Chapitre 7 - Desperation

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L'euphorie de sa déclaration, de ce baiser même des plus chastes retombe dès le lendemain. C'est douloureux, inquiétant et plus les heures passent, plus je sens les griffes acérées du doute m'étreindre à nouveau avec force.

Il n'est pas venu, je l'ai attendu une partie de la nuit assis au comptoir de la cuisine. J'ai l'impression que le peu de progrès que j'ai fait disparaît complètement dès le lendemain quand pour le deuxième soir consécutif, il ne vient pas.

Le troisième soir, je suis resté assis dans le canapé, je n'arrive de nouveau plus à dormir, mais cette fois ce n'est pas à cause de mon passé. C'est à cause de l'inquiétude et de la douleur que je n'arrive pas à fermer l'œil.

Je m'inquiète pour Ohm, j'ai peur qu'il ait eu un problème et puis je ressens de la douleur quand je pense que finalement j'avais raison. Mon passé est trop lourd à accepter pour lui, il a juste cherché un moyen de fuir et même si ça fait mal, je ne peux pas lui en vouloir.

Qui pourrait réellement vouloir de moi ? Je suis cassé, inutilisable. On ne peut pas m'aimer, pas quand je ne sais pas si je serai capable de rendre les sentiments. Je suis juste condamné à rester seul, car je le sais, Ohm a fui, un jour Chimon rencontrera quelqu'un et s'éloignera et puis même ma mère finira par en avoir marre de moi et de mon comportement.

Je broie du noir, j'ai l'impression d'être à nouveau au fond du gouffre. Je n'aurais pas dû le laisser entrer dans ma vie. Je savais que ça finirait comme ça, que j'allais souffrir et que ce serait terrible quand il ne serait plus près de moi.

Je resserre la couette autour de mes épaules quand je frissonne fortement. Lentement je compose à nouveau son numéro et me mordille la lèvre nerveusement quand sans aucune sonnerie je tombe sur sa messagerie où une voix féminine m'invite à laisser un message.

Toutes les nombreuses autres fois, j'ai raccroché avant le bip d'enregistrement. Là, je reste le téléphone contre l'oreille, la respiration sonore.

— Ohm... je...

Je n'y arrive pas, je ne sais pas quoi dire et surtout un sanglot parfaitement audible bloque ma gorge, alors je raccroche. Je me sens tellement minable, peut-être que si je lui avais dis ce soir là qu'il me plaisait, peut-être que si j'avais compris plus tôt ce que je ressentais alors, il serait là avec moi.

Le bruit des serrures que l'on déverrouille me fait sursauter et je me serre dans un coin du canapé. Je sais que ce n'est pas Chimon, il passe un examen aujourd'hui. C'est donc ma mère, j'ai évité tous ses appels et je n'ai répondu à aucun message.

— Nanon ?

Sa voix inquiète s'élève dans l'appartement. Je ne réponds pas, mais il ne faut pas longtemps avant qu'elle n'arrive dans le salon. Le soulagement qui passe dans ses yeux est de courte durée quand elle me voit.

— Je m'inquiétais pour toi mon cœur. Tu semblais aller si bien ces derniers temps...

Elle me parle avec douceur, s'asseyant à l'autre bout du canapé. La voir ainsi avec un mélange d'inquiétude et de déception me fait complètement craquer, j'éclate en sanglots avant de me décaler vers elle et en quelques secondes je suis dans ses bras. La tête contre sa poitrine frêle, son odeur maternelle emplit mes narines et ses mains caressent lentement mes cheveux et le haut de mon dos.

— Je suis désolé maman... je suis tellement désolé.

Je m'excuse de ne plus être comme avant, de ne pas réussir à m'en sortir et de lui causer autant de soucis. Je m'excuse de ne pas réussir à lui expliquer pourquoi je suis devenu comme ça et plus encore je m'excuse car jamais je ne pourrai lui offrir de belle-fille ou de petits enfants.

When Hope Springs ForthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant