Ohm s'est montré très patient avec moi. On est restés un long moment sous la douche, juste serrés l'un contre l'autre. Focalisé sur sa main montant et descendant le long de mon dos, je pourrais presque m'endormir.
— Je suis désolé.
Ma voix est faible et je pense qu'il va falloir que je me répète pour qu'il m'entende.
— Pourquoi tu t'excuses ?
Sa voix est douce, mais il est surpris par mes mots.
— Je ne voulais pas que tu assistes à ça... j'ai tellement honte d'être si faible.
Pourquoi je ne peux pas affronter les choses sans m'effondrer. Il soupire avant de prendre mon visage entre ses mains, l'eau coule sur nos deux visages, mais ça ne me gêne pas. Je suis tout de suite happé par son regard sombre. Il y a juste de l'inquiétude. Il ne me juge pas, il n'a pas pitié de moi.
— Je n'ai jamais pensé que tu étais faible. Je me demande juste ce qui a pu te blesser à ce point pour que tu vives dans la peur. Je veux juste...
Il retire une mèche de cheveux qui s'est collée à mon front. Mon cœur s'emballe alors que chaque mot qu'il prononce avec une infinie tendresse est un baume pour chaque cicatrice qui entoure tout mon être. Je suis pendu à ses lèvres, je veux connaître le fond de sa pensée.
— Te voir sourire et être celui qui te fait sourire.
Il termine sa phrase dans un murmure qui me donne l'impression de l'avoir rêvé. Je prends une profonde inspiration, je passe ma langue sur mes lèvres pour me donner une certaine contenance et surtout rassembler du courage.
— Je veux te raconter.
J'ai l'impression d'être dans un grand huit quand j'ose lui dire et une impression de vertige me saisit. Heureusement Ohm me tient bien contre lui et je ne tombe pas. Il ne répond pas et se contente de couper l'eau.
Il nous faut un certain temps pour nous sécher et nous changer. Il m'a accompagné jusqu'à ma chambre, on est enroulés dans des serviettes, dégoulinant d'eau, mais il a attendu frissonnant de froid hors de la chambre sans poser de question le temps que je me change. Ensuite, je lui ai cherché les plus grands vêtements que j'avais, puis je me suis sauvé dans le salon pour qu'il puisse à son tour enfiler des vêtements secs.
Je suis assis nerveusement sur le canapé, je lui ai dit que j'allais tout lui raconter, mais est ce que je vais en être réellement capable ? Je me mordille l'ongle du pouce. Je pourrais peut-être lui dire que je ne peux pas, il ne me forcera pas, pas vrai ?
Je tressaille quand la porte de ma chambre s'ouvre et qu'il en sort. Ma respiration se coupe et... Il est magnifique, un instant j'oublie tout, ma peur et mon passé.
Je rougis quand il approche et que chaque ligne de ses muscles se font plus claires sous le t-shirt qui n'est définitivement pas assez grand pour lui. Il ne fait aucun commentaire alors que je lorgne le moins discrètement possible son corps. À la place un fin sourire apparaît alors qu'il vient s'asseoir à son tour sur le canapé.
Seulement il ne vient pas prêt de moi, il s'installe presque à l'autre bout et la distance me gêne bien plus que sa proximité.
— Tu ne dois pas te sentir obligé de me raconter. Si tu ne te sens pas prêt, ne te force pas.
Je pourrais sauter sur l'occasion, il m'offre une porte de sortie sans que j'aie besoin de mentir. Sauf que voilà, maintenant qu'il est revenu prêt de moi, je me sens capable de lui brosser les grandes lignes de mon passé.
— Je veux le faire, mais... est-ce que tu peux... enfin je veux dire, tu pourrais... je...
Je me sens stupide de ne pas réussir à formuler une phrase aussi simple.
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When Hope Springs Forth
General FictionUn an après une fête qui a mal tourné, Nanon vit reclus et en sécurité dans l'ombre de son appartement. Il fuit l'inconnu et tout ce qui pourrait lui faire du mal en se plongeant dans des livres. Les seuls qui l'approchent sont Chimon son sauveur et...