22 - Rage

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La nuit a été difficile, même les bras d'Ohm n'ont pas suffit à éloigner les cauchemars. Mon cerveau à tout mélangé, présent, passé, réalité, peur, j'ai revécu mon viol, mais aussi les supplucations de Bay, le dégout de mes proches et invariablement, je me retrouvais seul.

Je finis par me réveiller en sursaut en début de matinée, le corps recouvert d'une couche de transpiration qui me fait frissonner et la première chose que je remarque me remplit d'angoisse, car à côté de moi, il n'y a personne.

Je m'assois droit dans le lit, le souffle court et observant tout autour de moi. Ohm n'est pas dans la chambre. Je me mordille la lèvre inférieure, essayant de ne pas laisser la petite voix se frayer un chemin jusqu'à mon cerveau. N'empêche, je devais bien dormir car je ne l'ai même pas senti bouger pour quitter le lit.

N'en pouvant plus et perdant la bataille mentale qui s'est engagée dans ma tête, je me lève sans attendre et le cœur battant à tout rompre, j'ouvre la porte à la volée. Malgré moi, je finis par me répéter que finalement, je l'ai dégouté, qu'il s'est faufilé hors de l'appartement, hors de ma vie et que plus jamais je ne le reverrais.

Alors quand j'entends l'eau couler dans la cuisine, le soulagement de le savoir encore présent, détends les muscles que je n'avais même pas conscience d'avoir contracté et je me mets à trembler de partout. Je traverse rapidement l'appartement pour le rejoindre.

Il est bien là, perdu dans ses pensées en train de faire la vaisselle, même s'il me tourne le dos, j'arrive à sentir combien il est mal lui aussi. Malgré le bruit que je fais en m'approchant, il ne réagit même pas et je le sens même tressaillir légèrement quand je me colle contre son dos. Je pousse un long soupir de soulagement alors que je pose ma tête entre ses omoplates et entoure sa taille avec mes bras. Je ferme les yeux et inspire profondément, laissant les dernières bribes de cauchemars disparaître grâce à sa chaleur et son odeur.

— Tu es déjà réveillé ?

Sa voix est rauque et je me doute qu'il n'a pas dû mieux dormir que moi. Sa main se pose sur mes bras et les caresse doucement. Je me sens soudain coupable, de lui imposer tout ça depuis le début de notre histoire, alors je le serre un peu plus fort contre moi avant de hocher la tête pour lui répondre.

— Tu te sens un peu mieux ?

Je prends quelques secondes pour réfléchir avant de répondre. Au moins, je peux assurer que je ne me sens pas pire qu'hier. Je soupire à nouveau avant de hausser les épaules.

— Je ne sais pas vraiment.

C'est à son tour de soupirer et je n'aime pas le fait qu'il me tourne le dos, qu'il ne cherche pas à se retourner pour me serrer dans ses bras. Il s'appuie contre l'évier et je n'ose plus bouger, je respire à peine.

— J'ai beaucoup réfléchi cette nuit.

Mon cœur rate plusieurs battements, il n'est pas parti dans mon sommeil, non, cela ne ressemble pas à Ohm, mais... maintenant, il va me quitter. Je me serre un peu plus contre lui, comme si ce geste pouvait retarder l'inévitable et je me mord l'intérieur de la bouche pour ne pas pleurer.

— Je ne supporte pas l'idée qu'il puisse aller et venir à sa guise sans se soucier de rien, après ce qu'il t'a fait.

— Quoi ?!

Il y a de la colère dans sa voix, mais elle ne m'est pas destinée, cependant, j'ai peur de comprendre ce qu'il essaie de dire. Je relâche mon étreinte et me recule d'un pas en le fixant alors que lentement, il se retourne vers moi. Ses yeux cherchent les miens et la fatigue est présente sur son visage, son regard est sombre, ses traits tirés et je me demande s'il a dormi cette nuit.

When Hope Springs ForthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant