Long Walk

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— Chimon ? Tu peux venir aujourd'hui... je dois aller acheter des livres.

Ma voix n'est qu'un murmure quand enfin on décroche à l'autre bout de la ligne. J'ai la bouche sèche et la sensation d'avoir mon cœur en train de pulser dans ma gorge. Mes doigts sont crispés sur mon téléphone, il ne me sert que pour appeler Chimon ou ma mère quand j'ai besoin de quelque chose. Sinon, il prend la poussière dans le tiroir de ma table basse. 

— Oh Nanon ! Je ne pourrai pas venir aujourd'hui. Je suis pris avec mes cours.

Il me répond lentement et j'entends du bruit en arrière fond. Je sais qu'il est désolé de ne pas pouvoir venir m'aider et je ne lui en veux même pas. Il est près de moi depuis un an, il me donne tout le temps qu'il peut alors que moi je ne lui apporte rien en échange. Je ferme les yeux, m'humidifie rapidement les lèvres avec ma langue et je prends une profonde inspiration. 

— A... alors demain... tu pourrais demain ?

Je suis nerveux, très nerveux comme chaque fois que je dois envisager de sortir. Sans m'en rendre compte, je joue avec l'ourlet de mon t-shirt, glissant le tissu entre mes doigts. Il ne me reste plus grand chose à lire et j'ai peur de tomber à court de lecture, ce serait catastrophique pour moi. 

— Tu sais que tu ne risques rien... tu pourrais y aller ce n'est pas loin de chez toi.

Il est hésitant, il sait qu'il s'engage dans un sujet délicat. Mon rythme cardiaque accélère brutalement à l'idée de me retrouver seul dans la rue. Au début, c'est Chimon qui allait m'acheter mes livres, puis petit à petit il avait réussi à me convaincre de l'accompagner. Si je devais être honnête, ces sorties avec lui me faisaient du bien, prendre l'air, ne plus être enfermé entre mes quatre murs. Seulement la peur était toujours là, bien trop présente au creux de mon ventre pour que je profite réellement. 

— Nanon ? Tu es encore là ?

Sa voix résonne dans mon oreille et je me rends compte que ça fait un moment que je n'ai rien dit. 

— Je... je ne pourrai pas Chimon... si tu n'es pas là pour me protéger alors...

Rien qu'à cette idée, mon menton se met à trembler alors que je sens déjà les larmes me monter aux yeux.

— Tu n'as pas besoin que je te protège, tu veux que je te cache du regard des autres. 

Sa voix est douce car il sent que je ne suis pas loin de craquer. Il me dit toujours la vérité, même si je ne veux pas l'entendre. Il cherche à me faire aller de l'avant, mais jamais sans me brusquer ou me juger. 

— Tu ne crains rien, je suis sûr que tu peux y arriver, mais si jamais tu n'y arrives pas alors je viendrai demain, d'accord ?

Sa voix est un peu plus ferme, même s'il me laisse le choix. J'avale difficilement ma salive, cet homme réussit presque toujours à me convaincre de faire ce qu'il veut, parfois ça prend du temps, mais souvent, il sait quoi dire pour me pousser à le faire. 

— D'a... d'accord, je vais essayer. 

Je réponds après un moment de silence, mais ma voix est étranglée. Mon corps tremble de haut en bas et je lutte déjà contre l'anxiété pour ne pas m'effondrer.

— Je suis fier de toi, je t'appelle ce soir pour savoir ce qui s'est passé. Je dois te laisser maintenant.

J'entends le sourire dans sa voix quand il me répond. Je n'en mène pas large cependant, je viens de lui dire que j'allais essayer et il sait tout de suite quand je mens. Je murmure un salut avant de raccrocher les mains tremblantes, je tourne la tête pour observer ma porte d'entrée, fermée à clé avec ses nombreux verrous.

When Hope Springs ForthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant