Un son rap, à faible volume, se propage dans ma chambre. L'alcool coule dans ma gorge et remplit mon sang, me provoquant un léger vertige et une sensation apparentée à l'euphorie. Ah, putain... ça fait longtemps que je n'ai pas autant bu. Genre, inconsciemment et sans mettre de limites. La dernière fois, c'était avec Simon et d'autres gars, quand on fêtait notre réussite au bac. Ouais, ça date quoi. C'était le feu ce jour-là. Maintenant aussi c'est le feu, mais c'est seulement dans ma tête.
— On fume ? me propose Kaï, en me montrant le sachet de beuh qu'il avait dans son sac.
J'écarquille les yeux. Ah putain, mais il transportait ce truc avec lui toute la journée ? Qu'il est con, j'en peux plus. Si mes parents voyaient ce sachet, ils vont mais péter un câble en fait. Ils aiment pas du tout ce genre de comportement et refuseraient catégoriquement l'idée que je fume autre chose qu'une simple cigarette. Mais bon, ils n'en seront rien après tout. Du moins, je l'espère. J'ai pas envie de me retrouver dans la D à cause de Kaï.
— Putain, ma mère va nous foutre un procès au cul... mec... je réponds, ma voix altérée par des rires qui sonnent dans mes oreilles comme des bourdonnements profonds.
— T'inquiète, on rangera tout après. Elle va s'douter de rien. Allez.
Je lui fais confiance. De toute façon, la porte est fermée à clé et demain, on va se réveiller tôt pour ranger ce bordel. Je hoche la tête, en me posant au sol, les jambes croisées. Kaï s'installe sur le lit, et le dos penché légèrement en avant, il crame le pétard avec son briquet. Ah putain l'odeur que dégage ce truc. Je papillonne des yeux, puis un rire nasal coule de ma bouche sans que je le veuille, lorsque je croise son regard. Ce mec m'éclate, même en foutant rien. C'est juste que nos moments à deux sont toujours chelous et random.
— Bah vas-y mec, à toi l'honneur.
Il me tend la drogue, et hésitant, je tire dessus, manquant de m'étouffer avec la fumée dès la première bouffée. Putain, c'est fort. Par contre, je vais pas tousser devant lui, il va m'prendre pour un con celui-là. Mes yeux s'humidient alors que j'étouffais ma toux, une main devant ma bouche qui recrachait la fumée épaisse.
Quant à Kaï, il profitait simplement de la sensation de flotter à cette heure avancée d'la nuit. J'crois que c'est un type qui aime ça. Ouais, je l'ai remarqué plusieurs fois. C'est un type qui aime réduire les heures où il doit affronter la réalité, résoudre ses merdes et penser aux choses sérieuses. Ouais, c'est exactement ce qu'il est.
— J'peux essayer un truc ? il me demande, avant de s'approcher de moi, une idée derrière la tête.
— Ça dépend du truc mec... je ris, en levant le menton vers le haut pour parvenir à ancrer mon regard dans le sien.
— Ah vas-y aussi. J'vais pas te tuer non plus.
Bah j'espère, parce que – oh. Mon cœur rate littéralement une palpitation lorsque sa main se retrouve plantée sur mon menton. Juste ici. En bas. Et mon cœur rate un battement, parce que... ouais. Wo, attends. Qu'est-ce qu'il fout ? Bizarrement, il le caresse quelques secondes pour le relever un peu plus vers lui. Merde. Une sorte de courant électrique traverse mes bras, jusqu'au bout de mes doigts. Putain. C'est une sensation archi cheloue hein. 'Fin ça fait grave, mais grave longtemps que j'ai pas ressenti ça. Un courant électrique dans le corps.
Bref. Je refoule cette pensée inadéquate.
On se calme, hein. Ce n'est que Kaï. Ouais c'est que Kaï après tout. Un ami d'la fac. Je suis déchiré, bordel. C'est pour ça que mes pensées sont cheloues.
— Ouvre ta bouche, il m'ordonne.
— Arrête t'es chelou.
Je pouffe de rire, – nerveusement ? – mais pas lui. Il a l'air sérieux lui. Je comprends pas ce qu'il peut bien me vouloir. Mes fesses me font mal, j'en ai marre de rester assis sur ce sol inconfortable. Contre les attentes de Kaï, je me redresse tout seul, dans le but de venir me poser sur le lit, à côté de lui. Mon t-shirt froissé, on voit une partie de mon ventre, partie que je cache, relevant mon jogging. Kaï presse ses lèvres les unes contre les autres. Ses yeux brillent, allumés par un éclair rapide et éphémère.
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ÉTIENNE, & kaï
RomanceSalut, je m'appelle Étienne. Je viens de faire mon entrée à la fac et faut dire que ce nouveau monde me fout la trouille. Je ne connais personne et les cours sont difficiles. Je n'ai pas de potes et le lycée me manque de ouf. Je voulais tout abando...