Chapitre 11 - The Things They Left Behind

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Assis à l'ombre d'un arbre du verger, la tête appuyée contre le tronc, je garde les yeux fermés en savourant la quiétude de l'endroit. J'ai un léger mal de tête et même si je me sens un peu honteux d'avoir agi ainsi envers Ohm, je me sens aussi parfaitement bien.

Hier soir, il n'a pas profité de la situation et de mon état de faiblesse pour tenter quoi que ce soit. Il m'a même protégé de moi-même en m'empêchant de faire quelque chose que j'aurais regretté ce matin.

Je soupire en ouvrant les yeux, ébloui par le soleil, il me faut une poignée de secondes pour que ma vue s'habitue. J'aime cet endroit, tout me paraît tellement plus simple, j'ai l'impression que mon moi d'avant est là tout près et qu'il me suffirait de tendre la main pour l'attraper.

Retrouver ma confiance en moi, me délester de mes peurs et surtout ne plus être gouverné par cette nuit-là. Y penser me fait légèrement frissonner, mais pas paniquer et petit à petit je laisse le souvenir glisser en moi.

C'est la première fois que je cherche sciemment à revivre l'événement. À accepter de ressentir l'horreur que j'ai vécue, à accepter que je ne pouvais rien faire pour l'éviter et surtout à accepter que ce n'était pas de ma faute.

Les larmes coulent lentement sur mes joues, mes mains me semblent engourdies et quand je me souviens du goût extrêmement sucré de la boisson droguée, j'ai une remontée de bile acide dans la gorge. Je m'en veux toujours autant de ne pas avoir senti que quelque chose n'allait pas, si...

— Nong ?

Je sursaute quand la voix douce de Phi Dream s'élève pas très loin, je me redresse en essuyant rapidement mes larmes et tourne la tête vers elle. Elle m'observe, le visage sérieux, avant de s'agenouiller juste à côté de moi, elle a sur le visage une expression étrange et pourtant familière.

Elle ne dit pas un mot, on s'observe, se regardant dans les yeux et c'est comme si on se comprenait. Elle pose sa main sur mon épaule et m'attire contre elle. Je me fige un instant surpris avant de me détendre, elle me frotte doucement le bras pour m'apaiser. On reste un long moment comme ça silencieux et petit à petit mes larmes se tarissent et je me sens suffisamment mieux pour me redresser un peu penaud.

— Merci Phi.

Je murmure avant de prendre une profonde inspiration et elle me frotte doucement la tête. Je réussis à lui faire un petit sourire et je ne sais pas pourquoi, mais même si elle ne me parle pas, j'ai l'impression qu'elle me comprend.

— Ohm en a pour un moment. Tu veux qu'on aille se promener en ville ?

Il y a eu un souci au village avec une vente et comme Ohm était là, il est allé donner un coup de main pour régler le problème. Il avait hésité avant de me laisser et j'ai presque dû le mettre dehors en lui disant que je n'étais pas seul.

— Tu veux retourner au village ?

C'est vrai qu'hier on n'a pas pu faire la promenade qui était prévue et puis je suis curieux de voir comment est Ohm quand il est dans le cadre du travail. Elle secoue vivement la tête balayant ma question et je fronce les sourcils.

— Non, allons à Phawong, c'est à environ quarante-cinq minutes... j'ai envie d'une glace.

J'ai un petit sourire en coin, l'idée de me retrouver dans une ville inconnue m'inquiète un peu, mais je ne veux pas gâcher une autre journée.

— Ohm va se demander où on est.

— Envoie lui un message, je suis sûr qu'il sera content. Ce n'est pas drôle de rester enfermé tout le temps.

Je baisse les yeux gêné, non vivre enfermé n'est pas drôle, mais cela nous maintient en sécurité.

— Allez, je vais chercher mon sac. Envoie-lui un message et rejoins-moi à la voiture.

When Hope Springs ForthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant