ÉPISODE 8

492 65 31
                                    

MERCREDI, 11 : 00, campus

Depuis la nuit dernière, il n'a pas cessé de pleuvoir sur la ville.

En arrivant au campus, j'ai croisé Adel devant le distributeur automatique de bouffes. Elle prenait du café. Du coup, on s'est calés sur un banc. Ma tête relevée au ciel, j'essaye de pas m'assoupir comme un vieillard.

― C'est Georges Miller qui a gagné, dit soudain Adel, un doigt pressé contre l'écran de son portable.

― Oh, c'est pas Mélissa ?

― Nope... bon, tant pis.

C'est donc le groupe de Georges Miller qui a gagné, cette année. Ce Georges est donc le nouveau président du bureau des étudiants. En vrai j'le connais pas et je l'ai même jamais vu. On raconte juste qu'il est archi populaire et fils de riches.

― T'as vu ça ? me lance la fille, en postant son téléphone devant mes yeux.

Une affiche se présente à moi. Je lis machinalement les mots écrits dessus.

WEEK-END D'INTÉGRATION
19 - 20 septembre
135€ par membre

UN ÉVÉNEMENT À NE PAS RATER DANS LE MEILLEUR CAMPING À REIMS

― C'est quoi ? je demande, sourcils froncés.

Adel buvait dans son gobelet de café. Sur ses ongles courts est étalée une couche de vernis noir, luisant à la lumière.

― C'est genre un weekend camping, genre pour que les étudiants en première année puissent faire connaissance et tout... c'est ça l'idée... tu viens ?

Faut déjà que j'demande à mes darons, puis le chiffre 135€ wesh. Ça coûte la peau du cul ce truc. Bon après c'est pas beaucoup pour un camping, mais en fait, si. Bref. Je ne sais pas.

― J'dois demander à mes parents. Toi tu viens ?

― Bah pareil, faut déjà que mon daron soit d'accord ! Il aime pas quand je découche !

Mes doigts viennent dessiner mes sourcils, en réfléchissant. En vrai, j'aimerais y aller mais en même temps, flemme.

― Si vous partez, moi j'pars. Sinon c'est mort, j'avoue à Adel qui hoche la tête.

― En vrai, Kaï il va sûrement y aller. Moi ça dépend. Mais j'aurais l'seum si vous partez vous, et pas moi ! pouffe-t-elle de rire, mais c'est clair qu'elle a la haine genre. J'avoue c'est chiant quand tes potes s'éclatent sans toi, moi j'peux pas.

― T'inquiète si t'y vas pas, moi non plus... je lui dis.

― Hé ! Trop chou toi ! s'écrie-t-elle, en me prenant furtivement dans ses bras.

― Hahaha non mais sérieux, j'te garantis même pas que mes parents seront ok avec ça.

― On a les mêmes parents frère. Ils font chier.

Je soupire, en relevant le visage vers le haut. J'regarde le trajet des nuages dans le ciel gris. C'est pile à ce moment-là que mes yeux sont déconcentrés. J'entends des bruits de pas qui se rapprochent. Kaï est là.

― Salut les moches, bien ? il nous salue d'une voix rauque et fatiguée.

Je souris, en le checkant, puis il s'installe à ma droite. Je me retrouve donc au milieu.

― T'as vu l'affiche sur le week-end d'intégration ? se précipite de lui demander Adel, sans bonjour ni bonsoir.

― Meuf, ouais. Mais j'irais pas sans vous hein. Franchement. J'ai pas envie d'me faire iech tout seul dans un camping, déclare-t-il.

ÉTIENNE, & kaïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant