LUNDI, 12 : 00, fac
Le weekend est passé hâtivement. Même pas j'ai eu le temps de respirer, que déjà, les cours à l'université ont repris leur train habituel. Mon sac militaire empoigné, je traîne dans les escaliers, en direction des grilles blanches.
D'épais nuages ont caché le ciel bleu. Mes yeux explorent les trottoirs envahis par les étudiants, puis s'arrêtent sur deux visages familiers.
J'sais pas pourquoi quand j'vois Adel et Kaï à près d'un mètre de moi, ma poitrine se serre. Ils sont là, à fumer leur cigarette. J'ai peut-être envie d'me joindre à eux, pour passer la pause en leur compagnie. Enfin, j'ai la flemme d'me caler dans un coin du campus et mater une série.
Oops, ils m'ont vu. Ils m'ont vu les mater, oklm. Gênance, bonjour.
— Étienne ! la fille aux cheveux noirs-nuit m'appelle, sa main secouée dans le vent.
— Hey, je dis, après avoir aboli la distance qui nous séparait.
— Salut mec, bien ? me lance le garçon, en crachant un énorme nuage de fumée.
— Bien et toi ? on se check. Puis avec Adel on se tape la bise, ce qui me fait sourire. On se connaît pas des masses, mais tranquille, elle est mignonne.
— Au calme frère. Vas-y tu fais quoi là ?
— Bah, en vrai... rien, j'avoue, indifférent.
— Cool, on va s'poser quelque part, tu viens ? m'invite celle aux yeux bleus clairs et je recule, pour m'adosser au mur en béton.
— Ouais, pourquoi pas... genre, où ?
— T'inquiète.
Elle lance un regard complice à son pote, comme si eux deux partageaient un truc que moi, j'pouvais pas deviner. Non mais vraiment, où ? Les seuls endroits où je m'aventure, c'est le réfectoire du campus et la cour arrière. Je balance mon sac sur mes épaules, en tirant sur les bandoulières pour les resserrer.
— Go, nous annonce Kaï, en jetant sa clope à même le sol.
— Yes !
Ne sachant pas encore la destination, j'adhère bêtement et commence à suivre les pas lents de la fille. Kaï, c'est le chef, il est devant. Le trottoir est étroit, alors il nous est impossible de marcher côte à côte. Tant pis. On avance donc à la file indienne, telle une brigade.
Les deux semblent connaître toutes les rues et avenues par cœur. C'est ouf. Puis t'as moi le mec paumé derrière, qui se lance dans l'inconnu, orienté dans des directions confuses.
Bam. J'me prends une branche d'arbre en plein gueule, mais au calme. Adelaïde se marre sur une vanne sortie par son ami, vanne que j'comprends pas. En passant près d'une supérette, mon ventre se met à crier famine. Par contre, pas besoin d'acheter un goûter. Mon sandwich est dans mon sac, attendant depuis c'matin d'être bouffé.
— C'est là ! s'exclame Adel, en se faufilant sous un vieux chêne.
Fronçant les sourcils, j'me demande vraiment si c'est ça l'endroit. Ah. Je me retrouve face à des escaliers en pierre, du coup, je descends en faisant attention de pas tomber. Le bonnet noir de la fille devant moi se coince dans une branche, la faisant grogner.
— Attends, bouge pas, je lui dis, en l'aidant à se détacher sans déchirer son accessoire.
— Ah merci Étienne !
— De rien.
Devant moi, une large surface s'étend sur quelques mètres. Des lignes jaunes sont tracées sur le bitume et je devine facilement que c'est un parking. Mais zéro bagnole à l'horizon. En vrai, y a rien ; juste nous trois. Un sourire s'affiche sur mes lèvres. Kaï gueule alors un son en anglais, d'un accent eh bien, comment le dire sans être méchant. Un accent gênant quoi.
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ÉTIENNE, & kaï
RomanceSalut, je m'appelle Étienne. Je viens de faire mon entrée à la fac et faut dire que ce nouveau monde me fout la trouille. Je ne connais personne et les cours sont difficiles. Je n'ai pas de potes et le lycée me manque de ouf. Je voulais tout abando...